Un scarabée ravage les épicéas de Sitka

N° 290 - Publié le 15 septembre 2011
© Ministère de l'Agriculture et de la pêche

Magazine

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Un coléoptère décime les épicéas de Sitka. Mais son prédateur est aussi sur la place... La lutte biologique est ouverte !

C’est un petit scarabée noir de cinq à huit millimètres de long. Il aurait pu passer inaperçu. À ce détail près qu’il peut faire mourir un arbre en deux ans en moyenne. « Ce ravageur appelé dendroctone s’attaque aux épicéas de Sitka. Il se faufile sous l’écorce et ronge les vaisseaux qui conduisent la sève élaborée en provenance des racines, explique Christophe Favrot, consultant sylvicole indépendant, en charge du massif forestier privé de la Hardouinais, près de Merdrignac, dans les Côtes-d’Armor. Un peu comme si on nous coupait les veines ! »

 

 

Le ravageur n’en est pas à son premier coup d’essai : il a été détecté en Russie, en Angleterre et dans l’est de la France à la fin du 19e siècle. Son arrivée en Bretagne, dernière région touchée en France, ne date que de 2006. Mais sa progression est préoccupante car rapide.

 

 


© Christophe Favrot
Ce sont surtout les larves du
dendroctone qui font les dégâts.

 

Du dendroctone en plat unique

Par chance notre ravageur a un prédateur : il s’agit d’un autre coléoptère, Rhizophagus, encore plus petit, qui se nourrit uniquement de dendroctones (oeufs, larves ou adultes immatures). De nombreuses recherches ont été menées à partir des années 80 par des chercheurs anglais,danois, belges..., sur la biologie et la dynamique des populations des deux insectes. Le développement de la technique de lutte biologique - premier exemple du genre mis en oeuvre dans le monde forestier européen - est dû au laboratoire belge de l’université libre de Bruxelles(1), principal fournisseur de Rhizophagus.

Le prédateur a été introduit pour la première fois en Bretagne en 2007, près de Carhaix, dans le Finistère. Christophe Favrot, qui est le seul à l’élever dans la région, l’a introduit à la Hardouinais l’année dernière, sachant qu’il faut six à sept ans pour atteindre l’équilibre... « À Carhaix, on n’est plus qu’à deux ans de l’équilibre et on observe déjà un effet positif du traitement. Le dendroctone existe toujours, mais il ne progresse plus. » Le pari est gagné quand sa présence ne met plus en danger la forêt. Patience !

Un espace en plein valorisation

Christophe Favrot ne fait pas que lutter contre le dendroctone. Il souhaite aussi apporter de la valeur ajoutée aux bois bretons. « L’épicéa n’est pas voué à la fabrication de palettes ! J’essaie de promouvoir son utilisation pour la charpente, car une étude récente montre que ses propriétés mécaniques le permettent, explique-t-il. Je cherche aussi à trouver d’autres voies de valorisation pour les coproduits : l’écorce est, par exemple, riche en antioxydants, valorisables dans le domaine de la cosmétologie. Et des méthodes originales de liquéfaction permettent de faire des résines et des mousses habituellement issues des produits pétroliers. » Christophe Favrot est en contact avec le Critt Bois, basé à Épinal, et vient de se lancer dans une étude sur la production de molécules d’intérêt par des microorganismes issus de la forêt avec des partenaires scientifiques bretons.

Des scientifiques bretons

Christophe Favrot ne fait pas que lutter contre le dendroctone. Il souhaite aussi apporter de la valeur ajoutée aux bois bretons. « L’épicéa n’est pas voué à la fabrication de palettes ! J’essaie de promouvoir son utilisation pour la charpente, car une étude récente montre que ses propriétés mécaniques le permettent, explique-t-il. Je cherche aussi à trouver d’autres voies de valorisation pour les coproduits : l’écorce est, par exemple, riche en antioxydants, valorisables dans le domaine de la cosmétologie. Et des méthodes originales de liquéfaction permettent de faire des résines et des mousses habituellement issues des produits pétroliers. » Christophe Favrot est en contact avec le Critt Bois, basé à Épinal, et vient de se lancer dans une étude sur la production de molécules d’intérêt par des microorganismes issus de la forêt avec des partenaires scientifiques bretons.

NATHALIE BLANC

(1)Grâce aux travaux du professeur J.-C. Grégoire.

Christophe Favrot
vivaconsult [at] hotmail.fr (vivaconsult[at]hotmail[dot]fr)

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