L’école qui « laisse la place à la découverte »

Actualité

N° 430 - Publié le 5 juin 2025
© A. BERTY
Les participants prélèvent de l'eau lors de l'expédition hivernale, à Ceillac.

Magazine

4439 résultat(s) trouvé(s)

Une dizaine de jeunes s’apprêtent à vivre une expérience peu commune. Courant août, ils descendront la Durance pour une expédition scientifique sur la qualité de l’eau.

Du 9 au 24 août, une dizaine d’enfants et d’adolescents descendront la Durance, de Ceillac, dans les Hautes-Alpes, jusqu’à la mer, en Camargue. Le tout à bord de canoës et ponctué de bivouacs dans la nature. Ce raid scientifique pour l’avenir de l’eau, organisé par l’association Cap au Nord – L’école face au plus grand défi du 21e siècle, constitue le deuxième volet d’une expédition débutée en février, à Ceillac justement.

Du plastique sous un lac gelé


En plein hiver, à 2 500 mètres d’altitude, entre des montagnes enneigées et un lac gelé, les jeunes participants ont notamment prélevé des échantillons sous la surface gelée du lac, pour les observer au microscope. Une première pour Gabriel, 9 ans, l’un des deux Bretons de l’expédition : « On a vu comme des petits fils de plastique », raconte-t-il. La présence de microplastiques dans une zone si reculée a surpris. « J’avais déjà vu des déchets dans l’océan, mais je ne savais pas qu’on pouvait en retrouver des fragments jusqu’ici », confie son frère, Maël, 12 ans, qui a participé à l’échantillonnage en plongeant sous la glace pour remplir de petites pipettes à différents niveaux de profondeur.

Laboratoire éphémère 


« À travers ce genre de protocole expérimental, on veut laisser toute la place à la découverte, que les jeunes comprennent par eux-mêmes, par exemple ici que la pollution plastique est intégrée au cycle de l’eau », souligne Philippe Nicolas, fondateur de l’association, enseignant et chercheur en sciences de l’éducation près de Paris. Toujours dans l’optique de « faire l’examen de la qualité de l’eau, du glacier à la mer », tout en réinventant le rapport à l’apprentissage scolaire, l’expédition estivale prévoit deux semaines de cheminement le long de la Durance et jusqu’aux parcs régionaux du Queyras et de Camargue. « On va notamment apprendre à lire un écosystème à l’aune de l’eau avec une doctorante qui nous accompagnera sur tout le trajet et interpréter ce que le paysage nous dit de la santé de l’eau », explique Philippe Nicolas. Un laboratoire éphémère devrait également être monté tous les jours sur le temps du bivouac pour l’analyse de prélèvements d’eau selon des protocoles élaborés avec des chercheurs. « Même si le constat ne sera pas une surprise, on sait que ces environnements sont pollués, on embarque nos jeunes pour leur dire qu’il y a des choses à faire, on propose une éducation scientifique où l’on est responsable de nos actes », souligne l’enseignant.
Maël et Gabriel ont « hâte de repartir », enthousiasmés par l’expédition hivernale et entraînés grâce à quelques week-ends de préparation qui permettent de tester le matériel et d’affûter les conditions physiques des participants. Mais aussi de faire du lien entre eux : « Les aînés transmettent aux nouveaux, ils s’enseignent des choses. C’est une démarche heureuse », sourit Philippe Nicolas.

Violette Vauloup

TOUTES LES ACTUALITÉS

Abonnez-vous à la newsletter
du magazine Sciences Ouest

Suivez Sciences Ouest