Du microscopique au global

Océan et climat : des destins liés

N° 430 - Publié le 5 juin 2025
© EMMANUEL LAURENCE COREC / CNRS / LEMAR
Le plancton joue un rôle déterminant dans la régulation du climat en piégeant le carbone.

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Inspirez, puis expirez. Votre bouffée d’oxygène vous a été, pour moitié, permise grâce aux océans. En effet, on estime que les microalgues marines – le phytoplancton – produisent environ 50 % de l’oxygène disponible dans l’atmosphère. Elles constituent un élément indispensable au cycle du carbone, et donc à la régulation du climat. Une partie du CO2 présent dans l’atmosphère est dissous dans les océans grâce à différents échanges gazeux. On parle de pompe physique. « C’est en parallèle qu’intervient la pompe biologique, permise par les microalgues marines », explique Frédéric Le Moigne, biogéochimiste au Lemar1, à Plouzané. À la surface des océans, le phytoplancton réalise la photosynthèse, comme les végétaux terrestres. Grâce à l’énergie lumineuse, il croît en produisant sa propre matière organique à partir de lumière, de phosphore, d’azote... et de CO2 dissous dans l’eau.

Neige marine


Une partie de ces microalgues (environ 10 %) tombe vers le fond des océans après leur mort. En chutant, ces minuscules organismes sans vie forment ce qu’on appelle la « neige marine », étant donné sa ressemblance trompeuse avec son homologue terrestre. « Le carbone que ce phytoplancton contient, en raison de la photosynthèse réalisée de son vivant, se trouve alors piégé au fond des océans, au sein des sédiments, détaille Frédéric Le Moigne. La communauté scientifique estime que, grâce à ce processus, près d’une gigatonne2 de carbone parvient jusqu’aux grands fonds océaniques sur les cinquante absorbées par an grâce à la photosynthèse du phytoplancton. » L’équilibre de ce processus se voit aujourd’hui menacé sous l’effet des activités humaines. Les eaux froides étant favorables aux espèces de phytoplancton qui absorbent du CO2 en grande quantité, le réchauffement global de l’océan pourrait réduire le volume de carbone stocké au fond des mers chaque année. De plus, le chalutage3 de grande profondeur remue les sédiments et favorise la remise en suspension du carbone dans l’eau. Une conséquence à ce jour non prise en compte dans les projets d’exploitation des abysses.

Charles Paillet

1. Laboratoire des sciences de l’environnement marin.
2. Un million de tonnes.
3. Technique de pêche utilisant le chalut, un filet en entonnoir pouvant être traîné sur le fond.

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