Suivez le guide virtuel !

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N° 279 - Publié le 8 juillet 2014
© Collection du Musée des Beaux-Arts de Rennes
Ici, le guide virtuel montre comment la Chasse au tigre, de Pierre-Paul Rubens, a servi de support pour une œuvre contemporaine composée de rectangles blancs.

Des informaticiens testent un guide virtuel au musée des Beaux-Arts de Rennes. Il donne des informations inédites sur les œuvres.

 

Gratter la peinture d’un tableau pour voir ce qu’il y a en dessous, voilà qui n’est généralement pas permis dans les musées. Une nouveauté, bientôt disponible au musée des Beaux-Arts de Rennes devrait pourtant permettre aux visiteurs de voir ce qui se cache à l’arrière-plan d’une œuvre d’art. « Nous utilisons une technologie émergente, la réalité augmentée, pour apporter des informations inédites », explique Anne Bationo, ergonome pour le projet de recherche collaboratif Gamme(1).

Muni d’une petite tablette tactile équipée d’une caméra miniature, le visiteur peut cibler certaines œuvres. « Le tableau apparaît alors sur l’écran avec, à ses côtés, un petit personnage virtuel », poursuit Anne Bationo. « Un logiciel repère une centaine de points caractéristiques du tableau, détaille Pascal Houlier, responsable du projet chez Orange Labs, les contrastes, les couleurs... pour reconnaître l’œuvre et faire remonter les informations appropriées. » Une caméra “virtuelle” suit les mouvements de la caméra réelle, pour toujours faire apparaître les objets virtuels à l’endroit adéquat, quel que soit l’endroit d’où filme le visiteur. « Ainsi, sur l’écran, apparaît exactement la même vue que celle filmée par le visiteur, avec la réalité virtuelle en plus ! »

Faire apparaître un pont

Grâce à ce guide aux pouvoirs surnaturels, le visiteur a accès à des données auparavant conservées soigneusement dans les archives du musée : clichés de l’œuvre aux rayonsX, ou aux infrarouges ou encore des inscriptions au dos du tableau !

Comme ce pont, présent dans le Passage du gué au soir de Camille Corot avant qu’il ne soit fondu dans le décor forestier par l’artiste. Le repentir, révélé par les rayonsX, donne envie d’aller voir de plus près. Effectivement, en observant la toile originale, des arches se dévoilent, en filigrane. « C’est tout l’objectif, avoir une vision plus ciblée de l’œuvre pour s’y intéresser dans le réel. »

Les testeurs, âgés de 15 à 25 ans, qui ont participé aux deux évaluations de ce nouveau guide, ont apprécié la formule. « La première session, en octobre 2009, a pointé quelques aspects gênants, comme le poids du dispositif, 800 g actuellement. Mais nous testons déjà des versions deux fois plus légères. » Les scientifiques attendent aussi avec impatience la démocratisation des tablettes comme l’Ipad d’Apple. « Et par la suite, nous pourrons adapter la technologie sur les Smartphones. » Selon le responsable du projet, 2011 sera une charnière. Les logiciels évoluent, on sera bientôt capable de repérer et d’augmenter la réalité en 3D sur ces téléphones mobiles. En attendant, le dispositif devrait guider les visiteurs dès la fin de l’année, le long d’un parcours thématique dans le musée des Beaux-Arts de Rennes. Et d’autres établissements, à Arles, Cherbourg ou encore Dijon, se montrent intéressés par le dispositif. La réalité augmentée devrait devenir bien réelle ces prochaines années.

(1) Labellisé par le pôle Images et Réseaux, le projet de l’Agence nationale de la recherche Gamme réunit Orange Labs, l’Inria, le CEA-Leti, les entreprises Movea et Polymorph ainsi que la ville de Rennes.

Anne Bationo
anne.bationo [at] orange-ftgroup.com (anne[dot]bationo[at]orange-ftgroup[dot]com)

Pascal Houlier
pascal.houlier [at] orange-ftgroup.com (pascal[dot]houlier[at]orange-ftgroup[dot]com)

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