Doper n’est pas jouer

Le sport : plus qu'un effort

N° 420 - Publié le 3 juin 2024
© FISHER PHOTOSTUDIO / ADOBE STOCK

Testostérone, cocaïne, Tramadol ou encore bêtabloquants, la liste des produits officiellement dopants est variée. Une diversité qui reflète la pluralité des motivations menant au dopage.

En France, en 2022, sur 10 212 contrôles antidopage réalisés, 72 se sont révélés positifs. Proscrit pour des problématiques de santé et de rupture d’équité, le dopage est défini comme l’absorption de substances ou la modification d’outils permettant d'accroître artificiellement les performances sportives d'une personne ou d'un animal.

Une multitude de produits et d’effets


Décelées lors de 31 % des contrôles positifs, les substances les plus couramment détectées sont les agents anabolisants. Ces derniers, comme la testostérone, permettent d’augmenter la masse musculaire et de faire reculer la sensation de fatigue. Les hormones peptidiques, comme l’EPO1, constituent une autre famille de produits fréquemment utilisés et permettent d’améliorer la capacité du sang à transférer l’oxygène vers les muscles.

Concernant leurs conséquences sur la santé, « toutes les substances considérées comme dopantes ne sont pas systématiquement synonymes d’effets secondaires négatifs », explique Valérie Thoreau, médecin du sport à Ploemeur (Morbihan) et responsable de l’équipe de France d’athlétisme handisport. «  L’insuline, par exemple, est essentielle pour les athlètes diabétiques et doit donc faire l’objet d’une autorisation spéciale. » Néanmoins, la plupart des produits impliquent de potentielles répercussions graves sur la santé de ceux qui les consomment, entre infarctus, cancers et destruction de la moelle osseuse.

Des raisons diverses


Certains souhaitent repousser les limites de leurs capacités physiques pour atteindre de meilleures performances, et choisissent de transgresser les règles. « Aujourd’hui, la compétition sportive de haut niveau, c’est demander à des gens ordinaires des choses extraordinaires », souligne Sophie Bodin, maître de conférences en sociologie du sport au Liris2 et à l’Université Rennes 2. La pression de l’entourage joue également un rôle décisif : la confiance accordée à un proche peut changer la donne si celui-ci encourage au dopage. « Et que dire d’un entraîneur qui écarterait un athlète si ce dernier refuse un produit ? », interroge Sophie Bodin. Dans ce genre de situation, le sportif est pourtant considéré seul responsable si le contrôle s’avère positif.

Il arrive en outre qu’un athlète n’ait pas conscience qu’il se dope. Les jeunes sportifs peinent parfois à situer la limite entre dopage et amélioration de la performance à travers un régime alimentaire ou des aides à la récupération physique. De même, les médicaments peuvent se révéler problématiques – puisque potentiellement dopants – d’autant plus pour les athlètes handisport. « Les membres de l’équipe d’athlétisme ont pour consigne de me contacter avant toute prise de médicaments », signale Valérie Thoreau. Des situations complexes finalement bien souvent inconnues du grand public.

Charles Paillet

1. Érythropoïétine, hormone stimulant la synthèse des globules rouges.
2. Laboratoire interdisciplinaire de recherche en innovations sociétales.

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