Les squelettes s'exposent à Rennes

N° 319 - Publié le 4 avril 2014

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L’exposition Préhistoire(s), l’enquête fait découvrir de manière interactive les méthodes d’investigation des archéologues.

Reconnue d’intérêt national par le ministère de la Culture et de la Communication, l’exposition Préhistoire(s), l’enquête a séduit le public lors de sa création au Muséum d’histoire naturelle de Toulouse, en 2010. Plus de 93000 visiteurs ont mené l’enquête ! « Nous souhaitions faire une exposition sur la préhistoire en confrontant les méthodes de recherches archéologiques actuelles, aux techniques très pointues, avec des matériaux découverts autrefois », explique Gaëlle Cap, responsable du projet au muséum.

Le projet d’exposition a démarré en 2008 avec Jean Guilaine, professeur honoraire au Collège de France, président du comité scientifique. « Jean Guilaine a choisi la sépulture de Téviec, un joyau des collections du muséum de Toulouse, pour aborder les multiples composantes des disciplines de la préhistoire, dont l’anthropologie et la biologie, ainsi que les aspects techniques et économiques. » Conservée au muséum depuis 1938, la sépulture avait vieilli, la posture des corps était déstructurée. Le muséum a tout réexaminé. « Les squelettes ont été scannés pour étudier l’intérieur des ossements et repérer si des marques témoignaient des conditions de décès », explique Gaëlle Cap.  « Nous avons restauré de la sépulture, démontée puis remontée, et refait les armatures pour la restituer au public dans les conditions optimales. »

Après Toulouse, l’exposition est partie au Palais de la découverte, à Paris. « L’idée d’accueillir cette exposition à Rennes est née au printemps 2011, explique Cécile Houget, chargée des expositions et des médiations à l’Espace des sciences. Nous avions rencontré nos confrères du muséum de Toulouse au congrès Ecsite(1), qui réunissait à Varsovie les centres de sciences européens. Leur exposition nous a plu ! L’idée d’une enquête policière à partir d’une sépulture découverte en Bretagne était intéressante.»

Une enquête policière

« L’exposition montre les outils et les méthodes d’investigation, en archéologie, d’une façon très pertinente pour le public, pousuit sa collègue Jocelyne Vautier. Elle est interactive : le visiteur utilise un carnet et se retrouve au cœur de l’investigation. » La table d’autopsie est le point de départ de l’enquête : de quoi sont-ils morts, quand ont-ils vécu, quels étaient le climat, la faune, la flore, à quoi servaient ces outils ? Le visiteur cherche dans cinq laboratoires les clefs de l’énigme sur la mort des deux femmes.

Une animation

Chaque jour, les médiateurs proposent une animation baptisée “Enquête à Téviec”. Elle permet de comprendre les techniques qui font parler les hommes du passé : chronologie, anthropologie, archéologie expérimentale ou encore ethnoarchéologie. Après s’être plongé dans des multimédias et des vidéos, le visiteur découvre la vraie sépulture, de retour en Bretagne pour la première fois depuis 1937.

Du mésolithique au 21e siècle

5500 - 5300 av. J.-C. Occupation humaine du site de Téviec, qui est alors une pointe rocheuse continentale.

1883. Découverte de nombreux silex sur l’îlot de Téviec.

1928 - 1930. Découverte de dix sépultures mésolithiques contenant vingt et un squelettes, lors des trois campagnes de fouilles conduites par les archéologues Marthe et Saint-Just Péquart.

1937. Publication scientifique Téviec, station-nécropole mésolithique du Morbihan, par l’Institut de paléontologie humaine. Répartition des sépultures dans cinq musées en France (Carnac, Paris, Saint-Germain-en-Laye, Toulouse et Lyon).

1938. Au muséum de Toulouse, reconstitution de la sépulture et exposition au public.

2008. Choix des deux squelettes de Téviec pour l’exposition Préhistoire(s), l’enquête, en projet à Toulouse.

2010. Première découverte au muséum : la sépulture n’est pas celle d’un homme et d’une femme, comme on le croyait depuis 1928. Les squelettes sont ceux de deux femmes.

2012. Confirmation d’une seconde découverte par les médecins légistes : les crânes portent des marques de violence.

2014. Exposition temporaire à l’Espace des sciences, du 8 avril au 31 août.

Nicolas Guillas

(1)European Network of Science Centres and Museums (www.ecsite.eu).

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