L'eau de mer deviendra douce
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Des physiciens de Rennes inventent une machine qui extrait le sel de l’eau de mer sans consommer trop d’énergie.
Dessaler l’eau de mer pour produire de l’eau douce potentiellement potable, ce n’est pas forcément énergivore. Paul Byrne, thermicien à l’IUT de Génie civil(1) (Université de Rennes 1), en donne la preuve. Ses travaux ont commencé en 2005 avec la mise au point d’une première machine, une thermofrigopompe. « Ça fonctionne comme un réfrigérateur. Le principe est d’exploiter la chaleur perdue lors de la production du froid. Le procédé n’est pas nouveau mais nos recherches améliorent sans cesse ses performances », explique le chercheur. La thermofrigopompe peut, par exemple, intéresser les complexes hôteliers qui nécessitent une production simultanée de chaleur et de froid, lorsque les chambres sont climatisées et la piscine extérieure, chauffée, par exemple. Mais dans les régions du sud, le besoin en chaleur est moindre. L’équipe de Paul Byrne s’est donc penchée sur d’autres manières de valoriser cette production. « La chaleur peut être utilisée pour distiller, c’est-à-dire séparer les composants d’un liquide, poursuit-il. Il existe plusieurs techniques qui peuvent s’appliquer au dessalement de l’eau de mer. Nous avons choisi la distillation membranaire parce que ses avantages sont triples : elle est efficace à partir de 30 °C, une température que la thermofrigopompe est capable de produire. Elle est plutôt simple à mettre en œuvre et engendre peu de surconsommation d’énergie. » Le principe ? L’eau de mer est chauffée, puis, par un jeu de pression, l’eau pure s’évapore, traverse une membrane et se condense sur une plaque froide. Le sel reste de l’autre côté de la membrane. Un prototype associant une thermofrigopompe à un distillateur sera finalisé d’ici à fin février à l’IUT de Saint-Malo, au plus près de la ressource en eau de mer(2). Actuellement destiné à des petites structures, le système pourrait prendre de l’ampleur.
« Il reste des questions en suspens mais elles sont surmontables. Par exemple, la membrane a une taille limitée mais on peut très bien multiplier les unités. » On imagine déjà une production d’eau douce à grande échelle, dans les bureaux en zone côtière dans les pays du Sud, ou en Asie du Sud-Est, là où les condenseurs de climatisation installés sur les barres d’immeubles perdent une quantité importante de chaleur dans l’atmosphère !
(1) Équipe MTRhéo du Laboratoire génie civil génie mécanique (LGCGM).
(2) Grâce à une étude de caractérisation sur un pilote de distillation d’Ahmadou Diaby, un doctorant encadré par Paul Byrne et Thierry Maré de l’IUT de Saint-Malo, en collaboration avec Patrick Loulergue, Béatrice Balannec et Anthony Szymczyk de l’équipe Chimie et ingénierie des procédés, de l’Institut des sciences chimiques de Rennes.
Rens. : Paul Byrne
tél. 02 23 23 42 97
paul.byrne@univ-rennes1.fr
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