Une sablière ancrée localement
Le réaménagement de la sablière de Bodonou a été pensé dès le début de l’exploitation, avec tous les acteurs.
Quelque part dans le Finistère, entre Guilder (à gauche sur la photo), Plouzané (à droite) et Brest (au fond), s’étendent les 157 hectares de la sablière de Bodonou. Sur cette photo prise en 2005, on distingue l’endroit où est stocké le sable extrait, les bassins d’eau claire qui servent à nettoyer le sable et les bassins plus troubles dans lesquels est rejetée l’eau chargée d’argile, en cours de décantation. « Les bassins d’eau claire ont été creusés avec des rives en pente douce propices à l’installation de la faune et de la flore. Les bassins de décantation, eux, sont comblés après totale évaporation de l’eau pour devenir des zones de prairies extensives », explique Anaïs Guérin- Chapel (lire ci-contre), qui a travaillé sur le site pendant sa thèse avec Alice Moreaux, responsable foncier environnement chez Lafarge Granulats Ouest. Les ornières creusées par les camions sont même laissées intactes car elles favorisent la colonisation des batraciens et des odonates (libellules). Une partie du site classée anciennement zone humide Znieff(1) sera ainsi réhabilitée.
Dès l’époque romaine
Commencé en 1997, dès la signature de la convention entre Lafarge Granulats Ouest (l’exploitant depuis 2005), Brest Métropole Océane, à qui va revenir le terrain et les associations locales naturalistes, dont Bretagne Vivante, le plan de réaménagement est totalement coordonné avec l’exploitation. Le site devrait bientôt retrouver le calme, après... des siècles d’exploitation ! Les abords de l’Aber-Ildut ont en effet été investis dès l’époque romaine pour l’extraction de l’étain. Le sable et les graviers étaient alors rejetés. Cette activité s’est arrêtée en 1970 et le sable est devenu recherché et indispensable à la fabrication du béton à partir de 1975. C’est dire si l’exploitation du site est ancrée dans le tissu local.
Comprendre -Le sable, sa chimie, ses applications
Sous l’œil du chimiste, les grains de quartz qui composent le sable sont de la silice, elle-même composée de silicium et d’oxygène. Derrière une composition chimique simple : SiO2, se cachent plusieurs formes de silice. La plus répandue est la forme cristalline (celle du quartz), mais la silice peut se rencontrer sous forme amorphe, résultat d’une précipitation ou d’une fossilisation (silex).
L’industrie est avide de gisements contenant au moins 98 % de silice. Ce qui est le cas de certains sables, comme ceux de Fontainebleau et de Nemours réputés pour leur teneur en silice supérieure à 99,6%. Les moins purs subissent différents traitements après extraction pour réduire les impuretés et obtenir la granulométrie adaptée aux différentes utilisations.
Celles-ci sont multiples. Si le sable est utilisé depuis plus de trois mille ans pour fabriquer du verre, du mortier et, plus récemment, du béton, il entre dans la composition de beaucoup d’autres produits. Dans les peintures, plastiques, polymères, caoutchoucs, mastics et les colles, la poudre de silice apporte une résistance à l’abrasion et aux attaques chimiques. Elle entre aussi dans la composition des additifs en alimentation animale, tandis que le silicium se niche jusque dans nos ordinateurs, dans les puces électroniques. Riches en calcaire, les sables riches en débris marins sont recherchés en agriculture, maraîchage, horticulture et sylviculture pour l’amendement des sols.
(1)Znieff : Zone nationale d’intérêt écologique faunistique et floristique.
Alice Moreaux Tél. 02 97 88 12 52
alice.moreaux [chez] lafarge.com (alice[dot]moreaux[at]lafarge[dot]com)
Anaïs Guérin-Chapel
anais.guerinchapel [chez] gmail.com (anais[dot]guerinchapel[at]gmail[dot]com)
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