Lorient est gonflé à bloc

Hydrogène : un chantier moteur

N° 388 - Publié le 29 avril 2021
NICOLAS GUILLAS
Yves Grohens à ComposiTIC, où un robot fabrique des réservoirs d’hydrogène en incluant un film plastique.

Magazine

4320 résultat(s) trouvé(s)

Un campus technique dédié à l'hydrogène va être installé à Lorient pour la recherche appliquée, les entreprises et la formation. Avec les yeux tournés vers la mer.

« La demande sera forte en mer pour l'hydrogène. Nous venons en appui à la filière maritime, qui va avoir besoin d'électrolyseurs, de piles à combustible et de réservoirs adaptés. » Chimiste des matériaux, Yves Grohens est le vice-président de l'Université Bretagne Sud (UBS), en charge de l'innovation. Avec le soutien de l'agglomération de Lorient, l’UBS se spécialise dans l'hydrogène.
Une halle de 750 m² sera construite avant la fin de l'année. Ce plateau sera voisin de celui de ComposiTIC, dirigé par Yves Grohens, où naissent des matériaux ultra-résistants. Ici, 35 ingénieurs et chercheurs démontrent la maturité de technologies, afin que des sociétés innovantes les produisent. Les robots de la société voisine Coriolis, sortes d'imprimantes 3D géantes, créent des prototypes de voiliers pour la course au large et des parties d'avions et de voitures.

Un prototype d'électrolyseur

La recherche est déjà active à l'UBS pour fabriquer de l'hydrogène à partir d'eau (électrolyse), autour du professeur Philippe Mandin. Il fait partie de la quinzaine de chercheurs français en électrochimie, spécialistes de l’électrolyse. « Nous cherchons à produire un prototype d'électrolyseur intelligent, résume-t-il. Le plateau technique sera un démonstrateur. Nous acquerrons des électrolyseurs et des piles à combustible, pour mesurer et modéliser les performances des systèmes. » De nombreux acteurs publics se lancent dans l'aventure. « Notre expertise servira aussi à conseiller les collectivités qui investissent dans la mobilité décarbonée, et les industriels qui attendent pour produire. »

Outil pour la formation

Le plateau, appelé Technocampus H2, sera aussi un outil pour la formation. Philippe Mandin souhaite ouvrir une licence professionnelle. Des collaborations sont engagées avec les industriels locaux, dont le Chantier naval Bretagne Sud. « Nous voulons faire partie de ce projet, pour accompagner l'agglomération de Lorient dans l'hydrogène, confirme Yannick Bian, le directeur du chantier. Nous pourrons recruter des étudiants et être le premier consommateur de leur intelligence ! Les scientifiques de l'UBS cherchent à faire de l'électrolyse avec de l'eau salée et à améliorer les rendements. Ça compte pour le futur. »

En outre, l'une des spécialités de ComposiTIC est la conception et la fabrication d'un objet plus qu'essentiel : le réservoir à hydrogène. « Cette activité s'intégrera dans un chaînage parfait, résume Yves Grohens. De l'énergie verte, produite grâce à des panneaux photovoltaïques sur le toit, alimentera un électrolyseur. Le gaz est stocké pour réaliser des tests. Du prototype jusqu'à l'engin final, qu'il s'agisse d'un bateau ou d'un drone. » L'hydrogène leur fait pousser des ailes.

NICOLAS GUILLAS

TOUT LE DOSSIER

Abonnez-vous à la newsletter
du magazine Sciences Ouest

Suivez Sciences Ouest