La biodiversité en question

N° 238 -

Magazine

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DÉCEMBRE 2006/3€
R e c h e r c h e e t i n n o v a t i o n e n B r e t a g n e n°238
À travers champs,
le long du littoral
La biodiversité
en question
La cartographie littorale
de demain
Innovation, les projets ne
manquent pas en Bretagne !
Changement de climat : les
insectes cherchent à survivre

18
14
sommaire
8
Bernard Chaubet - Litto3D - DR
éditorial
Sciences Ouest est rédigé et édité par l’Espace des sciences, Centre de culture scientifique technique et industrielle (Association)
■ Espace des sciences, Les Champs Libres, 10, cours des Alliés, 35000 Rennes - nathalie.blanc@espace-sciences.org - www.espace-sciences.org -
Tél. 02 23 40 66 66 - Fax 02 23 40 66 41 ■ Président de l’Espace des sciences : Paul Trehen. Directeur de la publication : Michel Cabaret. Rédactrice en chef :
Nathalie Blanc. Rédaction : Christophe Blanchard, Nicolas Guillas, Nicolas Longépé, Nathalie Thieriet. Comité de lecture : Louis Bertel (télécommunications), Gilbert Blanchard
(biotechnologies-environnement), Philippe Blanchet (sciences humaines et sociales), Jean-Claude Bodéré (géographie), Bernard Boudic (information et communication), Daniel
Boujard (génétique-biologie), Michel Branchard (génétique-biologie), Alain Hillion (télécommunications), Jacques Lenfant (informatique), Gérard Maisse (agronomie), Christian
Willaime (physique-chimie-matériaux). Abonnements : Marion Romain, tél. 02 23 40 66 40, marion.romain@espace-sciences.org.
Publicité : AD Media - Alain Diard, tél. 02 99 67 76 67, info@admedia.fr ■Sciences Ouest est publié grâce au soutien de la Région Bretagne,
des départements du Finistère et d’Ille-et-Vilaine ■ Édition : Espace des sciences. Réalisation : Pierrick Bertôt création graphique,
35510 Cesson-Sévigné. Impression : TPI, 35830 Betton. Tirage du n°238 : 6000 ex. Dépôt légal n°650 ISSN 1623-7110
MICHEL CABARET,
directeur de l’Espace des sciences
La biodiversité
en Bretagne
Le statut de péninsule de la Bretagne
fait qu’elle bénéficie d’une grande
panoplie de milieuxmaritimes, littoraux
et d’espaces intérieurs remarquables.
Ce patrimoine naturel riche et diversifié
constitue un facteur d’attractivité et de
développement. La biodiversité est
aujourd’hui affectée par le réchauffement
de la planète et par l’intensification de
l’activité humaine. Quelle est la
contribution des scientifiques bretons
à l’état des connaissances sur
l’environnement ? Quels sont
les enseignements qui peuvent être
apportés afin de mieux gérer
durablement notre environnement ?
C’est avec grand plaisir que nous
consacrons ce dossier à la valorisation
des débats qui ont eu lieu en octobre
dernier lors du dixième anniversaire
des entretiens Science et éthique de
Brest, sur la biodiversité du littoral, ainsi
que des travaux qui seront présentés
pendant les rencontres régionales
CNRS Jeunes “Sciences et citoyens”,
en mai prochain, sur la biodiversité et
l’évolution des paysages. Je souhaite
souligner ici la qualité des travaux menés
par les chercheurs du CNRS, de l’Inra,
des universités, au sein du Caren(1) et de
l’IUEM(2), qui nous permettent de porter
un regard nouveau sur ces questions.
Avec la nouvelle exposition, l’Espace
des sciences aborde une autre dimension
essentielle à la vie : “L’eau pour tous”
nous convie à une promenade où il sera
notamment question de la préservation
et du partage des ressources en eau de
la planète.
