Nous fabriquons des neurones toute notre vie
Chez l’homme, l’exclusivité de cette activité est longtemps restée attribuée à l’embryon. Le dogme selon lequel le cerveau humain ne fabrique plus de neurones après la naissance ne s’est écroulé qu’aux environs de 1995.
Une activité de prolifération cellulaire avait été mise en évidence dans les années 1960, sans que l’on puisse renseigner le devenir des cellules nouvellement formées.
Il aura fallu attendre les années 90, et l’arrivée d’un produit permettant de marquer l’ADN (la Bromodéoxyuridine : BrdU) pour réaliser qu’une partie des cellules nouvellement générées se différenciaient en neurones.Chez l’homme, la plus grande partie des neurones se développe quand même pendant l’embryogenèse, à partir des cellules gliales radiaires. Durant la vie embryonnaire, celles-ci donnent naissance soit directement à des neurones, soit à des “progéniteurs intermédiaires” qui, au cours de la vie adulte, pourront générer des neurones. Ce mécanisme ne se produit que dans deux régions précises du cerveau adulte(1). Car à la naissance du petit humain, les cellules gliales radiaires disparaissent.À Rennes, les chercheurs de l’équipe Neurogenèse, aromatase et œstrogènes(2), dirigée par Olivier Kah, étudient ce mécanisme chez le poisson zèbre. En 2007,
ils ont fait plusieurs découvertes importantes : premièrement que les poissons adultes produisent beaucoup plus de nouveaux neurones que les humains ; et aussi que cette neurogenèse se produit dans tout le cerveau, à partir de cellules gliales radiaires qui persistent chez l’adulte, contrairement à ce qui se passe chez l’homme. « On peut dire que, d’une certaine manière, le cerveau adulte de poisson garde les caractéristiques du cerveau embryonnaire humain. Cela en fait un très bon modèle d’étude », souligne Olivier Kah. Les chercheurs rennais ont aussi démontré que le cerveau des poissons fabrique activement des hormones de type œstrogène et progestérone, dont ils étudient les rôles sur l’activité cérébrale.
(1) La zone sous-ventriculaire du ventricule latéral, qui fabrique de nombreux neurones à destination du bulbe olfactif, impliqué dans la reconnaissance des odeurs et l’hippocampe, qui gère la mémoire, la cognition.
(2) UMR 6026 CNRS/Université de Rennes1 : Interactions cellulaires et moléculaires.
Olivier Kah
Tél. 02 23 23 67 65
olivier.kah [at] univ-rennes1.fr (olivier[dot]kah[at]univ-rennes1[dot]fr)
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