Dans le monde entier, les canyons sous-marins abritent des écosystèmes riches, méconnus et menacés.
En mer, les plateaux continentaux (1) sont entaillés de canyons. Ceux-ci mesurent plusieurs dizaines de kilomètres de long, pour une profondeur de 2000 m en moyenne. Ces grandes vallées sous-marines sont propices pour apporter les sédiments riches en matière organique des côtes vers les fonds marins. Lenaïck Menot, chercheur à l’Ifremer de Brest, étudie la biodiversité des canyons du golfe de Gascogne. Il a participé à une étude internationale, publiée le 31 janvier dernier. Le but était de faire le bilan des recherches menées sur le sujet à travers le monde. Cette synthèse a notamment permis de mieux cerner les causes de l’hétérogénéité des habitats et de la faune, au sein d’un même canyon. Et cette diversité est élevée : rien que dans le golfe de Gascogne, soixante formes de coraux différentes ont été identifiées. À chaque grand type d’habitat corallien est associé à un type de faune spécifique. Mais ces environnements sont menacés. Des déchets d’origine humaine ont été repérés dans tous les canyons étudiés. La pêche pèse aussi sur ces milieux. Pas directement, car elle est interdite à plus de 800 m de profondeur, mais les chalutiers qui pêchent en bordure des canyons remettent en suspension des sédiments anciens. « Des collègues espagnols, qui ont étudié un canyon en Méditerranée, ont noté un pic de sédimentation du lundi au vendredi, de 9 h à 17 h », raconte le biologiste. Ces périodes correspondent aux horaires de pêche. Ce sédiment, appauvri en matière organique, ensevelit la faune des canyons.
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