Les designers sont sur le pont

Dans le monde du nautisme, les designers se démarquent. Surtout du côté de Vannes. Les trimarans de VPLP(1) ont remporté le Trophée Jules Verne(2), le dériveur gonflable Tiwal de Marion Excoffon a été élu bateau de l’année aux États-Unis, et le kayak Borneo de marque Bic, dessiné par Jean-Michel Cloarec de JMC Design a reçu le Prix du Design Produit en Bretagne 2014 (voir encadré). Le maître mot de ces designers ? Innover, pour adapter le bateau à son usager.

Un dériveur de poche

« L’utilisation d’un voilier standard présente quelques inconvénients, notamment le stockage et le transport, dit Marion Excoffon. J’ai donc voulu concevoir un voilier qui se range dans un placard et rentre facilement dans le coffre d’une voiture ! » Et c’est chose faite depuis 2012 : le voilier démonté se transporte dans deux sacs de 26 kg chacun. L’innovation se situe dans la coque gonflable, créée à partir d’un tissu à la fois flexible et résistant. « Une fois gonflé à haute pression, ce tissu à double paroi devient très rigide », précise la designer. Pas question pour autant de faire des compromis sur le reste de la structure : « Elle est très simple et comporte peu de matériaux. En vingt minutes, le Tiwal est prêt pour la mise à l’eau. » Aussi bien adapté à une utilisation sportive que familiale, il mesure 3,20 m avec une surface de voilure de 5,20 m² ou de 7 m2, au choix. Deux adultes et un enfant peuvent monter à bord. « On a également privilégié un maximum de sécurité, il n’y a pas de bôme, par exemple. »

De l’idée à la concrétisation, l’équipe de Marion Excoffon a connu de multiples étapes et échanges avec les financeurs(3), les ingénieurs et les fournisseurs. « À l’heure actuelle, nous commercialisons le Tiwal dans plusieurs pays du monde. Nous en avons vendu 60 en 2013 et nous faisons le pari d’en vendre 210 cette année. » Un célèbre club de vacances prévoit de s’en procurer pour ses navigateurs en herbe.

Quant au skipper professionnel, il se dirige plutôt vers les multicoques de course de VPLP. « Ce sont les contraintes qu’il impose qui nous amènent à concevoir le bateau le plus adapté à son programme de course », résume Xavier Guilbaud, architecte naval du cabinet.

Design et recyclage

« Le skipper Thomas Coville souhaitait un trimaran pour gagner la Route du Rhum(4), avec un budget limité. Nous avons donc fait le choix de transformer un bateau existant pour diminuer les coûts. » Mais le défi est d’autant plus important ! Le bateau d’origine, un trimaran(5) de 34 m, était adapté à un équipage de douze personnes et intégrait notamment deux cuisines et dix couchettes. « L’objectif principal était d’améliorer sa performance et d’adapter sa puissance de manière à ce qu’elle soit maîtrisable par un seul homme. Pour cela, nous avons conçu une nouvelle coque centrale, moins massive, moins haute et longue de 31 m. Par contre, elle n’est plus aménagée pour la vie à bord. » Mais une bulle de 3 m² habitable, située sur le pont, permet au skipper d’avoir rapidement accès aux manœuvres. « Et puisque la coque est plus légère, le plan de voilure (le mât et la voile) a pu être réduit et adapté à la navigation en solitaire. » Une fois transformé, le nouveau trimaran Sodebo Ultim’, mis à l’eau en mai dernier, pèse six tonnes de moins que l’original et sera d’autant plus facile à mener. Pari gagné ? Rendez-vous à la prochaine Route du Rhum pour le savoir !