Bilan carbone : le poids des rots

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N° 287 - Publié le 22 mai 2014

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Une association bretonne a mis au point une méthode pour mesurer les émissions de méthane des vaches laitières.

Ils ne possèdent pas de voitures, ne connaissent pas l’industrie, ni les usines. Et pourtant, ils produisent à eux seuls 3 à 4% des gaz à effet de serre (GES) en France. Les bovins, et plus précisément leurs rots, relâchent dans l’atmosphère d’importantes quantités de méthane, un hydrocarbure dont l’effet de serre est 21 fois plus élevé que celui du gaz carbonique. Pour quantifier cette contribution et surtout pouvoir y remédier, l’association bretonne Bleu Blanc Cœur vient de mettre au point une méthodologie originale, référencée depuis le 1er avril dernier par le ministère de l’Écologie.

Une équation brevetée

 « Nous nous sommes intéressés aux vaches laitières, précise Pierre Weill, président de l’association, qui milite pour la réintroduction des plantes traditionnelles dans l’alimentation animale, suite à un contact avec Danone en 2004, qui cherchait à réduire son bilan carbone. » L’entreprise avait constaté que 60% du bilan carbone de la production de lait était dû au méthane rejeté par les vaches. « Dans le rumen, l’un des estomacs de l’animal, la fermentation des aliments produit de façon proportionnée du méthane et des acides gras volatils, ajoute Pierre Weill. Or ces derniers se retrouvent dans le lait, sous forme d’acides gras saturés, après leur passage dans la mamelle. » C’est à partir de ces données, connues depuis plusieurs années, que Bleu Blanc Cœur, en collaboration avec les chercheurs de l’Inra de Theix et Danone, a participé à un protocole de recherche qui se poursuit aujourd’hui. Les scientifiques ont déjà pu en déduire l’équation qui permet de calculer les émissions de méthane à partir des acides gras saturés mesurés dans le lait. « Cette méthodologie est valable lorsqu’aucun additif chimique ne modifie l’activité enzymatique des mamelles, c’est-à-dire la transformation des acides gras volatils en acides gras saturés. Aujourd’hui, c’est le cas dans 80% des élevages. »

Dans le protocole de Kyoto

Brevetée en 2008, la méthodologie est aujourd’hui référencée et publique. « Elle peut être utilisée pour mesurer une réduction d’émission de GES, en vue d’obtenir une compensation financière, comme le prévoit le protocole de Kyoto. » L’association s’est déjà attelée à un projet « qui s’appuie essentiellement sur les producteurs d’aliments pour le bétail. Car nous avons déjà montré dans des études précédentes que le lin, l’herbe, ou encore la luzerne pouvaient diminuer la production de méthane des bovins. » Seul bémol, le protocole de Kyoto prend fin en 2012. Il faut donc espérer que les États souhaitent maintenir ce système compensatoire. En attendant, Bleu Blanc Cœur poursuit ses études sur les bovins à viande, pour savoir si leurs émissions de méthane peuvent se lire dans les steaks !

Pierre Weill
02 99 97 53 67
p.weill [at] valorex.com (p[dot]weill[at]valorex[dot]com)

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