La puberté des filles, plus précoce ?
L'adolescence, une crise ?
Des études menées dans plusieurs pays font état d’un avancement de l’âge de la puberté chez les jeunes femmes, avec des disparités géographiques1 très marquées en France. Endocrinologue pédiatre au CHU de Rennes, David Briard constate que depuis une vingtaine d’années, « de plus en plus de jeunes filles consultent pour puberté hâtive, c’est-à-dire aux alentours de 9 ans. Cela représente environ 25 % des consultations d’endocrinologie pédiatrique ». Moins inquiétantes que les pubertés précoces, définies comme l’apparition du premier signe pubertaire2 avant 8 ans pour les filles, leur multiplication questionne tout de même le corps médical. « Normalement, ce phénomène intervient plutôt entre 9 et 14 ans, mais avec ces changements qui brouillent les repères médicaux, il faut redoubler de vigilance ! », indique le médecin.
Perturbateurs endocriniens
Quant à savoir pourquoi cette plus grande précocité, « la question est très complexe et de nombreuses études sont en cours, avance le praticien. L’omniprésence des perturbateurs endocriniens pourrait être l’une des explications, de même que le surpoids, qui jouerait le rôle de déclencheur ». Si les pubertés précoces et hâtives peuvent avoir des effets néfastes sur la santé des adolescentes, notamment sur leur croissance, David Briard insiste : « C’est un événement qui s’impose au jeune enfant ou à l’adolescent, contraint de faire avec. Au-delà des conséquences physiologiques, il ne faut pas minimiser son impact psychologique, amplifié par la précocité. »
1. La date de la puberté varie fortement en fonction des régions. Ces disparités pourraient correspondre à une exposition plus ou moins élevée à des perturbateurs endocriniens puissants, comme les pesticides.
2. Pour les femmes, le premier signe pubertaire est le développement de la poitrine, suivi de l’apparition de la pilosité et enfin le déclenchement des règles, qui peut intervenir plusieurs années après.
TOUT LE DOSSIER
du magazine Sciences Ouest