Dans les poubelles de l’Histoire
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La récente découverte d’une poubelle du 16e siècle dans les douves du château de Pontivy pourrait permettre de répondre à de nombreuses interrogations sur le mode de vie au château à cette époque.
Morceaux de céramiques, bris de verre, aiguilles, os d'animaux… Fin octobre, des archéologues ont retrouvé de nombreux vestiges vieux de plusieurs siècles dans les douves côté nord du château de Pontivy (Morbihan). L’opération, qui prenait place dans le cadre des travaux de restauration de l’édifice, doit se poursuivre par une étude en laboratoire. Mais il est déjà possible d’affirmer que « c’est un dépotoir qui a été mis au jour dans ce fossé, ce qui n’est pas très étonnant : les douves sèches étaient des endroits pratiques pour jeter les déchets depuis les murs et les fenêtres », souligne Karine Vincent, archéologue au Service départemental d’archéologie du Morbihan et responsable des opérations au château de Pontivy.
Objets du quotidien
La poubelle moderne est effectivement une invention récente. Autrefois, les déchets étaient regroupés dans des tranchées creusées à cet effet, ou « parfois jetés dans les latrines, elles-mêmes construites au-dessus de fosses qui se sont révélées de précieuses sources d’informations archéologiques », explique la chercheuse qui précise qu'il s'agit-là du quatrième dépotoir découvert à Pontivy.
Parmi les vestiges, beaucoup de fragments de vaisselle en verre ou en céramique, mais aussi des restes alimentaires, comme des os d’animaux et beaucoup de coquilles d’huîtres. « Il y a aussi une quantité importante de petits objets du quotidien : aiguilles, épingles, monnaies… Tous ces éléments rejetés, oubliés ou cassés ont une grande valeur pour nous », insiste Karine Vincent. Puisque tout l’enjeu est maintenant d’étudier en laboratoire ces artefacts afin de dater le dépotoir qui aurait a priori été utilisé au 16e siècle, juste après la construction du château. « De janvier à mars, nous allons analyser les objets pour affiner cette datation et tenter de déterminer combien de temps cette poubelle a fonctionné », résume l’archéologue. Pour cela, les spécialistes pourront notamment s’appuyer sur les différents types de vaisselle dont la forme, le décor et la provenance évoluent avec le temps, suivant la mode.
Routes commerciales
Le dépotoir pourrait donc se révéler une précieuse mine d’informations pour mieux comprendre la vie au château. « Comment y mangeait-on ? Comment s’habillait-on ? Comment se défendait-on ? », s’interroge la chercheuse. Et la provenance de certains objets pourrait même permettre de retracer certaines routes commerciales et les échanges entre Pontivy et le reste de l’Europe. « Plus généralement, cela nous aidera à mieux comprendre la vie en Centre Bretagne aux 16e et 17e siècles, des périodes peu documentées par l’archéologie, raconte Karine Vincent. Le travail des historiens apporte des éléments liés à de grands événements et le nôtre permet de mieux comprendre le quotidien, et qu’y a-t-il de plus quotidien qu’une poubelle ? »
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