Bonne lecture. ■
(1) Caren : Centre armoricain de recherches en environnement.
(2) IUEM : Institut universitaire européen de la mer.
Nathalie Blanc - Sonia Dourlot - Yves Gladu - PBcg - DR
Toutes les archives de Sciences Ouest sur Internet en accès gratuit➜ www.espace-sciences.org 238/DÉCEMBRE 2006 3
Augel
En bref....................................................................................................................... 4/5
Entreprise
Deux lauréats rennais du concours Oséo Anvar témoignent...................... 6
L’invité du mois
Jacques van Alphen, spécialiste de la lutte biologique ................................ 7
Laboratoire
Détection et analyse de la neige par satellite .................................................. 8
Dossier
La biodiversité à travers champs...........................................................................9
Deux rencontres bretonnes sur la biodiversité.................................... 10/11
La biodiversité littorale à Brest.................................................................. 12/13
Pleine-Fougères, un site d’étude pilote.................................................. 14/15
La biodiversité vue par le droit et la sociologie .................................. 16/17
Pour en savoir plus ........................................................................................ 16/17
Comment ça marche ?
La biodiversité. Du gène à l’écosystème ........................................................ 18
L’actualité de l’Espace des sciences ................................................................ 19
Agenda.............................................................................................................. 20/21
12
eenn bbrreef..f. ...
4 238/DÉCEMBRE 2006
(1) Voir Sciences Ouest n°237 - novembre 2006. (2) La LPO (Ligue de protection des oiseaux), le Ciele (Centre d’information sur l’énergie et l’environnement), Bretagne Vivante et Eaux et rivières de Bretagne. (3) Sage : Schéma d’aménagement et de gestion de l’eau.
■Les échos de l’Ouest
■Les actus de Bretagne Environnement
■ Rendez-vous sur Internet pour mieux connaître les sols
bretons ■ Les zones côtières de demain ■ Bassins versants :
cinq nouveaux Sage(3) en Bretagne ■ Conférence de l’eau : la
Bretagne face aux enjeux européens et mondiaux
www.bretagne-environnement. org/quoideneuf/en_bref/
■Du côté d’Internet
Les sciences de la Terre sur le Web
■ Après la physique et la chimie, c’est au tour des
sciences de la Terre de faire l’objet d’un nouveau
site Web destiné aux lycéens et à leurs enseignants.
Il met en scène les notions clés des programmes de
l’enseignement secondaire, regroupées en sept chapitres (astronomie, sismologie et
géochimie, géodynamique interne, géochronologie, géodynamique externe,
paléoclimatologie, géologie et biologie), tout en conduisant l’internaute vers les
laboratoires de recherche qui “font” les sciences de la Terre d’aujourd’hui. Dernier-né
de la collection Les sciences au lycée, publiée par CNRS Images.
www.cnrs.fr/cnrs-images/sciencesdelaterreaulycee/
DR
Marées vertes : une année
2006 atypique
■ La réunion de suivi
des marées vertes, des actions de
prévention et de traitement a eu lieu le
15 novembre dernier. Partenaires financiers,
porteurs de projets, professionnels
de l’agriculture, du tourisme et
de la pêche se réunissent en effet tous
les ans dans le cadre du programme
Prolittoral (programme régional et
interdépartemental de lutte contre
les marées vertes en Bretagne), lancé
en 2002. L’année 2006 est atypique :
moins d’algues que les années précédentes
et certains secteurs indemnes.
Le début d’un déclin définitif ?
Rens.➜Sylvain Ballu,
tél. 02 96 22 93 50.
