La maison qui capture le soleil

La coupe du monde de la maison solaire aura lieu en Chine, en octobre 2017. Vingt équipes participent à l’événement “Solar Decathlon China(1)”. Elles sont chinoises, coréenne, indienne, turque, canadienne, allemande, italienne, britannique... et française. Cette équipe est basée à Rennes. Elle a été montée par l’association Team Solar Bretagne, créée en 2014(2). Les Bretons peuvent-ils remporter ce concours biannuel, arbitré par un jury international d’architectes et d’ingénieurs ? « Oui, nous avons des chances de gagner, répond sans hésitation Olivier Helary, qui coordonne l’association. Le comité d’organisation nous a classés dans le top five. »

Ingénieur en génie civil et architecte, le jeune homme fait travailler ensemble des architectes, des ingénieurs, des sociologues, des artisans, des domoticiens, des énergéticiens du bâtiment... Soutenue par les collectivités(3), l’association réunit 90 membres, dont des établissements de recherche et d’enseignement(4), des chercheurs et des étudiants. Ses objectifs ne se limitent pas au concours : un projet d’habitat durable, pour partager et revaloriser l’habitat des centres-bourgs bretons, est mené en parallèle. « Nous nous intéressons à toutes les dimensions de l’habitat de demain, résume Olivier Helary. Les questions d’énergie et de domotique, mais aussi les problématiques sociologiques et l’aménagement du territoire. »

Universités chinoises

Le concours Solar 2017 sera organisé dans la ville de Dezhou. Elle se situe dans la province maritime du Shandong, jumelée avec la Bretagne. Plutôt que de faire le projet en solo, l’association collabore avec deux universités chinoises. La maison de 120 m2 sera construite à Jinan, la capitale du Shandong, à partir de février prochain. Elle sera démontée, déplacée en camion et remontée en 15 jours sur le site du concours. En juillet dernier, Olivier Helary s’est rendu en Chine avec Philippe Madec, professeur à l’École nationale supérieure d’architecture de Bretagne, et sept étudiants(5). Ils ont dessiné la maquette de la maison et défini l’avant-projet.

« La maison doit produire de l’énergie solaire, consommer autant d’énergie qu’elle en produit, et respecter des critères de confort (température, humidité). Une cheminée solaire assurera une ventilation naturelle, plus efficace que la VMC(6) pour la qualité de l’air intérieur : c’est une verrière, au faîte du toit, gérée par la domotique. En hiver, ce point chaud rayonne dans la maison. Et l’été, l’air chaud s’évacue par le haut. » Le toit de 80 m2 sera couvert de panneaux solaires hybrides, sous lesquels des panneaux thermiques chaufferont l’eau. Design général, murs en ossature bois avec de la paille, matériaux locaux et fibres végétales pour le mobilier, hall, salon avec table pour huit personnes, cuisine avec des plaques à induction, deux chambres avec lits : tout est prévu.

La communication de ce projet d’architecture est aussi évaluée par le jury. Si ce projet l’emporte, la maison solaire franco-chinoise servira d’incubateur pour le territoire de la ville de Dezhou. Les enseignements de ce prototype pourront aussi servir en Bretagne. À suivre.