Charlotte Yven, la science comme port d’attache
Actualité
La navigatrice est cette année l’ambassadrice de la Fête de la science en Bretagne. L’occasion de revenir sur le parcours et les attentes de cette ingénieure de formation.
Doucement, il ondule dans l’eau, slalome entre les coques des bateaux, finit par s’immobiliser sous l’un des pontons du port. Quelques centimètres plus haut, un plaisancier cherche du regard le « bar de 3 kilos » qui vient d’échapper à sa vigilance. Le retraité se retrouve face au voilier de course de Charlotte Yven. « Vous leur mettez la pâtée lundi ! » lui lance-t-il, faussement autoritaire. La navigatrice sourit. Elle respire la confiance.
À Port-la-Forêt, à quelques kilomètres de Concarneau, dans le Finistère, le Figaro Beneteau III de la skippeuse attend patiemment le départ de la Solo Guy Cotten, la quatrième et avant-dernière course des Championnats de France élite de course au large. Aujourd’hui 3e au classement général, la navigatrice de 26 ans est également ambassadrice de la Fête de la science en Bretagne, pour une 32e édition dédiée au lien entre sport et science.
Des ronds dans l’eau
« Il y a quand même plein d’éléments scientifiques qui entrent en ligne de compte dans la voile, rien que pour comprendre les forces qui s’appliquent sur le bateau comme le vent, les vagues ou les courants », souligne d’emblée la jeune femme, récemment diplômée de l’Insa¹ Rennes, où elle a suivi un double cursus sport-étude. « Je sens que la démarche scientifique me sert pour structurer les choses, m’organiser, tenir la rigueur et même élaborer des stratégies en lien avec la météo », poursuit l’ingénieure de formation, qui a toujours baigné dans la navigation.
Originaire de Morlaix, Charlotte Yven n’imagine pas vivre ailleurs qu’en Bretagne. « Historiquement, c’est une terre de marins », sourit-elle, une pointe de fierté dans la voix. Petite, « je partais le week-end en famille faire des ronds dans l’eau ». S’ensuivent les stages d’été et l’école de voile puis, en octobre 2022, une sélection dans l’équipe de la Macif qui marque le début d’une prometteuse carrière de haut niveau.
La Bretonne a déjà participé à des courses mythiques, comme la Solitaire du Figaro. Si elle rêve aujourd’hui Vendée Globe et Route du Rhum, la skippeuse préfère penser au présent. « Je n’ai jamais su ce que je voulais faire et je ne sais pas combien de temps je serai navigatrice. Pour l’instant, j’ai juste envie de profiter. »
Des conditions extrêmes
Sur son bateau de près de 10 mètres de long, la performance est autant stratégique que physique. « Il faut installer les voiles, bouger les sacs à l’intérieur pour répartir le poids, et en solitaire on est confrontés aux éléments, à la compétition mais aussi à soi-même… Ce n’est pas toujours facile », rit celle qui ne craint pas d’assumer qu’au large, elle a parfois peur. « Quand on est seul à gérer des conditions extrêmes, ça peut aider à ne pas faire n’importe quoi, pourvu que ce soit une peur utile, qui ne paralyse pas », souffle-t-elle en jetant un regard aux chaussures roses posées sur le ponton, qui l’accompagnent à chaque course. Prêtes à reprendre le large.
1. Institut national des sciences appliquées.
TOUTES LES ACTUALITÉS
du magazine Sciences Ouest