La Bretagne doit activer son réseau !

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N° 301 - Publié le 12 septembre 2012
© UBS / © UBO-Benjamin Deroche
La formation supérieure et la recherche bretonnes sont disséminées sur une dizaine de sites (ici Lorient et Brest)

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<p>L’excellence bretonne ne rayonnera que si le territoire s’appuie sur ses forces en réseau. L’élu régional lance un message fort.</p>

«L’excellence est possible même en réseau distribué! » Ces mots ne sortent pas de la bouche d’un expert en télécommunication. Ce sont ceux de Bernard Pouliquen, vice-président chargé de l’enseignement supérieur et de la recherche au Conseil régional de Bretagne, pour décrire la répartition des forces bretonnes en termes de recherche et de formation. Certaines régions peuvent s’appuyer sur une ville phare, par exemple Toulouse et Strasbourg, dans lesquelles convergent toutes les compétences. Une structuration par site qui correspond bien à la politique des Initiatives d’excellence (Idex) initiée en 2010 par l’État dans le cadre des Investissements d’avenir, pour rendre la recherche française plus lisible, mais qui n’est pas le schéma de la Bretagne. D’où les résultats mitigés dans le grand Ouest. Si la Bretagne compte sept Équipements d’excellence (Équipex), huit Laboratoires d’excellence (Labex) et contribue à sept infrastructures de recherche, l’Initiative d’excellence (Idex) Campus d’innovation Ouest, imaginée et présentée avec la Région Pays de la Loire, n’a pas été retenue.

Comme dans le Wisconsin

Pour le vice-président de la Région, il n’est pas question de subir la situation. « On n’a pas le choix, nous sommes en capacité d’avoir un appareil attractif, affirme-t-il. On atteint l’excellence quand la recherche et la formation le sont ! C’est là-dessus qu’il faut travailler. Il faut donner envie aux jeunes de se former dans nos établissements de qualité et de travailler sur des domaines de recherche pas forcément identifiés. » Et de citer l’University of Wisconsin System, au nord des États-Unis, comparable à la Bretagne en termes de nombre d’étudiants - 160000 contre 110000 - et de distribution - vingt-six campus contre une dizaine de sites en Bretagne -, qui est classée 8e dans son pays et dont le classement mondial de Shanghai varie depuis 2003 entre la 17e et la 19e place. « On pourrait aussi évoquer l’université du Québec », ajoute-t-il.

Travailler aux interfaces

La Bretagne doit s’appuyer sur un réseau existant (créé en 2007), mais qui n’a pas encore trouvé sa place : le Pôle de recherche et d’enseignement supérieur (Pres) Université européenne de Bretagne (UEB). Par exemple, côté recherche, il n’y a pas de vraie mutualisation des écoles doctorales. Les thèses délivrées portent certes les deux signatures, mais ceci est insuffisant. Avoir une lisibilité à l’échelle internationale est indispensable. La Bretagne doit pour cela conforter ses pôles phares : les technologies de l’information et de la communication (via le pôle de compétitivité Images et Réseaux) et la mer (avec le pôle Mer) tout en travaillant à l’émergence de nouveaux thèmes aux interfaces. Une réflexion est à mener dans le domaine des industries créatives pour lesquelles le potentiel de la Bretagne est impressionnant et ne demande qu’à être travaillé. Les établissements de recherche doivent aussi être en capacité de présenter des programmes au niveau européen. Or, actuellement, 75% des appels à projets couverts en Bretagne le sont par seulement 25 % d’entre eux.

« L’Union européenne est pourtant une source de financement non négligeable. Cette question est donc essentielle à traiter. » Tout comme la valorisation de la recherche qui l’est d’ores et déjà, via la Société d’accélération du transfert de technologies : la Satt Ouest Valorisation, qui gère les dossiers des Pres Bretagne et Pays de la Loire.

Le boom du numérique

De son côté, le campus numérique est en bonne voie : 60 millions d’euros sont investis et il sera déployé à partir de 2014. « Mais il ne doit pas rester un simple outil. Il doit se développer en favorisant des formations modulaires diplômantes. » L’interdisciplinarité ne concerne pas que le monde virtuel. Elle doit aussi être effective sur le terrain.

« La répartition entre sciences dures à l’Université de Rennes1 et sciences “molles” à Rennes2 n’est pas aussi simpliste que cela, les deux sites rennais doivent continuer à travailler sur leur rapprochement. »

Pour l’élaboration du Schéma régional de l’enseignement supérieur et de la recherche, une réunion de présentation de ces questions aux acteurs bretons aura lieu le 12 octobre prochain aux Champs Libres, à Rennes. Ce schéma devrait être prêt d’ici à la fin de l’année 2012. Il est temps de faire marcher le réseau !

Culture scientifique et technique : « Il faut couper le cordon avec l’État »

Mise en valeur du patrimoine scientifique à l’Université de Rennes 1, parcours science, passion, mer pour des lycéens1(1) proposé par l’Université de Bretagne Occidentale, conférences hebdomadaires à l’Université de Bretagne Sud..., inscrites dans le fondement de toutes les universités, ces actions de culture scientifique et technique (CST) sont menées de façon indépendante sur le territoire breton. « La CST est un bon exemple de zone commune sur laquelle on pourrait travailler à l’échelle du territoire, au sein de l’UEB(2), souligne Bernard Pouliquen, vice-président chargé de l’enseignement supérieur et de la recherche au Conseil régional de Bretagne. De même que l’Espace des sciences doit devenir la tête de pont du côté des centres de sciences. Je souhaite travailler avec deux interlocuteurs bien identifiés pour gagner en efficacité. Et je vais aussi me battre pour le transfert des fonds d’Universcience vers le Conseil régional. L’État se désengage de la culture scientifique et technique depuis plusieurs années. Il est temps de couper le cordon !

Nathalie Blanc

(1)Lycée de Kerichen (Brest).
(2)Université européenne de Bretagne.

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