Les chercheurs se mobilisent

N° 337 - Publié le 21 mars 2017
Eurasc
Canadienne d’ascendance bretonne, Corinne Le Quéré a été récompensée pour ses recherches sur le cycle du carbone, dont elle est l’une des meilleures spécialistes mondiales.

Réunie à Brest, l’Académie européenne des sciences a signé une déclaration pour le climat. Afin que les décideurs agissent.

L’Académie européenne des sciences (500 membres, dont 65 prix Nobel) s’est réunie au Quartz à Brest, les 27 et 28 octobre derniers. Cet événement annuel portait sur le thème du changement climatique. Les chercheurs, excellents dans leurs disciplines, ont signé la “déclaration de Brest sur l’atténuation et l’adaptation aux changements climatiques”. L’objectif est d’attirer l’attention des décideurs politiques et des négociateurs de la COP21 sur l’urgence à agir et la nécessité de se fixer des objectifs ambitieux (1). Dans ce texte, l’Académie (Eurasc) rappelle « les preuves scientifiques irréfutables du changement climatique et de ses impacts présents et futurs. » Elle insiste sur l’importance de réduire les émissions de gaz à effet de serre pour réduire les risques climatiques : « Cela apportera des avantages sociaux et de santé à court terme, améliorera les perspectives d’adaptation (...) et favorisera la résilience face au changement climatique, dans l’optique d’un développement durable et de la préservation des services écosystémiques dont nous dépendons tous. » L’océanographe Paul Tréguer, fondateur de l’Institut universitaire européen de la mer à Brest, et Pascal Olivard, président de l’Université de Bretagne Occidentale, sont à l’initiative de cette venue. Neuf conférences ont été données par des chercheurs de haut niveau, dont Jean Jouzel. Cet événement a été l’occasion de décerner cinq médailles Blaise Pascal. La chercheuse Corinne Le Quéré, qui dirige depuis Norwich (Grande-Bretagne) le Tyndall Centre for Climate Change Research (2), est la lauréate dans la catégorie Sciences de la Terre et de l’environnement.

 

Optimiste pour la COP21

Canadienne d’ascendance bretonne, Corinne Le Quéré a été récompensée pour ses recherches sur le cycle du carbone, dont elle est l’une des meilleures spécialistes mondiales. Elle a cosigné les trois derniers rapports du Giec. Ses recherches (en physique, météorologie, océanographie, puis biogéochimie) permettent de mieux comprendre les émissions liées à la combustion de gaz fossilisé : quand on coupe une forêt, quelle quantité équivalente de gaz entre dans l’atmosphère, quelle proportion absorbe les océans et la biosphère terrestre, quelle est l’efficacité des puits de carbone quand le climat évolue(3) ? Corinne Le Quéré participera aux rencontres de la COP21, à Paris.

« Je suis assez optimiste pour la COP21, nous explique-t-elle. Il y a eu beaucoup de travail en amont, réalisé par les Nations unies, pour que chaque pays réfléchisse et apporte sa contribution sur la table. C’est très différent de 2009 à Copenhague. Je pense que nous arriverons à un accord minimum, qui pourrait être resserré ensuite. Un accord, basé sur les contributions de tous les pays, qui mentionne le “deux degrés” comme étant la limite acceptable de changement climatique. Et qui précise que les émissions doivent être proches de zéro, avant un siècle, pour résoudre le problème. Si nous avons ces éléments-là, cela pourrait être assez puissant. »

Nicolas Guillas

(1) La Déclaration de Brest sur le site du CNRS : http://bit.ly/1I1hVPU.

(2) Ce centre de recherche est entièrement dédié à l’étude du changement climatique. Il réunit 80 chercheurs de toutes disciplines, dans sept universités britanniques et une université chinoise. www.tyndall.ac.uk

(3) La présentation de Corinne Le Quéré à Brest : http://bit.ly/1LYyt7t.

Corinne Le Quéré
twitter.com/clequere
c.lequere@uea.ac.uk

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