« J’avais deux rêves : la médecine et la marine »

Portrait

N° 288 - Publié le 14 juillet 2011
© Nathalie Blanc
L'épreuve par 7
Éric Pottier

Spécialiste de la télédétection radar

Qu’auriez-vous fait si vous n’aviez pas été chercheur ?

Quand j’étais jeune, j’avais deux rêves : la médecine et la marine. Pour pouvoir faire le tour de la planète, rencontrer des gens, tout en faisant de l’humanitaire.

Mais cela voulait dire devenir médecin militaire et ça, je n’ai pas voulu. C’est en prépa qu’un de mes profs m’a présenté l’électronique comme une discipline d’avenir et c’est comme cela que je suis devenu chercheur dans le domaine de la télédétection radar.

Aujourd’hui, qu’avez-vous trouvé ?

Une pièce de 50 centimes en prenant ma voiture ! Plus sérieusement, j’ai appris à prendre du plaisir dans mon métier. Sinon, on n’y arrive pas. Je le dis souvent aux étudiants que j’encadre.

Le hasard vous a-t-il déjà aidé ?

Oui. Dans les années 90, une erreur dans la programmation d’un modèle nous a donné des résultats meilleurs que prévu. Avec Shane Cloude, mon collègue écossais, nous nous sommes rendu compte qu’il s’agissait en fait d’une erreur de méthodologie. Elle nous a conduit à bâtir une nouvelle approche ! Aujourd’hui elle est utilisée en routine pour réaliser une première analyse d’une image radar. Et la méthode, appelée décomposition, porte nos deux noms : Cloude-Pottier. On était loin d’imaginer cela !

Qu’avez-vous perdu ?

La notion de vie classique. Je suis tellement passionné par mon métier que je ne me laisse pas tellement de temps pour faire autre chose. J’ai, par exemple, abandonné le tennis que je pratiquais régulièrement et en tournois.

Que vaudrait-il mieux ne pas trouver ?

Que l’on n’a pas la maîtrise de ce que l’on vient de trouver. Il faut absolument la garder pour éviter les dérives incontrôlables et irréversibles. Par contre, je ne sais pas s’il reste encore beaucoup de choses à trouver plutôt à comprendre et à expliquer.

Quelle est la découverte qui changerait votre vie ?

Le petit truc qui me permettrait d’arrêter de fumer en cinq minutes, sans sensation de manque et tout en restant moi-même.

Qu’est-ce qui vous ferait douter de la rationalité ?

Je ne sais pas si je suis rationnel, mais cartésien, oui, ça c’est sûr ! Je suis comme saint Thomas, je ne crois que ce que je vois et ce que je peux expliquer. Par contre, je douterais de la rationalité si je rencontrais Dieu au coin de la rue !

Le directeur adjoint de l'IETR(1) a été interviewé par Nathalie Blanc, suite à sa promotion au plus haut grade de la société IEEE(2).

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