Un animal comme lien social

N° 270 - Publié le 11 août 2014
© AFP - Bertrand Guay
Dans les villes surpeuplées, les animaux aident certaines personnes à se faire une place.

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La ville change nos comportements vis-à-vis des animaux. Des sociologues sont sollicités pour étudier leurs conséquences.

Fini les chevaux dans les rues et les poules dans les cours d’immeubles ! En grossissant, les villes se sont affranchies de la présence animale. « Socialement, cela se traduit par le développement de nouveaux comportements vis-à-vis des animaux et notamment envers les chiens, explique Christophe Blanchard, doctorant en sociologie à l’université d’Évry(1) sur l’animalité en ville. Depuis une trentaine d’années, ceux-ci sont surdomestiqués. » Nourris, habillés et parfois chéris comme des enfants, ils occupent une place importante, surtout en France, qui détient le record de l’Europe avec plus de huit millions de bêtes.

Souvent sans laisse

Les compagnons canins des jeunes gens marginalisés sans domicile fixe, qui se regroupent dans les métropoles occidentales créent en revanche une gêne vis-à-vis de la population. Mais ils sont en même temps un lien social entre elle et les jeunes. « J’ai pu montrer dans mes enquêtes de terrain, que les personnes qui font la manche sans animaux récoltent moins d’argent. » Ces phénomènes dus à l’extension des villes et à la concentration des habitants représentent des problématiques nouvelles pour les municipalités, pas toujours préparées ni équipées pour les gérer. Christophe Blanchard vient d’entamer une étude pour la SNCF, sur la présence des groupes marginalisés à proximité des gares(2), agents de liaison entre les métropoles.

Une réserve d’animaux exotiques

La place des animaux en ville est aussi étudiée par des écologues et des biologistes qui mesurent leur biodiversité. À Rennes, ces études ont été menées dans le cadre du programme Écorurb (Écologie rurale urbaine)(2), lancé en 2003 (lire article p.14) et coordonné par Philippe Clergeau, alors chercheur à l’Inra de Rennes(3).

« On cherche à comprendre comment les espèces animales et végétales s’installent en ville. On y trouve aujourd’hui plus d’animaux, comme certaines espèces d’oiseaux ou de papillons, qui n’y habitaient sans doute pas avant. » Mais ce n’est pas la seule nouveauté : « la ville devient aussi une porte d’entrée pour les espèces exotiques invasives. Les trames vertes et bleues, qui visent à restaurer des liens physiques entre les habitats fragmentés par les activités humaines pourraient aussi favoriser la dispersion de ces animaux exotiques vers les zones naturelles régionales. Il faudra mettre en place des stratégies de gestion. » Ce phénomène concerne notamment les Nac (Nouveaux animaux de compagnie), dont l’exotisme attire de plus en plus les citadins. Échappés de leur cage ou abandonnés, mygales, pythons, écureuils gris du Canada, perruches, ou tortues de Floride finissent par se retrouver dans les espaces verts urbains puis périurbains...

Philippe Clergeau, clergeau@mnhn.fr
www.rennes.inra.fr/ecorurb
Nathalie Blanc

(1) Laboratoire d’histoire économique sociale et des techniques (Lhest), UFR SSG Université d’Évry-Val-d’Essonne.
(2) L’étude portera sur les gares de Brest, Bordeaux, Paris gare du Nord, et Montpellier.
(3) Lire Sciences Ouest n°221 - mai 2005 sur www.espace-sciences.org/ magazine.
(4) Philippe Clergeau est aujourd’hui au département écologie et gestion de la biodiversité au Muséum d’histoire naturelle de Paris.

Christophe Blanchard, Tél. 06 86 47 67 12
chrbblanchard [at] yahoo.fr (chrbblanchard[at]yahoo[dot]fr)

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