Comme dans l’art, l’irrationalité doit avoir sa part dans la construction du raisonnement scientifique.

Portrait

N° 267 - Publié le 18 août 2014
© Nathalie Blanc
L'épreuve par 7
Karin Tarte

Immunologiste à la faculté de médecine de Rennes

Qu’auriez-vous fait si vous n’aviez pas été chercheur ?

Écrivain, mais un vrai, un célèbre ! Je suis fan de littérature depuis que je suis toute petite. J’adore les romans dans lesquels l’imaginaire est sollicité, avec des changements de repères. Mais j’aime aussi le travail autour des mots.

Aujourd’hui, qu’avez-vous trouvé ?

Une place au théâtre de la Paillette. Je vais voir une personne de mon équipe qui joue dans une troupe amateur depuis six ans. Et ce soir, c’est le Dindon de Georges Feydeau !

Le hasard vous a-t-il déjà aidé ?

Oui. Je pense que toute notre vie est guidée par le hasard des rencontres. Pour ma part, je pense à ma rencontre avec Bernard Klein, aujourd’hui responsable d’une grosse équipe de recherche à l’université de Montpellier. J’étais étudiante en pharmacie quand je suis allée assister à une réunion qu’il animait. Quand je l’ai entendu parler de son travail de chercheur, ça a été le flash. Je me suis dit : c’est ça que je veux faire !

Qu’avez-vous perdu ?

Il y a trois ans, j’ai tout à coup oublié mon code de carte bleue. L’ennui, c’est que je partais le lendemain en colloque à New York... J’ai donc passé mon séjour à traquer des scientifiques français pour leur emprunter de l’argent. Mes collègues en rigolent encore. Car au laboratoire, je suis réputée pour avoir une excellente mémoire des noms et des sujets de recherche qui paraissent dans la multitude de publications que je lis.

Que faudrait-il mieux ne pas trouver ?

J’espère que l’on n’arrivera jamais à créer le double de quelqu’un, autrement dit à cloner un être humain dans sa totalité. Ce serait alors la fin de l’humanité au sens de l’unicité de l’être humain.

Quelle est la découverte qui changerait votre vie ?

La pilule miracle qui permettrait de manger tout ce que l’on veut sans avoir ensuite à faire du sport pour éviter de prendre du poids. Je déteste le sport ! Sans doute parce que ma mère était danseuse et mon frère champion de chasse sous-marine. Ils m’ont physiquement complexée. Et comme j’aime bien manger...

Qu’est-ce qui vous ferait douter de la rationalité ?

Énormément de choses. Et si la science a un côté rationnel, je pense que l’irrationalité, dans le sens d’une grande créativité, doit avoir, comme dans l’art, sa part dans la construction du raisonnement scientifique. Pour moi, ce qui résume le mieux l’irrationalité c’est le recueil de poésie de Paul Éluard : l’Amour la poésie.

Interviewée dans son laboratoire, au saut de l’avion qui la ramenait d’un colloque à Francfort, par Nathalie Blanc.

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