Les nano dans l’air du temps

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N° 290 - Publié le 16 septembre 2011
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NANOTECHNOLOGIES Plastiques, tissus, voiles : les capteurs microscopiques conçus dans un laboratoire de Lorient se faufilent partout.

Équiper les barquettes alimentaires (viande, fruits...) de capteurs microscopiques capables de mesurer les teneurs en composés organiques volatiles (cétones, éthylène...) pour renseigner sur la fraîcheur de l’aliment, cela partait d’un bon sentiment. Certainement du point de vue du suivi de la qualité des denrées alimentaires, mais pas au vu du rejet actuel des nanoparticules par nombre de consommateurs. Le financement demandé à la Commission européenne par Jean-François Feller, responsable du groupe SmartPlastics(1) à l’Université Bretagne Sud (UBS) a donc été refusé. « Il y a confusion entre nanoparticules et nanocomposites, c’est-à-dire des matériaux obtenus par dispersion de quelques pour cents de nanocharges dans une matrice polymère », souligne le chercheur qui travaille sur l’agencement de nanocomposites depuis 2007(2).

Dans les voiles

Ce refus ne l’empêche pas de poursuivre ses travaux à l’échelle de l’UBS dans le cadre d’un programme transdisciplinaire qui réunit spécialistes des polymères, électroniciens, biochimistes, juristes et professionnels de l’emballage du réseau Breizpack. Ils envisagent même de rendre leurs nanocomposites compostables, au même titre que les emballages. À la rentrée, ils présenteront une autre application de leur microcapteur au pôle de compétitivité nantais EMC2, consacré aux matériaux, pour l’équipement des voiliers de course. Les senseurs transforment ici la variation perçue (différence de température, déformation mécanique...) en signaux électriques qui permettent de mesurer la déformation de la voile ou de la coque et d’anticiper une éventuelle rupture.

 

Pulvérisés en spray

« Les nanocomposites sont formés d’un réseau de nanotubes, qui apporte la conductivité électrique ainsi que la sensibilité à l’environnement. Ce réseau est associé à des macromolécules qui permettent au système de se fixer et lui confèrent sa sélectivité et sa spécificité, précise le chercheur. Sous forme de fibres les nanocomposites peuvent être intégrés à des textiles pour capter des variations de température, à des matériaux pour détecter des fuites d’eau dans des bâtiments... Sous forme de films minces pulvérisés en spray, ils peuvent se fixer sur tout support. »

 

Pour le diagnostic médical

Et le groupe SmartPlastics ne manque pas d’idées. Il travaille actuellement sur le développement d’un nez électronique obtenu par association de plusieurs senseurs spécifiques, pour permettre le diagnostic anticipé de certaines maladies (cancer du poumon et de la prostate) à partir de l’haleine. « Les senseurs détectent les composés organiques volatiles contenus dans l’haleine dont les proportions sont particulières dans certaines maladies », souligne le spécialiste des polymères. Avec cette nouvelle piste, les experts auront-ils le nez creux ?

 

MICHÈLE LE GOFF

(1)Au LimatB : Laboratoire d’ingénierie des matériaux de Bretagne.

(2)Lire Sciences Ouest n°244-juin 2007 sur www.espace-sciences.org

Jean-François Feller - Tél. 02 97 87 45 84
jean-francois.feller [at] univ-ubs.fr (jean-francois[dot]feller[at]univ-ubs[dot]fr)
www.smartplasticsgroup.com

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