Le corps humain face au froid
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Au cœur de l’hiver, impossible de ne pas remarquer le froid qui mord les joues. Une exposition trop intense à des températures basses peut d’ailleurs être mortelle. Mais que se passe-t-il quand l’organisme se refroidit ?
Les ours hibernent, les baleines ont de la graisse, les loups une fourrure… mais les humains sont nus. Pour faire face à de basses températures, nous avons été contraints de nous abriter, de concevoir des vêtements et de trouver un moyen de se chauffer. Car le froid peut coûter la vie. Le danger réside en effet dans un refroidissement trop important de l’organisme puisque pour bien fonctionner, nos organes ont besoin d’une température qui avoisine les 37 °C. En dessous de 35, c’est l’hypothermie.
Vaisseaux sanguins
« Il n’existe pas de seuil de température ambiante à partir de laquelle il est dangereux de rester dehors, tout dépend du type et de la durée d’exposition, de l’équipement ou encore de la préparation physique, précise Nicolas Peschanski, urgentiste au CHU de Rennes. En hiver, une nuit dehors à 6 ou 7 °C peut suffire à entraîner une hypothermie profonde. » Et les risques varient aussi selon le milieu : à températures égales, le refroidissement est par exemple deux fois plus rapide dans l’eau que dans l’air « parce que c’est un meilleur conducteur thermique », explique Jean-Baptiste Lascarrou, médecin réanimateur au CHU de Nantes. C’est pour cela qu’une personne coincée sous une avalanche de neige entre plus rapidement en hypothermie. « Et si vous tombez dans l’océan Arctique, votre survie est de cinq à huit minutes », évalue Nicolas Peschanski.
Mais quels mécanismes se cachent derrière l’hypothermie ? « Le corps humain réagit en concentrant le volume sanguin vers les organes vitaux », souligne l’urgentiste. Les vaisseaux qui alimentent les extrémités (pieds, mains, nez…) se resserrent : c’est la vasoconstriction. « Comme la chaleur est diffusée dans le corps par le sang, ne pas alimenter ces zones évite une déperdition », ajoute Jean-Baptiste Lascarrou. Mais si des cellules restent trop longtemps coupées de tout afflux sanguin, elles finissent par mourir, occasionnant des gelures. « En cas de froid extrême, un phénomène de cristallisation de l’eau les abîme aussi, les membres congèlent et c’est ainsi que certains perdent des doigts par exemple », complète le médecin réanimateur.
En veilleuse
Quand la température du corps passe sous la barre des 30 - 32 °C, on observe un ralentissement global des métabolismes cérébral, pulmonaire et cardiaque. Il arrive aussi, dans une phase plus tardive, qu’un individu tombe dans le coma. « C’est à la fois un signe clinique de gravité et un phénomène naturel d’adaptation qui permet de mettre un certain nombre de fonctions en veilleuse », note Nicolas Peschanski. Malgré ses dangers, le froid est parfois recherché pour des effets bénéfiques, comme en médecine, où il peut être mobilisé pour plonger des patients en hypothermie après un arrêt cardiaque. « La baisse de la température entraîne un ralentissement de l’activité cérébrale et limite donc les séquelles neurologiques », indique Jean-Baptiste Lascarrou.
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