Une entreprise qui voit loin
États-Unis.
Issue de la recherche, l’entreprise Le Verre Fluoré conçoit fibres et microlentilles pour des applications pointues.
Les verres produits par cette société issue de la recherche chimique rennaise sont très transparents dans des longueurs d’onde qui vont bien au-delà de la lumière visible, avec des atténuations très faibles entre 2 et 5 microns. « Nous fabriquons des fibres optiques de différentes compositions selon les demandes que nous recevons. Parfois il faut qu’elles résistent à des températures élevées, à des chocs ou des vibrations ou encore à l’humidité. Une partie du travail consiste à proposer et à développer des protections adaptées qui assurent leur longévité. »
Certaines sont installées depuis plus de 15 ans, comme en Écosse, par exemple, dans une raffinerie de pétrole où elles servent à faire l’analyse en ligne des produis en cours de raffinage.
Dans le monde de l’astronomie
D’autres sont parties dans les observatoires du Mauna Kea sur l’île de Hawaï, dans celui du Mont Wilson aux États-Unis. « Nous sommes connus dans le petit monde de l’astronomie optique et tout particulièrement en interférométrie », sourit Gwenael Mazé. Un milieu dans lequel Le Verre Fluoré a établi une solide réputation depuis son premier contrat avec le Jet Propulsion Laboratory de la Nasa en 1985. « Il faut être un peu fou... » Car dans le domaine des observations spatiales, les projets mûrissent sur des années.
Actuellement, Le Verre Fluoré travaille avec des partenaires européens pour équiper l’observatoire VLT, Very Large Telescope, dans le cadre du projet Gravity, pour lequel l’entreprise rennaise a reçu un financement de la Région. L’observatoire européen est installé au Chili. Il est, avec celui du Mauna Kea à Hawaï, une des installations astronomiques terrestres les plus puissantes. Il est équipé de quatre télescopes principaux et autant d’auxiliaires. Le projet vise à combiner les images des télescopes principaux - c’est ce que l’on appelle l’interférométrie optique - pour augmenter leur résolution. La précision de la mesure angulaire obtenue sera phénoménale. « Cela permettra de cibler le trou noir qui se trouve au centre de notre galaxie pour découvrir ce qui se passe dans son voisinage. » Le prototype devrait être validé en 2011, l’instrument en 2012. Les premières observations sont attendues pour 2014.
Une précision inférieure au micron
Dans le domaine de l’astronomie spatiale, l’entreprise a développé une technique de fabrication de mosaïques de microlentilles en vue d’une mission franco-indienne : ce type de composant équipera un spectromètre spatial qui fera la cartographie des planètes de notre galaxie.
L’entreprise ne fait pas que du développement et de la fabrication de fibres optiques nouvelles. Elle s’intéresse également à la conception et au développement de composants et d’instruments de mesure pour la recherche et l’industrie. Chaque projet est unique et nécessite un travail de conception et de mise au point important. « Une société de métallurgie nous a demandé un système pour mesurer, avec une précision inférieure au micron, l’épaisseur d’une couche de peinture humide (avant cuisson) sur plusieurs kilomètres de long, défilant à grande vitesse. De la concession à la réalisation et la mise en service, le développement a pris deux ans. »
Valorisation des recherches : brevets et créations d’entreprises
Les recherches à l’interface chimie et information (acquisition, stockage, traitement de signaux) ont été valorisées par des créations d’entreprises et par des brevets. Elles ont été accompagnées par Bretagne Valorisation qui finance, dépose et gère les titres de propriété intellectuelle pour le compte des établissements d’enseignement supérieur, propriétaires des droits, et des chercheurs inventeurs. Voici les dernières créations :
Créations d’entreprises avec brevets
- Sens Innov (2009). Analyseurs portables de pollution aux métaux (brevet Université Rennes1/CNRS, équipe Catalyse et organométalliques. UMR Sciences chimiques de Rennes). Lire Sciences Ouest n°258 - octobre 2008.
- Olnica (2010). Matériaux luminescents pour la détection de contrefaçons (brevet Insa/CNRS, équipe Matériaux inorganiques. UMR Sciences chimiques de Rennes). Lire Sciences Ouest n°252 - mars 2008.
- DiaFir (2011). Fibres optiques pour le diagnostic biomédical (brevet Univ. Rennes1/CNRS, équipe Verres et céramiques. UMR Sciences chimiques de Rennes).
Brevets
- UR1/CNRS, 2009 “Luminescent Hybrid Liquid Crystal” (équipe Organométalliques et matériaux moléculaires. UMR Sciences chimiques de Rennes.). Lire p.17 de ce numéro.
Gwenael Mazé
Tél. 02 99 05 31 30
maze [at] leverrefluore.com (maze[at]leverrefluore[dot]com)
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