Une étude inédite sur un champignon

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N° 386 - Publié le 25 février 2021
SALOMÉ REMAUD
Jean-Pierre Gangneux, professeur au CHU de Rennes, présente à l’écran l’analyse microscopique d’un prélèvement respiratoire.

À Rennes, une équipe du CHU a étudié le rôle du champignon Aspergillus chez les patients atteints de formes graves du Covid-19.

« Aspergillus est présent dans le poivre, les fruits, la poussière… Il y en a partout. On en respire 2 ou 3 spores par mètre cube d’air » explique le professeur Jean-Pierre Gangneux, parasitologue-mycologue au CHU de Rennes. Mais pour les patients Covid atteints du syndrome de détresse respiratoire aiguë1 (SDRA), ce micro-champignon peut être mortel2. Dans quelle mesure Aspergillus fumigatus augmente-t-il le risque de mortalité de ces patients fragiles ? L’étude My-co-vid, lancée en mars 2020, apporte aujourd’hui son éclairage.
Coordonnée au CHU de Rennes par Jean-Pierre Gangneux, elle a inclus 509 patients. Dix-huit centres hospitaliers3 ont suivi un protocole scientifique dans leur unité de soins intensifs. Une à deux fois par semaine, chaque patient concerné a bénéficié d’un dépistage du champignon. Résultat : « l’aspergillose touche environ 20 % des patients Covid souffrant de SDRA. » Pour eux, le danger est grand car le risque de mortalité est doublé par Aspergillus (passant de 30 à 59 %).

Un dépistage systématique

« Ce genre de champignon est capable de pousser en milieu extrême, comme dans la confiture qui est très sucrée : il peut lui donner un aspect de moisissure verte. » Alors comment lutter contre Aspergillus fumigatus lorsqu’il pose problème, notamment à l’hôpital ? L’usage de chambres individuelles stériles, destinées à filtrer l’air ambiant, pourrait être une solution, mais c’est malheureusement complexe et coûteux4. « La seule prévention possible est un dépistage systématique. » Mieux vaut prévenir que guérir. D’autant qu’une résistance aux antifongiques utilisés pour traiter l’infection, « très proches des fongicides utilisés en grande quantité dans l’élevage et l’agriculture », émerge chez ce champignon.

SALOMÉ REMAUD

1. Forme sévère d'insuffisance respiratoire.
2. Il est à l’origine d’une infection fongique grave appelée l’aspergillose invasive
3. À Brest, Grenoble, Lille, Lyon, Nantes, 8 hôpitaux de l’AP-HP à Paris, Poitiers, Rennes, Strasbourg, Toulouse et Tours.
4. Ce système est réservé aux patients leucémiques greffés de cellules souches hématopoïétiques.

Jean-Pierre Gangneux
02 23 23 44 90
jean-pierre.gangneux@univ-rennes1.fr

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