Un levier de pouvoir au Moyen Âge

« Leur présence laisse supposer qu’il s’agissait d’un navire de commerce effectuant la liaison entre le Nord de l’Espagne et la Bretagne », indique Yves Coativy, professeur d’histoire médiévale à l’Université de Bretagne Occidentale.

Un instrument de suprématie

Entre le 9e et le 15e siècle, la Bretagne est une contrée riche et indépendante, qui exporte principalement des denrées agricoles, du sel et des tissus.  Petit à petit, elle est intégrée à l’économie de l’Occident et la diffusion de sa monnaie s’accroît. « Entre 1337 et 1453, les rois de France sont notamment occupés à combattre les Anglais lors de la Guerre de Cent Ans, raconte l’historien. Les princes territoriaux en profitent pour affirmer leur indépendance et développent leur propre administration, armée et monnaie. »
À partir du 13e siècle, le duc et le conseil ducal assurent la production et la mise en circulation de la monnaie bretonne, frappée majoritairement à Rennes et à Nantes. Toute tentative de concurrence est écartée. « Les comtes de Penthièvre ont essayé de rivaliser avec le pouvoir du duc en créant un atelier de frappe à Guingamp. Mais celui-ci a vite été rattaché à l’autorité du duché. » La monnaie bretonne s’impose dans les échanges commerciaux jusqu’en novembre 1491, date à laquelle le roi Charles VIII assiège Rennes. La duchesse Anne de Bretagne est contrainte de l’épouser. C’est le début de la fin de la monnaie bretonne, qui n’est désormais plus frappée. Anne de Bretagne tente de lui donner une seconde vie, à la suite du décès de son mari, « en faisant frapper la cadière, une monnaie d’or à son effigie¹. » Mais son succès est de courte durée, la duchesse étant mariée dès 1499 au Louis XII.