« Mes travaux entrent dans une mission de prévention et de gestion du risque. »
Portrait
Je m’intéresse au devenir de certains contaminants environnementaux et alimentaires dans notre organisme. Notamment à leur incidence sur le développement du cancer primaire du foie. Cette maladie est un véritable problème de santé publique, c’est le troisième cancer le plus mortel. Dans les pays en développement, il est surtout dû à des virus, comme ceux des hépatites B et C. Mais depuis une vingtaine d’années, on observe dans les pays industrialisés une augmentation des cancers du foie en partie dus à des contaminants présents dans notre environnement. Je m’intéresse particulièrement aux amines hétérocycliques aromatiques (AHA), des molécules qui se forment lorsque l’on cuit de la viande ou du poisson - même à température standard -, mais que l’on trouve aussi dans les gaz d’échappement et la fumée de cigarette. Comme toutes les molécules, elles passent par le foie, où elles sont transformées pour être éliminées. Cependant, des intermédiaires se forment lors de cette transformation et ne sont pas éliminés. Ils s’accrochent à l’ADN, forment ce que l’on appelle des adduits, et entraînent des mutations, première étape du cancer. En travaillant sur des cellules humaines, nous avons notamment montré que l’on y retrouve cent fois plus d’adduits à l’ADN dérivés des AHA que chez les animaux, et que ce taux varie beaucoup selon les individus. Ces travaux entrent dans notre mission de prévention, et permettent d’identifier certains des intermédiaires comme des marqueurs d’exposition aux AHA, par exemple. Ils apportent alors des éléments de décision pour l’analyse du danger et la gestion du risque chez l’homme.
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du magazine Sciences Ouest