«Nous travaillons à charge et à décharge : nous pouvons incriminer l’auteur d’une infraction, ou le discriminer.»
Portrait
Ingénieur de police scientifique
Après des études de biologie, je voulais m’orienter vers les métiers canins. J’ai finalement passé des concours pour devenir aide technique de laboratoire, pour la police. Par recrutement interne, je suis devenue ingénieur de police technique et scientifique.
J’ai trouvé du plaisir à identifier des auteurs d’infractions. Participer à la résolution d’enquêtes est une vraie satisfaction. On a l’impression d’être utile !
Non. Je ne crois pas au hasard. Sur une scène d’infraction, nous travaillons toujours en binôme. Sans une symbiose entre l’enquêteur et le policier scientifique, nous passerions à côté de beaucoup de choses. L’enquêteur aiguille le policier scientifique, qui apporte sa vision grâce aux outils de la science. C’est de la réflexion et de la concordance d’informations. Ce n’est pas du hasard.
Ma foi ! Non. Mais la réponse pénale est parfois démotivante. Nous prouvons qu’un délinquant a fait un cambriolage, qu’il était sur les lieux, que ses mains étaient sur les objets. Nous identifions des auteurs en mettant tout en œuvre, parfois pendant des mois et des années, en multipliant les techniques, car elles ont évolué... Mais malgré tout, des auteurs peuvent rester impunis. C’est terrible pour les victimes.
Il faut qu’on trouve. Pour chaque infraction, mineure ou majeure, nous sommes obligés de répondre à la demande d’identification de l’auteur. C’est une insatisfaction personnelle de revenir d’une scène d’infraction sans indice ni trace.
Tout nouveau procédé technique est pour nous une avancée. Il y a quelques années, nous ne parlions que de biologie et de traces papillaires (2). Aujourd’hui, nous utilisons une multitude de technologies, notamment informatiques. La police scientifique est une discipline qui ne peut être qu’évolutive.
Nous travaillons à charge et à décharge : nous pouvons incriminer l’auteur d’une infraction, ou le discriminer. Nous travaillons en équité et en transparence. Mais notre rationalité n’est pas toujours en adéquation avec celle de la justice. Est-ce rationnel de relâcher quelqu’un qui a commis un acte ?
(1) En 2010, l’Espace des sciences a présenté l’exposition Meurtre à l’Espace des sciences, pour découvrir l’univers de la police scientifique.
(2) Traces laissées par la peau, notamment les empreintes digitales.
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du magazine Sciences Ouest