Pour la beauté Des plantes
Tirer le meilleur des algues pour pratiquer une agriculture raisonnée, c’est le défi des chercheurs d’aujourd’hui.
L’agriculture devient raisonnée. Les risques induits par l’apport d’engrais chimiques et notamment d’azote poussent les chercheurs à améliorer le bilan agroenvironnemental des plantes de grandes cultures. Le groupe Roullier a misé sur les algues. Ce pari est d’ailleurs à l’origine de la création de l’entreprise, qui, il y a cinquante ans, a commencé en commercialisant un amendement à base de maërl, une algue rouge calcifiée du littoral breton.
« Aujourd’hui, nous cherchons à sélectionner et extraire des algues des molécules actives pour pouvoir augmenter la part de l’azote réellement utilisée par les plantes et éviter les pertes sous formes de nitrates dans l’eau ou de gaz dans l’atmosphère », explique Jean-Claude Yvin, responsable du service de recherche et développement en agrofourniture pour Timac Agro International (TAI), filiale du groupe Roullier, à l’origine du projet Azostimer.
Valorisation des algues brunes
Labellisé en novembre 2008 par le pôle de compétitivité Mer Bretagne, ce projet repose sur la valorisation d’algues brunes (une biomasse importante et facile à récolter) et implique plusieurs partenaires académiques et privés. Les chercheurs du groupe Roullier travaillent actuellement sur la sélection d’une cinquantaine d’extraits issus de dix espèces d’algues différentes. Ceux-ci sont alors testés sur le colza par le laboratoire de l’Inra de Caen(1). Le but : suivre le trajet de l’azote dans la plante pour quantifier la part réellement absorbée, celle rejetée dans le sol ou dans l’air sous forme de gaz. « Le colza est une plante modèle bien maîtrisée par ce laboratoire, et d’autant plus intéressante qu’elle possède plusieurs types de transporteurs d’azote connus. De notre côté, nous conduisons des essais sur une autre plante modèle : le blé », précise Jean-Claude Yvin.
Les extraits d’algues sont testés sur le colza et le blé.
© Phovoir
Du sol au bout des feuilles
Pendant ce temps, dans les laboratoires de l’École nationale supérieure de chimie de Rennes (ENSCR), d’autres chercheurs scrutent le sol. Ils cherchent à synthétiser des inhibiteurs d’enzymes qui ont naturellement tendance à dégrader l’azote apporté par les engrais. « Le fait de maîtriser la fabrication de ces inhibiteurs nous permettra d’augmenter leur efficacité et de les produire en quantité industrielle, ajoute Vincent Ferrières, responsable de ces tests à l’ENSCR. D’autres collègues de l’école vérifient qu’ils ne sont pas toxiques dans les sols. »
Des expériences sur le suivi en temps réel des cultures, basé sur les propriétés fluorescentes des plantes, grâce à des outils de diagnostics ou capteurs, ont été menées en parallèle par ForceA, une entreprise implantée à Orsay. Le projet comprend aussi un volet communication réalisé depuis Landerneau par Anaximandre.
« Il nous a paru important de mettre en forme une information à destination de nos services marketing et commerciaux, mais aussi du grand public », conclut Jean-Claude Yvin. Décidément, rien n’est laissé au hasard !
(1)UMR INRA-UCBN 950 du professeur Ourry.
Jean-Claude Yvin
Tél. 02 99 20 68 19
jcyvin [at] roullier.com (jcyvin[at]roullier[dot]com)
Vincent Ferrières
Tél. 02 23 23 80 58
vincent.ferrieres [at] ensc-rennes.fr (vincent[dot]ferrieres[at]ensc-rennes[dot]fr)
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