La Bretagne, terre de la mort ?

La mort, une affaire de vivants

N° 421 - Publié le 29 août 2024
© IFERNYEN / WIKIMEDIA COMMONS
L'Ankou, mort hurlante sur l'église Notre-Dame, à Bulat-Pestivien (Côtes-d'Armor).

La mort et son cortège de représentations se sont fait une place de choix dans la culture bretonne.

C’est d’ailleurs dans la région « que l’on retrouve la plus grande densité de sanctuaires en Europe », indique Bernard Rio, spécialiste du patrimoine breton et auteur du livre Les Bretons et la mort1. Parmi eux, on retrouve bien sûr les églises, les chapelles et les ossuaires, mais aussi les mégalithes. « Il ne faut pas oublier que les dolmens sont des sépultures », rappelle l’écrivain.

Une relation avec l’invisible


La mort se mêle aussi au patrimoine immatériel de la Bretagne, qui façonne une grande part de l’identité et de l’image de la région. Elle est au centre de nombreuses légendes et croyances, comme celle de la baie des trépassés, selon laquelle les défunts se rejoignent en certains points de la côte (comme la pointe Saint-Gildas sur la presqu’île de Rhuys ou encore Port-Blanc à Penvenan) pour rejoindre un autre monde.

Il y a également l’Ankou, l’ouvrier de la mort, dont la charrette aux essieux mal huilés annonce un décès imminent. « Le lien entre les Bretons et la mort est une relation avec l’invisible qui dépasse l’enseignement théologique chrétien, elle fait parfois appel à des croyances très anciennes et se perpétue encore. Le personnage de l’Ankou est par exemple repris aujourd’hui par des écrivains ou des dessinateurs », illustre Bernard Rio, pour qui « par la place qu’on lui accorde et la manière dont on entretient ses représentations, la mort n’est pas un sujet tabou dans la région ».

Violette Vauloup

1. Aux éditions Ar Gedour (2024).

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