Des solutions préventives existent
La solution est dans les champs
« Pour limiter la prolifération des algues vertes, le seul moyen à notre disposition est de diminuer la concentration des nitrates qui arrivent par les rivières », annonce Patrick Durand, directeur de recherche1 à l’Inrae2 à Rennes. Pour cela, il n’existe malheureusement pas de solutions miracles : les pratiques agricoles doivent évoluer et poursuivre leur métamorphose.
Prairies permanentes
Certaines solutions préventives peuvent contribuer à ce dessein complexe. « Généralement, les nitrates circulent par le sol des zones de bas de versant3 avant d’arriver aux rivières. L’idéal serait donc de placer à ces endroits des prairies permanentes, constituées de végétaux capables de capter les nitrates toute l’année, à l’inverse des cultures annuelles actuelles. » Une autre possibilité serait de changer le modèle des cultures classiques qui alternent le maïs,
le blé et les prairies temporaires. « Ce paysage agricole dominant en Bretagne ne permet pas d’avoir de bons couverts végétaux à l’automne et en hiver où la pluie lessive les nitrates vers les nappes des bassins versants, précise Patrick Durand. Il faudrait adapter la rotation des cultures afin qu’elles prélèvent les nitrates uniformément durant l’année. » Mais les scientifiques ne sont pas dupes. Ces solutions, certes efficaces, peuvent être dommageables pour l’agriculteur qui voit ses rendements diminuer et sa charge de travail augmenter. Finalement, la mise en œuvre de telles mesures revêt plutôt d’une volonté politique4.
1. Et coordinateur du groupe d’appui scientifique au plan algues vertes animé par le Creseb.
2. Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement.
3. Dans les vallons, de part et d’autre des cours d’eau.
4. Dans un rapport en 2021, la Cour des comptes estimait que l’État n’en faisait pas assez pour lutter contre les algues vertes en Bretagne.
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du magazine Sciences Ouest