Le Catel s’internationalise
■ Le Club des acteurs de télémédecine
(Catel), basé à Vannes et dirigé par
Pierre Traineau, est depuis le 12 octobre
dernier, le représentant de la France
au sein de la Société internationale de
télémédecine : ISfTeH. Cette dernière
est une organisation dont les membres,
des sociétés, fédérations, associations,
institutions, industriels..., ont pour but
de promouvoir la télémédecine et les
téléservices relatifs à la santé. Créé
en 2000, le Catel compte aujourd’hui
300 membres et relais, dont la moitié
en Bretagne et Pays de la Loire. Ses
missions sont l’organisation de lieux
d’échanges et d’expériences, la diffusion
d’informations et l’accompagnement de
projets de télésanté, comme le suivi de la
mise en place de technologies permettant
l’hospitalisation à domicile(1).
Rens.➜Catel, catel@telemedecine.org
www.portailtelesante.org
Accord entre technopôles
■ Les Technopôles de Brest Iroise et
de Quimper Cornouaille ont signé un
accord de partenariat le 22 novembre
dernier. Cette convention a pour but
de renforcer et d’unifier leurs actions :
développement de pôles de compétences,
accompagnement au montage
de projets ou d’entreprises, promotion
et animation scientifique. Des moyens
complémentaires ont par ailleurs été
mis à disposition par le Conseil général
du Finistère pour inclure le Pays de
Morlaix, permettant ainsi à ce dernier de
bénéficier de ces services, sans pour
autant créer une troisième technopole
dans le département.
Rens.➜www.tech-brest-iroise.fr
et www.tech-quimper.fr
“Illéco, j’agis pour
ma planète”
■ Sensibiliser
les collégiens à
la préservation
de l’environnement
et au
développement durable, tel est le but du
CD-Rom “Illéco, j’agis pour ma planète”,
lancé en novembre dernier par le Conseil
général d’Ille-et-Vilaine. Diminuer sa
consommation d’eau, générer le moins
de déchets possible, des scénarios ludiques
mettent le collégien en situation. Le
contenu a été réalisé par l’observatoire
de l’environnement du Conseil général,
en lien avec la communauté éducative et
quatre associations compétentes dans
la pédagogie de l’environnement(2).
Conçu pour une utilisation en classe, ou
de façon autonome, le CD-Rom peut être
distribué dans tous les établissements
qui en font la demande. Il sera également
accessible sur le site Internet du
Conseil général d’Ille-et-Vilaine.
Rens.➜Carmen Toxé,
tél. 02 99 02 35 95,
carmen.toxe@cg35.fr,
www.ille-et-vilaine.fr
Un an pour le portail
de l’innovation
■ 100 000 visites enregistrées,
400 000 pages vues et plus de
600 contacts noués, tel est le bilan, du
trafic et des échanges engendrés par
le portail de l’innovation en Bretagne,
après une première année d’existence.
Créé pour faciliter les démarches des
PME bretonnes en leur proposant un
point d’entrée vers l’ensemble des informations
sur l’innovation dans la région,
ce portail a été initié par Bretagne Innovation
et financé par le Conseil régional,
ainsi que par des fonds européens
(Feder).
Rens.➜www.bretagne-innovation.fr
L’innovation à l’ENS Cachan
■ L’antenne bretonne de l’ENS Cachan
(campus de Ker Lann) vient de signer un
accord de partenariat avec le cabinet
Scientific Facilitors, dont la mission est
d’assister les créateurs dans toutes les
étapes du développement de leur innovation.
L’ENS Cachan dispose d’un
centre de prototypage rapide, équipé de
moyens de conception, de réalisation et
de contrôle qui permet de répondre à
des exigences de développement
rapide de produits. Scientific Facilitors
avait pris contact avec l’école en 2005,
pour aider un inventeur de semelles
de chaussure interchangeables ! Deux
autres projets ont été portés en 2006 et
quatre sont prévus pour 2007. La signature
de la convention, le 23 novembre
dernier, officialise la collaboration entre
les deux partenaires.
Rens.➜Yann Macé, tél. 02 99 05 52 77.
