C’est un privilège de pouvoir explorer ce qui a été créé.
Portrait
Enseignant-chercheur et physico-chimiste à l'Institut de Physique de Rennes
Je ne sais pas, car j’ai toujours aimé la chimie et la physique. Dès mon plus jeune âge, j’ai commencé à faire des mélanges avec tout ce que je trouvais dans la cuisine, alors mes parents ont fini par m’acheter un kit de chimiste.
Les nuages interstellaires sont les objets les plus massifs de l’Univers. Avoir une idée de leur masse est très important, mais pour y arriver, on est obligé de passer par des intermédiaires car les éléments qui les composent, comme le dihydrogène, ne sont pas visibles, même par les radiotélescopes. La réaction de transformation du dihydrogène (H2) en acide fluorhydrique (HF) permet d’y arriver. Avec mes collaborateurs, on a réussi à reproduire cette réaction - à une température identique à celle de l’espace : - 260 °C ! - et à mesurer sa vitesse. C’est ce résultat que les astrophysiciens utilisent pour “peser” les nuages interstellaires. Au final, la masse estimée a évolué d’un facteur 2. Ce résultat m’a beaucoup marqué.
Le hasard, au sens statistique, joue un rôle clé en physique que je trouve fascinant. Au sens ordinaire du mot, je trouve que j’ai eu beaucoup de chances dans ma carrière : celle d’avoir travaillé avec des grands noms de mon domaine comme le professeur Ian WM Smith (mon directeur de thèse, maintenant à la retraite) et aussi celle d’être venu un jour travailler ici à Rennes ! En même temps, je suis croyant et je n’attribue pas tout ce qui se passe au hasard.
La recherche internationale est très compétitive, alors on perd souvent... ! Mais c’est le principe de la recherche exploratoire : ce sont les échecs qui font avancer.
Je ne souhaite pas trouver de choses qui risqueraient d’être exploitées pour faire du mal aux autres.
J’aurais aimé inventer le “micro-ondes inversé”, c’est-à-dire qui refroidit rapidement ! Cette découverte ne changerait pas ma vie, mais me rendrait peut-être riche. C’est un sujet de plaisanterie en famille : j’avais eu cette idée quand mes enfants étaient petits et qu’après un passage au four micro-ondes, les plats étaient souvent trop chauds.
De croire que l’Univers que j’étudie est le fruit du simple hasard et qu’il est sans but ultime. Pour moi c’est un privilège de pouvoir explorer ce qui a été créé.
(1) Bourse ERC (European Research Council) Advanced Grant : http://erc.europa.eu.
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du magazine Sciences Ouest