Une expédition scientifique pour réinventer l’école

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N° 424 - Publié le 28 novembre 2024
© A. BERTY
À l'aide d'un drone, Maël a mesuré le recul d'un glacier.

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Maël, onze ans, a passé une partie de son été au Groenland pour une expédition un peu particulière. Il raconte aujourd’hui son expérience auprès des Inuits et des glaciers du Grand Nord.

Des pages bien remplies d’un porte-vues que l’on devine dédié à son voyage, Maël Cazes Meyer extirpe des bois de caribous et un morceau de peau de phoque parfaitement tanné. Cet été, le Rennais de onze ans a passé un peu plus de deux semaines au Groenland pour une expédition scientifique organisée par l’association Cap au Nord - L'école face au plus grand défi du 21e siècle. Début novembre, il a prolongé le séjour en racontant son expérience lors d’une conférence à la Maison des associations de Rennes.

L’école idéale


Pour Philippe Nicolas, fondateur de l’association et chercheur en sciences de l’éducation près de Paris, « l’école idéale doit être dehors, apprendre à chercher et être basée sur la coopération davantage que sur la compétition ». Depuis quatre ans, il monte des expéditions rassemblant des élèves de toute la France pour proposer une autre vision de l’école et « retrouver la route de l’émerveillement ». Cette année, dix-sept adolescents de onze à seize ans sont partis au Groenland pour « investiguer le dérèglement climatique à la lumière de plusieurs domaines scientifiques : la glaciologie, l’anthropologie ou encore l’océanographie », explique celui qui enseigne également dans un collège de Gennevilliers (Hauts-de-Seine).

Mais une expédition à la lisière de l’Arctique ne s’improvise pas. Des stages de préparation ont permis de tester le matériel mais aussi de s’assurer que les élèves soient capables de sortir de leur zone de confort. « L’un de ces séjours a eu lieu dans la vallée du Queyras, dans les Alpes, on devait porter notre sac à dos, on a fait des randonnées et même dormi en altitude à – 7 °C », se souvient Maël. Pour Philippe Nicolas, c’est aussi la meilleure manière d’observer les jeunes afin de « former un groupe compatible, avec des caractères différents, qui ont tous une appétence pour les sciences ».

Le recul du glacier


Une fois sur place, la classe délocalisée a déroulé des protocoles scientifiques mis au point avec des spécialistes avant de partir. Et dans le meilleur des cas, leurs observations pourraient bien nourrir la recherche, comme celles de Maël qui, accompagné d’un glaciologue, a mesuré le recul d’un glacier pour la première fois, à l’aide d’un drone. « Moins deux kilomètres en deux cents ans », récapitule l’adolescent. Un effet bien concret du dérèglement climatique qui s’ajoute aux échanges avec les Inuits rencontrés à Saqqaq, le village où le groupe a posé ses valises. « Ils nous ont raconté que des maisons construites sur le permafrost, ces sols censés être gelés en permanence, commençaient à s’effondrer sous l’effet de sa fonte, témoigne Maël. Et il n’y a plus de banquise en été, donc certains villages accessibles en traîneau se transforment en îles coupées du monde. » Le constat pourrait sembler décourageant, pourtant, pour Philippe Nicolas, « rien n’est perdu tant qu’on retrouve le chemin d’un enseignement qui rende responsable du vivant. Je vois dans ces jeunes un message de folle espérance ».

VIOLETTE VAULOUP

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