« Saisir les liens entre religion, nature et sciences »
Portrait

De l’affaire Galilée à la difficile réception de la théorie de l’évolution1, on a souvent l’image d’une Église catholique hostile aux sciences. Il existe pourtant un tas de domaines où elle a été très active, notamment dans les inventaires d’espèces. Dans les années 1890, un quart des plantes des collections botaniques du Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN) avait été envoyé par des membres du clergé, alors qu’ils ne représentaient que 1 % de la population française.
Éminents scientifiques
Je m’intéresse à l’activité naturaliste de ces clercs aux 19e et 20e siècles. En métropole ou à l’étranger, ils récoltaient des plantes et naturalisaient des animaux, tel l’Abbé David, missionnaire en Chine, qui, en 1869, a porté la connaissance du Panda géant en Europe. Comme lui, certains clercs étaient même sous contrat avec le MNHN et considérés comme d’éminents scientifiques. Pour moi, ces membres du clergé forment un observatoire permettant de saisir les liens entre religion, nature et sciences. Certains inventoriaient des espèces par simple plaisir, d’autres avec des motivations religieuses pour montrer les richesses de la Création et d’autres encore comme l’Abbé David, avec pour ambition de servir la science.
VIOLETTE VAULOUP
1. Présentée par Darwin en 1859, elle suggère que toutes les espèces sont en perpétuelle transformation et subissent au fil des générations des modifications morphologiques comme génétiques.
TOUS LES PORTRAITS
du magazine Sciences Ouest