« Que les maths et la science en général n’arrivent pas à tout expliquer, c’est bien ! Il faut garder un espace de liberté et de fantaisie. »

Portrait

N° 289 - Publié le 26 juillet 2011
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L'épreuve par 7
Rozenn Texier-Picard

Enseignant-chercheur en mathématique

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Qu’auriez-vous fait si vous n’aviez pas été chercheur ?

Je n’ai pas une idée précise car j’ai toujours été intéressée par tout : la biologie, la physique, la littérature, les langues... Je n’avais pas spécialement l’intention de faire des mathématiques. En tout cas, aujourd’hui, les mathématiques appliquées me permettent de travailler avec des biologistes, des physiciens, des économistes, ce qui est pour moi une grande chance.

Aujourd’hui, qu’avez-vous trouvé ?

Ce matin, j’ai trouvé du calme dans mon bureau ! Car nous avons accueilli vingt lycéens de seconde pendant trois jours et cela était très prenant. C’est la première fois que nous participons à ce dispositif “Math C2+”, mis en place au niveau national. Le but est de montrer à des jeunes les mathématiques dans un contexte autre que celui de l’école. Nous leur avions préparé des petits travaux de recherche à faire en équipe, un café des métiers...

Le hasard vous a-t-il déjà aidé ?

Oui, notamment après ma thèse, au moment du concours de recrutement des maîtres de conférences : un poste s’est ouvert à l’ENS Cachan antenne de Bretagne, dans mon domaine de recherche. La Bretagne était une région qui m’attirait et j’ai eu le poste ! J’ai quitté Lyon pour Rennes en 2003.

Qu’avez-vous perdu ?

Je suis tête en l’air, je perds parfois des papiers Mais je considère que ce n’est pas grand-chose par rapport à ce que la vie peut nous apporter. On a plutôt tout à gagner ! C’est aussi une chance du métier de chercheur : on apprend tout le temps.

Que vaudrait-il mieux ne pas trouver ?

En tant que mathématicienne, je suis heureuse qu’il n’existe pas d’algorithme d’optimisation qui serait universel et efficace, et qui rendrait le monde uniforme. Que les maths et la science en général n’arrivent pas à tout expliquer, c’est bien ! Il faut garder un espace de liberté et de fantaisie.

Quelle est la découverte qui changerait votre vie ?

Plus qu’une découverte scientifique, je pense plutôt à un changement de mentalité des hommes : j’aimerais qu’ils arrivent à plus de respect entre eux et aussi par rapport à l’environnement.

Qu’est-ce qui vous ferait douter de la rationalité ?

Je suis quelqu’un de très rationnelle - je déteste, par exemple, les superstitions - et je suis en même temps très chrétienne. Je pense que la raison ne peut pas tout expliquer ; typiquement, l’amour échappe à toute explication rationnelle !

Interviewée par téléphone par Nathalie Blanc.

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