Quinze jours d’immersion dans la recherche médicale

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N° 400 - Publié le 30 mai 2022
ANNE DEFREVILLE / INSERM

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À l’occasion du festival InScience début juin, l’Inserm propose de découvrir le métier de chercheur.

Vidéos, podcasts, conférences, visites d’un laboratoire… Du 1er au 15 juin, l’Inserm Grand Ouest organise son festival InScience. Il vise à sensibiliser le grand public aux enjeux de santé en lui proposant d'explorer les différentes thématiques de la recherche médicale.

De Brest à Nantes

Pour l’occasion, plusieurs chercheurs de l’Inserm se prêtent à divers exercices de médiation scientifique. C’est le cas de Geneviève Héry-Arnaud, professeure des universités et enseignante-chercheuse en bactériologie à la faculté de médecine de Brest. Mardi 7 juin au Muséum d’Histoire naturelle de Nantes, elle animera avec le réalisateur Rémi Forte un ciné-débat autour du film Dégel du pergélisol, une bombe à retardement. « Le pergélisol est une couche de sol gelée qui compose 25 % des terres émergées de l'hémisphère nord », explique Geneviève Héry-Arnaud. Mais quel rapport avec la bactériologie ? « Sa fonte entraîne la décongélation de vieilles bactéries pouvant provoquer l’émergence de maladies. » C’est ainsi qu’en 2016 le bacille du charbon, une bactérie pourtant disparue, a refait surface en Sibérie contaminant un troupeau de rennes et un enfant.
« L’éclairage des sciences est essentiel pour comprendre ces enjeux de santé publique. » Et pour ce faire, le ciné-débat est un moyen privilégié. « Cet exercice de reformulation est très intéressant puisqu’il nous oblige à prendre du recul sur nos connaissances pour répondre aux questions du public de manière synthétique et intelligible. » Pour la scientifique, il s’agit aussi de prouver à ses concitoyens que la recherche s’exerce à proximité de chez eux. « Et pourquoi pas susciter des vocations ! »

Partage de connaissances

Donner le goût des sciences, c’est aussi l’objectif de Lucas Treps qui est chercheur au centre de recherche en cancérologie et immunologie intégrée Nantes Angers. « Dès ma thèse, j’ai tenu à partager mes recherches. » Pendant trois ans, il a ainsi initié des élèves de collège et de lycée parisiens à la démarche scientifique. « Je leur donnais une problématique en lien avec ma thèse qu’ils devaient résoudre à l’aide d’expériences. Ils présentaient ensuite leurs résultats aux scientifiques de l’institut et à leur famille. » Aujourd’hui, Lucas Treps continue d’aller à la rencontre des lycéens : « Avec l’association Le Cercle FSER1 et l’action Declics2, je réalise des sortes de speed-dating où je réponds aux questions des élèves sur mes recherches. Ils découvrent ainsi le lien entre le fonctionnement des cellules des vaisseaux sanguins et l’apparition de cancers pulmonaires ou de la mucoviscidose3. » C’est donc tout naturellement que ce passionné de médiation scientifique a relevé le défi proposé par InScience : présenter son travail en 2 mn 30 top chrono et face caméra4 ! « C’est de loin l’exercice le plus difficile que j’ai eu à réaliser, confie-t-il. Mais c’est aussi celui qui est le plus dans l’air du temps ! » Grâce à cette expérience, Lucas Treps espère faire connaître ses recherches auprès des scientifiques en herbe mais aussi des plus aguerris.

Déconstruire des idées reçues

Ces échanges entre scientifiques et grand public permettent aussi de déconstruire certaines idées reçues. « Parfois des raccourcis donnent une fausse image de l’avancée de nos recherches », explique Hélène Boudin. Chercheuse à Nantes, elle étudie le développement du système nerveux entérique, notre second cerveau responsable de la digestion, ainsi que son lien éventuel avec l’apparition de troubles autistiques. « Dans le podcast5 réalisé pour l’événement, nous avons par exemple insisté sur l’absence de preuve d’une relation de cause à effet entre le dysfonctionnement de ce second cerveau et l’apparition de pathologies neurodégénératives. » Surtout qu’une troisième composante joue un rôle important : notre microbiote. « Il varie tellement d’un individu à l’autre en fonction de l’alimentation et de l’environnement qu’il est difficile de savoir qui influe sur qui ! » Malgré la complexité à vulgariser leurs savoirs, les chercheurs sont unanimes sur l’importance d’un tel exercice : « De questions en apparence naïves émergent de vrais questionnements scientifiques. »

 

MARIE HILARY

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