« L’interdisciplinarité, c’est des histoires d’hommes et de femmes prêts à “perdre” du temps ! »

Portrait

N° 303 - Publié le 5 novembre 2012
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L'épreuve par 7
Françoise Gourmelon

Chercheur CNRS, en géomatique à Brest

Magazine

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Qu’auriez-vous fait si vous n’aviez pas été chercheur ?

Médecin. Pour l’engagement. Mais mes résultats au bac m’ont fait douter. J’ai intégré la fac de sciences avec la tentation fréquente de bifurquer vers la médecine, jusqu’à ce que je découvre la paléontologie, le terrain, le labo... Puis, dès la thèse, j’ai souhaité travailler dans le monde de la recherche.

Aujourd’hui, qu’avez-vous trouvé ?

Dans mon domaine, la géographie de l’environnement, le potentiel qu’offrent les recherches interdisciplinaires et le rôle que peuvent y jouer les technologies de l’information. L’interdisciplinarité, c’est des histoires d’hommes et de femmes prêts à “perdre” du temps en s’engageant dans un processus long aux résultats incertains ! Un vrai challenge à chaque fois renouvelé qui ouvre de nouveaux sujets de recherche...

Le hasard vous a-t-il déjà aidé ?

Oui, le hasard des rencontres, des lectures. Je pense notamment à un de mes projets de recherches sur les dynamiques socio-environnementales en milieu insulaire. Il a rebondi plusieurs fois grâce à des rencontres décisives, des opportunités de collaborations avec des chercheurs d’autres disciplines. Et depuis un an et demi, il sert de support à un atelier pédagogique sur le littoral proposé par Océanopolis pour les élèves de 3e !

Qu’avez-vous perdu ?

Une certaine innocence... Au cours de ces dernières années, le monde de la recherche s’est complexifié. Il génère souvent plus de concurrence que de complémentarité. Je suis actuellement directrice adjointe d’une grosse UMR(2) interrégionale impliquée dans de multiples structures fédératives. Pas simple à gérer, ni à animer. Mais cette fonction m’apprend beaucoup sur le facteur humain, sur le rôle déterminant des collectifs et des “passeurs” de frontières.

Que faudrait-il mieux ne pas trouver ?

Que cet investissement collectif ne serve à rien au final.

Quelle est la découverte qui changerait votre vie ?

Un système pour gérer le flux d’informations. J’aimerais trouver une solution pour préserver du temps pour lire, écrire... Que l’immédiateté n’empiète pas autant sur les étapes de maturation
et de réflexion.

Qu’est-ce qui vous ferait douter de la rationalité ?

Certaines décisions humaines, dans tous les domaines.

Interviewée par téléphone depuis son bureau de l’IUEM(1) par Nathalie Blanc.

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