Manger local : le bilan carbone varie

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N° 359 - Publié le 5 février 2018
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Dans les grandes villes, le bilan carbone du transport des aliments locaux n’est pas négligeable.

Le transport d’aliments locaux peut émettre plus de dioxyde de carbone que celui d’un produit venant de l’extérieur de la région, voire de l’étranger ! C’est la conclusion étonnante d’une étude faite par des chercheurs de l’Inra(1) des centres Bretagne-Normandie et Versailles-Grignon. Faute de données sur les flux des produits alimentaires en France, ils ont réalisé des modélisations théoriques. « Nous sommes partis d’un scénario favorable à la production locale, où l’on suppose que l’on peut tout produire n’importe où », explique Carl Gaigné, directeur de recherche de l’unité Smart(2), à Rennes.

Dans les grandes villes, s’approvisionner uniquement avec des produits locaux se révèle moins écologique que d’importer des denrées. Ceci s’explique par le fait que les aliments nécessitent non seulement d’être transportés entre le lieu de production et de consommation, mais aussi au sein du bassin de production, par exemple, entre les élevages et une laiterie. « Ces transports sont souvent négligés, pourtant ils représentent la majorité des déplacements », explique le chercheur. Ce sont de petits volumes, très fréquents, effectués la plupart du temps en camion. Ils sont donc plus polluants que les transports à grande distance, par bateau ou train.

 

La superficie nécessaire pour produire l’alimentation annuelle d’un Français moyen est d’environ 0,33 hectare par habitant. Il faudrait plus de trois millions d’hectares pour nourrir les douze millions de Franciliens, soit six fois plus que la surface agricole de l’Île-de-France. Étendre la zone de production signifie augmenter les déplacements pour relier les lieux de collecte et de transformation. « La somme des déplacements parcourus par les produits agricoles au sein d’un bassin de production augmente plus vite que la production de ces biens », précise le chercheur. Le bénéfice écologique des circuits courts est plus notable pour les villes de taille intermédiaire(3), qui nécessitent une zone de production moins étendue. Mais les bénéfices écologiques dépendent d’un grand nombre de facteurs, comme la productivité des terres, le type de produit, son mode de production, de transport... Impossible d’établir une règle universelle pour savoir quand acheter local et quand privilégier un produit plus lointain. D’autant que les critères économiques et sociaux entrent aussi en ligne de compte.

(1) Institut national de la recherche agronomique.
(2) Structures et marchés agricoles, ressources et territoires, Umr Inra-Agrocampus Ouest.
(3) D’environ 100000 à 300000 habitants.

Carl Gaigné
tél. 02 23 48 56 08
carl.gaigne@inra.fr

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