DR
DR
Conseil régional de Bretagne
5 238/DÉCEMBRE 2006
(4) Lire l’article “Nutrialys soutenue par Valorial” dans le n° 226 de Sciences Ouest - novembre 2005. (5) Lire l’article “Claude Berrou, ses turbocodes ont boosté la transmission numérique” dans Sciences Ouest n° 230 - mars 2006. (6) www.cvc.u-psud.fr
■Du côté des entreprises
Recherche : les allocations
de RennesMétropole
■ Depuis 2001, Rennes Métropole
délivre des allocations
scientifiques à des
jeunes chercheurs,
destinées à financer l’acquisition de
matériel (40 000 € pour les sciences
dures, 10 000 € pour les sciences
humaines). Suite à un appel à candidatures
lancé par voie d’affichage
en janvier 2006, 45 dossiers ont été
déposés et 9 chercheurs distingués :
Alexandra Viel (physique des atomes),
Roland Leborgne (génétique et développement),
Emmanuel Guicide (biologie
structurale), Valérie Marchi-Arztner (ingénierie
chimique), Olivier Cador (chimie),
Rozenn Piron (physique optique),
Samuel Corgne (géographie télédétection),
Sandrine Depeau (sociologie),
Virginie Bonaillie-Noël (mathématiques).
Rens.➜www.rennes-metropole.fr
L’Ifremer signe
des collaborations
■ Le 20 novembre,
l’Ifremer a signé une
nouvelle convention
de collaboration avec Nausicaa, le
Centre national de la mer à Boulognesur-
Mer. Établi pour cinq ans, cet accord
réaffirme leur volonté de coopérer pour
une gestion durable des océans et plus
précisément dans les domaines de la
connaissance générale du milieu marin,
de l’environnement littoral, de l’exploitation
du milieu marin par la pêche et
l’aquaculture, des produits de la mer.
Par ailleurs, le 23 novembre, l’Ifremer
s’est associé au Centre national
d’études spatiales (Cnes), pour renforcer
leur coopération dans le développement
de l’océanographie opérationnelle.
Cette discipline repose en effet sur la
mise en oeuvre de moyens de modélisation
numérique, à partir de données
d’observation spatiale et in situ.
Rens.➜www.ifremer.fr
Pracom, un pôle de
recherche avancée
■ Le pôle de recherche avancée en
communication, Pracom, créé par le
Groupe des écoles de télécommunications
(Get), au travers de l’ENST
Bretagne, a été inauguré le 20 novembre
dernier à Brest. Trois millions d’euros
ont été investi par l’Union européenne,
l’État, le Conseil régional de Bretagne,
le Conseil général du Finistère, Brest
Métropole Océane et le Get, dans le
but de renforcer les collaborations entre
la recherche publique de renommée
internationale, et l’industrie. Les thématiques
de Pracom sont : les futurs
services multimédias, le travail sur les
3e et 4e générations de téléphonie
mobile, la boucle locale radio, les objets
communicants, les communications
radio à l’intérieur des bâtiments ou
encore la diffusion terrestre et satellitaire
des services Internet et de télévision
numérique. Inspirateur du Pracom
et codécouvreur des turbocodes avec
Alain Glavieux, Claude Berrou(5) a, à cette
occasion, reçu les insignes de chevalier
de la Légion d’honneur.
Rens.➜Claude Berrou,
tél. 02 29 00 11 11,
claude.berrou@enst-bretagne.fr
■ La Commission a élaboré un plan d’action visant à préserver et à
stopper la perte de biodiversité à l’intérieur des frontières de l’Union
européenne et au niveau international. Le plan d’action prévoit de
préserver les principaux habitats et espèces de l’Union européenne en
renforçant le réseau Natura 2000 (désignation et gestion des sites
protégés, cohérence et connectivité du réseau), en rétablissant les
espèces les plus menacées, ainsi qu’en prenant des mesures de
protection dans les régions ultrapériphériques. Il prône également une
meilleure utilisation des dispositions de la Politique agricole commune
(Pac), en vue de la préservation des terres agricoles ayant une haute
valeur naturelle et des forêts. Il insiste aussi sur le rétablissement des
stocks de poisson, sur la nécessité de limiter l’impact sur les espèces
non ciblées et sur les habitats marins, notamment dans le cadre de
la Politique commune de la pêche. Renforcer la compatibilité du
développement régional et territorial avec la préservation de la
biodiversité dans l’UE est un autre objectif prioritaire du plan d’action
(meilleures planifications, évaluations environnementales des actions).
