Qu’est-il arrivé aux saumons ?

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N° 426 - Publié le 31 janvier 2025
© PAUL ABRAHAMS / ADOBE STOCK
Les saumons passent une partie de leur vie dans les cours d'eau avant d'entamer une migration vers la mer.

La pêche au saumon atlantique est interdite cette année en Bretagne. Une mesure de précaution qui vise à faire face à un effondrement des populations, lequel trouve pourtant son origine ailleurs.

Face au déclin des populations de saumon atlantique, la préfecture de Bretagne a publié début janvier un arrêté interdisant leur pêche en 2025. Une mesure qui s’applique aux professionnels comme aux amateurs. « Les captures (…) sont en baisse continue depuis 2015 et ont atteint un niveau critique en 2024, niveau jamais atteint depuis le début des comptages », note l’arrêté préfectoral.

Phase marine


À la station de contrôle des poissons migrateurs de Pont-Scorff, dans le Morbihan, « on a compté une cinquantaine de saumons adultes remontant le Scorff en 2024. Les années de moyenne haute, on était à 350 voire 400 », compare Étienne Rivot, enseignant-chercheur en écologie halieutique à l’Institut Agro Rennes-Angers et à l’unité Decod1. Or, moins d’individus adultes signifie moins de reproduction donc moins de juvéniles, et la tendance ne risque pas de s’inverser dans les années à venir. « Les saumons se reproduisent dans les cours d’eau où les jeunes passent un à deux ans, puis rejoignent la mer pour une migration d’une à deux années avant de revenir en rivière », explique le spécialiste, qui ajoute que « le déclin mesuré en Bretagne s’observe sur toute la façade atlantique européenne ».
Au début du 20e siècle, l’installation de barrages hydroélectriques a largement réduit les zones de reproduction, mais dans les dernières décennies certaines constructions ont été aménagées voire arasées. La qualité de l’eau des rivières, elle, a cessé de se dégrader. Alors, comment expliquer le déclin du saumon atlantique ? « On pense que le phénomène trouve son origine dans la phase marine ; nos études montrent que les juvéniles meurent de plus en plus en mer et ceux qui reviennent sont plus petits et plus maigres, remarque Étienne Rivot. Beaucoup d’éléments convergent vers l’idée qu’ils ne trouvent pas assez de nourriture, sans doute car les modifications des écosystèmes marins liées au dérèglement climatique déstabilisent la chaîne alimentaire. »

Unique solution


Certaines populations, les plus nordiques, se portent malgré tout mieux que d’autres. Il faut dire que les poissons du sud, confrontés à des conditions de moins en moins propices à leur développement, sont extrêmement vulnérables. « La France est à la limite sud de l’aire de répartition du saumon, où les conditions de vie dans les cours d’eau et en zone marine risquent d’être de plus en plus défavorables », souligne le spécialiste. Dans ce contexte, interdire la pêche au saumon est-il efficace ? D’autant plus qu’en Bretagne, la pratique est presque exclusivement récréative. Pour le chercheur, il faut « distinguer les causes des leviers : fermer la pêche est l’unique solution pour agir à court terme ». Et l’importante zone de pêche commerciale en France, dans le bassin de l’Adour, est par ailleurs également concernée par une interdiction de pêche en 2025.

Violette Vauloup

1. Dynamique et durabilité des écosystèmes.

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