Solutions ou fausses bonnes idées
L'eau, en péril ?
Creuser des mégabassines
En pompant les nappes et les cours d’eau en hiver plutôt qu’en été lorsque les niveaux sont bas, ces réserves de substitution doivent permettre aux agriculteurs de faire face aux sécheresses.
→ Mais les réservoirs artificiels d’irrigation bouleversent le cycle de l’eau, assèchent les sols et encouragent une agriculture intensive déjà très gourmande en eau. Et leur forme, large et peu profonde, favorise l’évaporation et l’eutrophisation. Se posent aussi les questions de l’accaparement d’un bien commun par une minorité d’agriculteurs ainsi que de la durabilité d’un tel système alors que l’eau vient également à manquer en hiver.
Penser à l'hydrologie régénérative
Cette approche rassemble plusieurs techniques d’aménagement du paysage qui visent à ralentir, répartir, infiltrer et stocker les eaux de pluie et de ruissellement, avec un terrain en bosses et en creux par exemple.
→ En jouant avec les ombres, des tranchées, des mares ou encore un système de paillage, l’hydrologie régénérative permet de ralentir le cycle de l’eau et de créer un territoire-éponge.
Mettre les icebergs en bouteille
Près de 70 % de l’eau douce de la planète se situe dans les pôles et les glaciers. Chaque année 100 000 icebergs fondent en mer, libérant une eau vierge de toute pollution humaine. Au Canada et au Danemark, certaines entreprises les exploitent pour en commercialiser l’eau.
→ Mais le flou juridique sur la propriété des icebergs a entraîné des tensions entre le Danemark et le Canada après l’exploitation par ce dernier de blocs de glace groenlandais ayant dérivé dans ses eaux. Sans compter que le remorquage et l’exploitation sont coûteux, ce qui fait de cette eau un produit plutôt luxueux.
Ensemencer les nuages
En propulsant des aérosols ou du sel dans les nuages, il serait possible de contrôler la météo. Cette technique connue depuis les années 1940 est utilisée dans plusieurs pays, dont la France, pour faire pleuvoir et éviter les orages de grêle.
→ Le procédé est opérationnel pour protéger les cultures de la grêle mais il est aujourd’hui presque impossible de prouver scientifiquement qu’ensemencer les nuages permet d’augmenter les précipitations, ou alors très peu.
Réparer les fuites du réseau d’eau
En France, près de 20 % de l’eau potable s’échappe des tuyaux avant d’arriver au robinet, en partie à cause de la vétusté des canalisations, soit 937 millions de mètres cubes, l’équivalent de la consommation de 18 millions de personnes.
→ Dès lors qu’une fuite est détectée, elle est réparée, mais remplacer la totalité du réseau serait un chantier hors norme, polluant et dont le prix très élevé se répercuterait sur la facture des consommateurs. Finalement, le remplacement se fait de manière progressive.
Recycler les eaux usées
Une fois traitées, les eaux usées sont généralement rejetées dans le milieu naturel. Cela représenterait plus de 8 milliards de mètres cubes en métropole, dont moins de 1 % est aujourd’hui réutilisé. Le gouvernement a annoncé vouloir multiplier par dix le volume d'eaux usées traitées réutilisées pour d'autres usages d'ici 2030.
→ Cette solution permet d’économiser l’énergie du pompage et du transport, mais les spécialistes restent vigilants puisque le rejet des eaux usées traitées joue un rôle parfois très important dans le maintien du débit minimum des cours d’eau.
Récupérer l'eau de pluie
De plus en plus de particuliers prennent conscience de l’importance de stocker l’eau de pluie et installent par exemple des cuves dans leur jardin pour arroser leur potager. Certains vont plus loin et relient ces réservoirs à leurs sanitaires ou leur lave-linge.
→ Et quelques-uns profitent même d’un flou règlementaire autour du droit à utiliser l’eau de pluie pour un usage alimentaire ou sanitaire (vaisselle, douche…) pour installer des systèmes de potabilisation. Mais il reste interdit de boire de l’eau de pluie telle quelle : elle est chimiquement contaminée.
Dessaler l'eau de mer
La production d’eau de mer dessalée a été multipliée par cinq en vingt ans. Aspirée, nettoyée, traitée, dessalée et parfois reminéralisée, cette eau peut alimenter des régions entières, comme en Espagne ou encore en Arabie Saoudite, où elle représente 70 % de l’eau potable.
→ Véritable planche de salut pour les pays arides ayant un accès à la mer, le dessalement de l’eau de mer est toutefois extrêmement gourmand en énergies fossiles et les rejets des usines affectent l’environnement marin.
TOUT LE DOSSIER
du magazine Sciences Ouest