Roscoff : 150 ans de recherches, les pieds dans l’eau

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N° 396 - Publié le 27 janvier 2022
WILFRIED THOMAS / STATION BIOLOGIQUE DE ROSCOFF

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L’année 2022 est placée sous le signe des célébrations pour la station finistérienne. Entretien avec Catherine Boyen, sa directrice depuis 2019.

Pourquoi une station biologique a-t-elle été installée dans la petite ville de Roscoff ?

Le laboratoire a été fondé en 1872 par Henri de Lacaze-Duthiers, professeur titulaire de la chaire de zoologie de la Sorbonne. Le site présentait plusieurs avantages pour mener des recherches en biologie marine, “les pieds dans l’eau”. Tout d’abord, la côte de Roscoff présente une exceptionnelle biodiversité1, idéale pour répertorier la faune et la flore. Ensuite, son grand marnage2 permet d’accéder quotidiennement à de nombreux organismes marins. À une époque où la station n’était pas encore reliée à l’électricité, la régularité des horaires de marée basse, toujours entre 12 h et 15 h lors des vives-eaux3, simplifiait l’organisation des études de terrain. Le dernier avantage tenait aux transports : la liaison ferroviaire entre Paris et Morlaix facilitait le voyage des chercheurs et des étudiants.

Sa mission a-t-elle changé au fil du temps ?

L’accueil et l’enseignement scientifique figurent toujours au cœur de la vie du laboratoire. Mais les champs de recherche se sont considérablement élargis en 150 ans puisque les avancées technologiques ont permis le développement de la biologie moléculaire et de la génomique.
Certains changements institutionnels ont aussi révolutionné l’activité scientifique. Jusqu’aux années 1970, la station n’était occupée que l’été. L’installation permanente des équipes a permis le déploiement de nouvelles recherches en biologie et en écologie. Puis la mission de la station s’est à nouveau élargie avec la création d’un Observatoire des sciences de l’Univers en 1985. Elle est maintenant chargée de suivre l’évolution du milieu littoral pour mieux comprendre les enjeux écologiques actuels, comme le changement climatique et l'effet des activités humaines. Les équipes ont notamment suivi les répercussions à long terme du naufrage de l’Amoco Cadiz4 au large du Finistère.

Quels sont les événements commémoratifs prévus cette année ?

Pour les chercheurs, un colloque se tiendra en octobre 2022 afin de retracer l’histoire scientifique de la station et de faire le point sur les avancées de la recherche. Le grand public, quant à lui, pourra découvrir des anecdotes, des personnalités et des faits scientifiques marquants dans un ouvrage à paraître au printemps5. Les amateurs de sciences marines pourront également suivre un cycle de huit conférences retransmises en direct depuis l’auditorium de Roscoff. Enfin, grâce à un partenariat avec l’Eesab6, des artistes et étudiants réaliseront des productions à partir des données collectées en laboratoire dans le cadre d’un programme de résidence artistique. Croiser leurs regards et ceux des scientifiques permet d’engager des discussions très fructueuses et de sensibiliser le public autour des grands enjeux liés à l’océan. L’objectif est de favoriser la construction participative des savoirs !

ALEXANDRA D’IMPERIO

1. On parle aujourd’hui de hot spot de biodiversité.
2. Différence de hauteur d'eau entre la marée haute et la marée basse.
3. Marées d'amplitude supérieure à la moyenne.
4. Marée noire survenue en 1978.
5. Aux éditions Locus Solus.
6. École européenne supérieure des arts de Bretagne.

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