Camille veut comprendre le monde
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Originaire de Lannion, la lauréate de Ma thèse en 180 secondes est une chercheuse prometteuse.
Sur scène, Camille Vautier est concentrée et dynamique. Elle présente sa thèse : le contexte, les étapes de la recherche et les résultats. En trois minutes, le public comprend ses études sur la qualité des nappes souterraines. Le 13 juin à Toulouse, la jeune chercheuse reçoit le troisième prix du concours national Ma thèse en 180 secondes(1).
Avec Frédérique Vidal
Quelques jours plus tard, Camille est toujours très occupée. Pas facile de fixer un rendez-vous ! Elle n’est pas une adepte du téléphone mobile. La rencontre a lieu sur le campus de Beaulieu, à Rennes, dans son bureau, qu’elle partage avec son stagiaire. Les livres s’empilent. Sur le sol, des sacs à dos et des chaussures. Ce désordre est en décalage avec la posture de la chercheuse, très droite sur sa chaise. Les trophées du concours MT180 sont posés sur un meuble. Une photo est scotchée sur l’armoire : Camille est entre la ministre de la Recherche Frédérique Vidal et Jean-Raynald de Dreuzy, son directeur de thèse. Pas mal pour une étudiante de 25 ans en deuxième année de thèse !
La jeune hydrologue s’exprime avec calme. « J’ai envie de mieux regarder le monde pour le comprendre. » Pour elle, il faut voir les choses dans leur ensemble. « Quand on observe une fleur, elle est souvent à côté d’un caillou sur la terre. » La chercheuse travaille au croisement des disciplines avec des physiciens et des chimistes.
En bottes sur le campus
Ce sens de l’observation, Camille l’a développé dans son expérience de naturaliste. La doctorante, qui a grandi à Lannion, bat souvent la campagne, les bassins versants et leurs ruisseaux. Elle porte même ses bottes en caoutchouc sur le campus, pour cueillir des pommes. « Ça fait parfois rire mes collègues, mais je m’en fiche ! »
Quand elle aura terminé sa thèse, l’an prochain, Camille poursuivra ses recherches. Mais pas seulement. « J’ai toujours voulu enseigner, insiste-t-elle avec conviction. J’ai sans doute été influencée par ma mère(2), qui enseigne l’allemand dans un lycée, à Lannion. » Sa professeure de SVT(3) Danièle Salaün se souvient bien de cette lycéenne : « Camille est perfectionniste et agréable. Elle est douée. Mais elle travaille dur pour réussir ! » Elle a obtenu 19,92 au bac. Après le lycée Félix Le Dantec, direction Henri IV à Paris, où la bachelière a intégré une classe préparatoire(4). Deux ans plus tard, elle a poursuivi ses études à l’École normale supérieure de Lyon.
Aujourd’hui, Jean-Raynald de Dreuzy, également directeur de l’Osur(5), est à son tour convaincu de son potentiel.
« Camille est une excellente scientifique, elle fera partie des meilleurs chercheurs. Sa présentation au concours MT180 est à l’image de sa rigueur et de l’originalité de ses recherches. » Après avoir interviewé Camille, il faut la laisser à ses préparatifs. Elle s’envole le lendemain pour une école d’été au centre CNRS de Cargèse, en Corse. Elle n’arrête jamais de travailler !
(1) Camille Vautier a été récompensée aux finales interrégionale (Bretagne et Pays de la Loire) et nationale en 2018.
(2) Le père de Camille est le réalisateur René Vautier.
(3) Sciences de la vie et de la terre.
(4) Préparation au concours BCPST (Biologie, chimie, physique et sciences de la terre).
(5) Observatoire des sciences de l’Univers à Rennes.
Camille Vautier, tél. 02 23 23 75 87
camille.vautier@univ-rennes1.fr
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