Pour éloigner les cétacés des filets, chercheurs et pêcheurs testent des alarmes sonores au large du finistère.
Des pêcheurs qui veulent limiter leurs prises ? La scène se passe à Brest et associe les chercheurs de l’Ifremer et du Laboratoire d’étude des mammifères marins (Lemm) d’Océanopolis. L’objectif : tester l’utilisation de répulsifs acoustiques pour gêner les mammifères marins et les inciter à s’éloigner des filets ancrés au fond de l’eau. Si certains appareils ont prouvé leur efficacité sur les marsouins en mer du Nord, les résultats sont moins concluants dans d’autres zones de pêche et pour d’autres espèces. En mer d’Iroise, les espèces les plus courantes sont le dauphin commun et le marsouin.
« On ne sait pas encore quels sont les répulsifs les plus efficaces sur quelles espèces, explique Sami Hassani, responsable du Lemm. Les résultats peuvent varier en fonction des fréquences émises et du niveau sonore.
Il peut y avoir aussi un phénomène d’accoutumance des cétacés à ces sons. » D’autres questions se posent quant à l’utilisation massive de ces répulsifs : les zones de pêche peuvent-elles devenir trop “bruyantes” ? Si les mammifères marins ne peuvent plus accéder à leurs ressources alimentaires, cela peut poser problème. « On connaît bien les populations côtières, mais moins celles qui sont plus au large, dans la zone de pêche », poursuit le chercheur.
L’étude va donc commencer début 2008 par des survols aériens des zones de pêches, pour connaître les espèces présentes, et localiser les populations.
Anchois et maquereaux sous le sonar
Sous l’eau, le son est aussi un moyen de voir ! Depuis de nombreuses années déjà, pêcheurs et scientifiques utilisent des sonars pour repérer les poissons, estimer leur nombre, mais aussi identifier les espèces. « Le signal réfléchi par un anchois n’a pas la même amplitude, ni la même forme que celui renvoyé par un maquereau ou un merlan », explique Ronan Fablet, chercheur à l’Ifremer de Brest. Aujourd’hui, la lecture des graphiques est faite par les scientifiques ou les pêcheurs, ce qui demande un certain niveau d’expertise. Depuis février 2007, les chercheurs de l’Ifremer tentent de les automatiser. C’est l’objet du projet Itis, mené par le pôle Mer Bretagne, qui durera jusqu’en 2010. « Ce système simplifié sera très pratique, notamment pour étudier les écosystèmes à grande échelle, car le sonar est un moyen d’observer le milieu marin sans rien y prélever ! »
Tél. 02 98 22 43 88
ronan.fablet@ifremer.fr
Sami Hassani
Tél. 02 98 34 40 52
sami.hassani [at] oceanopolis.com (sami[dot]hassani[at]oceanopolis[dot]com)
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