Enfin, l’impact du changement climatique sur la biodiversité, ainsi que la
contribution potentielle de celle-ci pour limiter les gaz à effet de serre
dans l’atmosphère, grâce au mécanisme de capture du carbone, sont
également soulignés par ce plan d’action.
Consulter le plan d‘action ➜ http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/site/fr/
com/2006/com2006_0216fr01.pdf
Rens.➜ Euro Info Centre, tél. 02 99 25 41 57,
eic@bretagne.cci.fr
■Du côté de l’Europe
Naissance de Nutrialys
■ Lauréate en 2005 du concours national de création d’entreprises innovantes
organisé par le ministère et Oséo Anvar, la société Nutrialys vient officiellement de voir
le jour. Son créneau : la production d’aliments pour lutter contre le cancer et la douleur.
Le professeur Jacques-Philippe Moulinoux, directeur du Groupe de recherche en
thérapeutique anticancéreuse (Gretac) à l’Université de Rennes 1, en est l’initiateur.
Les cellules cancéreuses ont besoin de polyamines pour croître et l’idée de Jacques-
Philippe Moulinoux est de produire des aliments synthétiques qui n’en contiennent
pas(4). La production industrielle des flacons de soluté, aujourd’hui 10 000 par an,
assurée par la Coopérative agricole Coralis, pourrait passer à 5 millions par mois !
Rens.➜Jacques-Philippe Moulinoux, tél. 02 23 23 49 33,
jacques.moulinoux@univ-rennes1.fr
Synerg’Étic : 4e édition
■ La 4e édition des rencontresSynerg’Étic a eu lieu à Nantes
le 16 novembre dernier. Organisées par la Meito, dont la
mission consiste à animer la filière électronique, informatique et télécommunications
du grand Ouest, elles avaient pour thème “Innover et entreprendre” et ont rassemblé
plus de cent personnes. Une vingtaine de laboratoires de recherche sont venus
présenter leurs compétences aux entreprises, alors que huit entreprises ont témoigné
de la réussite d’innovations nées du partenariat avec le monde de la recherche.
Rens.➜Meito, tél. 02 99 84 85 00, www.meito.com
■Du côté des laboratoires
DR
Le secret de Copernic
Le coup de coeur de la Bibliothèque de Rennes Métropole
■ Dans ce roman, premier volume d’une saga intitulée
Les bâtisseurs du ciel (qui se continuera avec la vie de
Kepler), l’astrophysicien, romancier et poète, Jean-Pierre
Luminet nous fait découvrir la vie tumultueuse de Nicolas
Corpernic. Astronome célèbre, mais aussi médecin et
chanoine, cette figure du XVIe siècle avait remis en
question la cosmologie de Ptolémée, vieille de quatorze
siècles. Accessible à tous (avec des dessins et des
schémas, ainsi qu’une biographie des personnages), cet
ouvrage constitue un éclairage passionnant sur les débats théologiques et
scientifiques de ce temps. Jean-Pierre Luminet est aussi l’auteur du Rendezvous
de Vénus (1999) et du Bâton d’Euclide (2002). ➜Jean-Pierre Luminet,
JC Lattès, 2006. Vous pouvez retrouver ce livre à la Bibliothèque de Rennes
Métropole - Les Champs Libres.
