Un geste qui allège la poubelle

N° 303 - Publié le 6 novembre 2012
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Le compstage collectif est encore peu développé en France. En trois ans, Rennes Métropole a équipé deux cents immeubles.

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Parmi d’autres initiatives de réduction des déchets, Rennes Métropole développe le compostage domestique.

Brûler de l’eau, ça n’a pas beaucoup de sens. Alors pourquoi incinérer les épluchures de légumes ou les déchets verts, qui en sont pleins ? Mieux vaut valoriser ces déchets organiques (lire encadré ci-dessous). D’autant que cela permet aussi de faire baisser le poids des poubelles ! C’est l’un des résultats obtenus par le projet européen Miniwaste(1), lancé en 2009 par Rennes Métropole, dans le cadre du programme local de prévention des déchets.

Des déchets patiemment pesés

Dans l’agglomération, deux cents immeubles et quinze lotissements ont vu pousser des composteurs sur leurs espaces communs. « Déployer le compostage domestique à grande échelle, notamment en habitat collectif, est un projet ambitieux, explique Laurence Galon, responsable du projet à Rennes Métropole, car cela est peu développé en France, même en Europe. » Les habitants volontaires ont pu prendre l’habitude d’y déposer leurs déchets de cuisine, allégeant au passage de près de 45 kg par personne et par an leur poubelle traditionnelle. « Nous avons demandé à certains foyers de peser ce qu’ils allaient mettre au composteur, détaille Anne Trémier, chercheuse à Irstea(2), partenaire du projet. Sur d’autres sites, les personnes déposaient leur poubelle à côté et un référent venait faire les pesées. »

Une prise de conscience

Chez les particuliers (30 % des foyers sont aujourd’hui équipés d’un composteur vendu à prix compétitif par Rennes Métropole), les chercheurs ont également fait appel à la balance, mais aussi aux systèmes d’information géographique. « Ils permettent, par exemple, de localiser les gisements potentiels de déchets verts : les haies à tailler, les surfaces de pelouses à tondre... et de comparer avec ce qui est réellement amené en déchèterie. » En maison individuelle, 36 kg de déchets de jardin et 58 kg de déchets de cuisine, en moyenne par personne et par an, sont ainsi “sauvés” de l’incinération ou de la déchèterie. Et surtout, la quantité générale diminue elle aussi. « Le compostage génère une prise de conscience du volume de déchets produit par chacun ! »

Un compost de qualité

Ne pas brûler, c’est une chose, mais quid du produit obtenu ? Les chercheurs d’Irstea ont prélevé et analysé soixante échantillons, dans des composts individuels et collectifs âgés de six mois à un an, pour évaluer leur qualité. « Même si le compost ne monte pas en température (lire Comprendre ci-contre), nous n’avons relevé aucun pathogène, analyse Anne Trémier. Les traces de HAP(3) - que l’on retrouve dans les cendres notamment - et de la plupart des métaux lourds sont en deçà des normes en vigueur pour les amendements organiques commerciaux. » Seuls quelques métaux comme le cuivre, le zinc peuvent dépasser les seuils en certaines saisons, si les jardiniers traitent leurs plantations avec de la bouillie bordelaise, par exemple. Mais l’effet est dilué sur l’année. Les composts maison ne sont pas non plus toxiques pour les plantes. « Nous avons déposé des graines sur des cotons imbibés de différents extraits de composts. » Au-delà d’un an, le compost n’a aucun effet délétère sur la germination. « Par contre, il vaut mieux utiliser les composts de moins de six mois en couverture de sol qu’en terre de rempotage ! Avant, la biodégradation n’est pas terminée et peut produire des molécules peu favorables aux plantes. »

Des urbains à convaincre

Du projet Miniwaste est né un logiciel de diagnostic et de suivi de performance des actions de promotion du compostage, dans lequel sont intégrés les travaux d’Irstea, à destination des collectivités, pour leur permettre d’ajuster leurs campagnes de communication, par exemple. Car si, dans l’ensemble, les urbains sont convaincus de l’intérêt écologique de cette pratique, ils imaginent qu’elle est aussi « chronophage, analyse Anne Trémier, et source d’odeurs dérangeantes(4). C’est sur ces points que nous avons axé nos efforts » (lire l'article à ce sujet). Aujourd’hui, alors que le projet touche à sa fin (la conférence de clôture est prévue les 20 et 21 novembre), Rennes Métropole réfléchit à la suite. « Il faudra poursuivre l’accompagnement dans les logements collectifs, pour que la motivation ne retombe pas. Et nous réfléchissons aux prochaines campagnes de communication, pour atteindre l’objectif fixé par le Grenelle de l’environnement d’une réduction de 7 % des déchets collectés. » Et faire de nos poubelles des championnes catégorie poids plume !

Mon plastique est-il organique ?

Le mot organique renvoie à la composition d’une matière. Cela signifie qu’elle contient majoritairement du carbone, de l’azote, de l’oxygène et de l’hydrogène. À ce titre, certains plastiques sont organiques. Mais, lorsqu’on parle de déchets organiques, on sous-entend organiques et biodégradables dans un temps raisonnable, de quelques jours à quelques mois. Et là, le plastique ne rentre plus dans la liste !

Céline Duguey

(1) Miniwaste : Programme coordonné par Rennes Métropole avec Porto (Portugal) et Brno (République Tchèque) dans le cadre du financement Life +.
(2) Irstea : Institut national de recherche en sciences et techniques pour l’environnement et l’agriculture. (3) HAP : hydrocarbure aromatique polycyclique.
(4) Résultat d’une enquête menée dans le cadre du projet Ecoval, qui a précédé Miniwaste.

Laurence Galon Tél. 02 99 86 65 69
l.galon [at] agglo-rennesmetropole.fr (l[dot]galon[at]agglo-rennesmetropole[dot]fr)

Anne Trémier Tél. 02 23 48 21 55
anne.tremier [at] irstea.fr (anne[dot]tremier[at]irstea[dot]fr)

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