« Grâce à des rencontres avec des biologistes au hasard de conférences, nos recherches sur les matériaux appliquées au domaine médical ont débuté. »

Portrait

N° 356 - Publié le 6 novembre 2017
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L'épreuve par 7
Thierry Gloriant

Professeur en sciences des matériaux, à l’Insa(1) de Rennes

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Qu’auriez-vous fait si vous n’aviez pas été chercheur ?

Ce qui me passionne dans la recherche, c’est l’esprit de créativité. Cela rejoint beaucoup de disciplines artistiques, alors peintre, musicien pourquoi pas... sauf que je n’ai malheureusement aucun don artistique ! Ou alors la gastronomie, car j’aime cuisiner et mélanger des ingrédients, c’est encore de la chimie !

Aujourd’hui, qu’avez-vous trouvé ?

De nouveaux alliages de titane biocompatibles qui permettent de fabriquer des dispositifs médicaux fonctionnels(3). Actuellement, des implants comme les stents cardio-vasculaires (ressorts utilisés pour maintenir une artère ouverte) ou les agrafes orthopédiques sont fabriqués avec des alliages contenant du nickel, qui est très allergisant.
Il fallait donc trouver des substituts non toxiques avec les mêmes fonctionnalités de superélasticité et de mémoire de forme.

Le hasard vous a-t-il déjà aidé ?

Les projets se construisent souvent au hasard des rencontres. J’ai longtemps travaillé sur les alliages pour l’aéronautique. Au hasard de conférences, j’ai rencontré des biologistes qui étaient frustrés de toujours étudier les mêmes alliages biocompatibles. Nous, nous étions capables d’en fabriquer d’autres.

Qu’avez-vous perdu ?

On perd pas mal de ses certitudes au fil du temps. On se rend compte que rien n’est jamais complètement acquis et que le doute persiste.

Que faudrait-il mieux ne pas trouver ?

Peut-être ne faudrait-il jamais pouvoir démontrer que Dieu existe ou non. Il faut laisser la science d’un côté et le religieux de l’autre.

Quelle est la découverte qui changerait votre vie ?

Vous me prenez au dépourvu... On peut fantasmer sur la découverte de l’élixir du bonheur ou le moyen d’atteindre l’immortalité par exemple, c’est sûr que ça changerait la vie, mais je ne suis pas du tout certain que ça la changerait en bien !

Qu’est-ce qui vous ferait douter de la rationalité ?

Beaucoup de choses. Il faut bien entendu de la rationalité en recherche, mais d’un autre côté, il ne faut pas s’empêcher d’étudier quelque chose qui semble irrationnel, du moment que ça puisse se faire avec une démarche scientifique.

PROPOS RECUEILLIS PAR Maryse Chabalier
Sur le point de créer une start-up, il vient de recevoir une bourse de la Fondation BPO(2) pour l’innovation et a été interviewé par Maryse Chabalier.

(1) Institut national des sciences appliquées.
(2) Banque populaire de l’Ouest.
(3) Lire Les prothèses s’humanisent, Sciences Ouest n° 296-mars 2012.

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