Petit cailleteau n’aime pas le stress

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N° 286 - Publié le 2 juin 2014
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Des éthologues rennaises ont étudié l’influence du stress maternel sur le petit... de la caille !

Éviter le stress lorsqu’on est enceinte, la “précaution” est entrée dans les mœurs, comme ne pas boire d’alcool ou ne pas fumer. Car des études ont montré que le stress de la maman avait une influence sur le développement du nouveau-né. Mais qu’en est-il chez... les cailles ? C’est l’objet des travaux que Cécilia Houdelier, éthologue à l’Université de Rennes1, et Floriane Guibert, en thèse dans le même laboratoire, ont publiés en novembre dernier(1). « La particularité ici, souligne Cécilia Houdelier, c’est que le développement embryonnaire ne se fait pas dans la maman, mais à l’extérieur, dans l’œuf. » Dès lors, le stress peut-il se transmettre ?

« Pour l’expérience, nous avons joué sur l’environnement des cailles pondeuses, explique Floriane Guibert. Nous les avons mises par petits groupes de cinq individus. Et dans certains groupes, nous avons remplacé deux cailles tous les trois jours. » Être confronté à de nouveaux congénères induit en effet un stress chez de nombreuses espèces animales. Les scientifiques ont ensuite prélevé des œufs et mesuré le taux de trois hormones dans le jaune. « Nous avons constaté que ceux provenant des groupes instables contenaient plus de testostérone que les autres. » Et la différence ne s’éteint pas dans l’œuf. En observant les petits nés des œufs restants, il est apparu que les cailleteaux de mères stressées grossissaient moins vite les premières semaines et qu’ils étaient plus émotifs. « Pour le voir, il existe différents tests. Par exemple, nous plaçons l’oiseau sur le dos. Cela déclenche un reflexe antiprédateur : le cailleteau s’immobilise pour “faire le mort”. Plus il reste longtemps sur le dos, plus il est émotif. »

Cette étude sur le long terme, depuis la mère jusqu’au petit, est la première du genre. Elle montre notamment que l’oiseau nidifuge, malgré une période de maternage très courte, d’une dizaine de jours, peut être un modèle intéressant pour les questions sur le stress maternel. Elle s’avère être aussi une source de réflexion sur les conditions d’élevage.

D’ailleurs, les éthologues ont présenté leurs résultats à des professionnels lors d’un séminaire à l’Inra. « Une seconde étude va être publiée prochainement, qui montre que d’autres sources de stress : bruit, agitation autour de la cage, plus proches de celles rencontrées en élevage, amènent les mêmes conséquences. » Mammifères ou oiseaux, les futures mères doivent toutes rester zen...

Cécilia Houdelier
02 23 23 68 55
cecilia.houdelier [at] univ-rennes1.fr (cecilia[dot]houdelier[at]univ-rennes1[dot]fr)

Floriane Guibert
floriane.guibert [at] univ-rennes1.fr (floriane[dot]guibert[at]univ-rennes1[dot]fr)

(1) Social instability in laying quail : consequences on yolk steroids ans offspring’s phenotype. F. Guibert, M.-A. Richard-Yris, S. Lumineau, K. Kotrschal, D. Guéméné, B. Bertin, E. Möstl, C. Houdelier. PLos ONE, November 22, 2010.

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