Écouter les détenus pour prévenir la récidive

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N° 428 - Publié le 28 mars 2025
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La science peut participer à faire exister la parole des détenus dans l’espace public : sous l’égide de la MSHB1, des chercheurs mènent dans ce but le projet Consiodépa2. Commencé en 2021, le travail de recueil de témoignages de détenus dans une maison d’arrêt du Grand Ouest « est considérable, notamment parce qu’il faut du temps pour retranscrire les enregistrements audio dans le respect des principes éthiques », explique Nathalie Garric, chercheuse en linguistique au laboratoire Prefics de Nantes Université. Tous volontaires, ils se confient aux scientifiques sur leur parcours de vie et de détention. « Ce qui nous intéresse n’est pas tant ce qui est dit, mais comment c’est dit. En partant du principe qu’il y a toujours plusieurs manières de raconter, on analyse le choix des mots et les structures de phrases qui révèlent des normes et des systèmes de valeurs. Cela aide à mieux comprendre l’expérience d’incarcération et à tenter de la prévenir. »

Discours sensible


L’une des difficultés de ces travaux vient du caractère sensible des discours carcéraux. « Nous devons prendre d’infinies précautions pour anonymiser les données : ne pas mentionner le nom et le prénom ne suffit pas, il ne faut pas qu'ils puissent être identifiés par des indices sur leur parcours, explique la responsable du projet. Mais il ne faut pas pour autant appauvrir les témoignages. » Lancé dans le sillage d’un projet gouvernemental visant à réduire la surpopulation carcérale, Consiodépa cherche une autre voie : l’utilisation des « ressources discursives pour en faire des outils d’aide dans le parcours de réinsertion ».

Anna Sardin

1. Maison des sciences de l’Homme en Bretagne.
2. Contribution de la science ouverte au débat éclairé par la parole des détenus.

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