Abécédaire de la chimie
■ D’adrénaline à zircon en passant par
photographie, réaction ou vinaigre, l’objectif de ce
panorama de 26 lettres est de montrer que la chimie
est partout : dans les laboratoires, dans l’industrie,
mais aussi dans la nature, dans la maison et chez les
êtres vivants. Produits, notions ou phénomènes chimiques sont décrits et
expliqués en quelques lignes efficaces par le Centre de la vulgarisation de la
connaissance(6). Rens.➜15 €, wwwcnrsedition.fr
■À lire JC Lattès
CNRS Éditions
➜Entreprise ➜
Parmi la centaine de lauréats 2006 du
concours à la création d’entreprises
de technologies innovantes coordonné
par Oséo Anvar, douze étaient
bretons. Qu’est-ce qui les pousse à se
lancer ? L’aventure est-elle facile ?
Sciences Ouest a recueilli deux témoignages.
Pour Yannick Boulis, jeune créateur de
l’entreprise Allugium Nutrition et
lauréat dans la catégorie “création-développement”
en juin dernier(1), le déclic a eu lieu
quand la communauté européenne a
annoncé qu’elle interdisait l’utilisation
des antibiotiques dans l’alimentation
animale, à compter du 1er janvier 2006.
“Pour remplacer les antibiotiques, nous avions
étudié de près des publications vantant l’intérêt
nutritionnel pour les animaux de protéines issues
du lactosérum(2. Conceptuellement, ça devait
marcher ! L’idée de créer une entreprise a
commencé à faire son chemin. Nous avons
approché Emergys(3) pour la première fois en
janvier 2002 et pendant 6 mois, l’incubateur nous
a aidés à financer les études préliminaires d’analyse
du marché et de la propriété industrielle.”
Incubation réussie
Avec un dérivé du lait comme matière
première et des débouchés dans le marché
de la nutrition animale, l’entreprise ne
pouvait pas trouver mieux que la Bretagne
comme berceau. Les choses s’enchaînent
avec une précision de métronome. Chaque
année, le projet de Yannick Boulis franchit
une étape : entrée dans l’incubateur en
2002 ; tests à l’échelle du laboratoire en
2003 ; premier produit intéressant fin 2003 ;
changement d’échelle en 2004 avec
plusieurs centaines de kilogrammes de
produits fabriqués pour des essais sur des
animaux. Yannick Boulis communique ses
premiers résultats prometteurs lors du
Space(4) en septembre. Les tests grandeur
nature commencent chez des industriels en
2005 et l’entreprise Allugium Nutrition est
créée en octobre. Aujourd’hui, l’atelier de
production hébergé chez un industriel
donne 8 à 10 tonnes de Lactoprim (voir
encadré) par mois et Yannick Boulis pense
déjà à la construction d’une usine ! Mais
sans précipitation.
“Aujourd’hui, le challenge consiste à trouver
l’équilibre entre les différentes activités : le développement
de la R&D, des ventes et de la production”,
conclut-il.
La précipitation n’est pas non plus le
défaut de Mathieu Bécus. Le lauréat de la
catégorie “émergence” porte un projet de
déploiement d’informatique diffuse, qui
repose sur une technologie développée par
l’Irisa(5) depuis 1998 ! “Nous continuons bien
sûr à la faire évoluer. Mais ce qui est remarquable,
c’est que c’est vraiment au fil des discussions, au
contact des industriels, que nous nous sommes
rendu compte du potentiel énorme des applications”,
explique Mathieu Bécus.
Projet en émergence
Basée sur la technologie de communication
sans fil “Bluetooth”, l’informatique
diffuse consiste à rendre les objets communicants
(voir encadré). Ce mode de circulation
de l’information se répand actuellement
dans le monde.
À Rennes, l’idée de créer une entreprise
pour commercialiser des produits et des
services est née fin 2005. Mais le projet va
rester interne à l’Irisa jusqu’à fin 2007. “Nous
voulons affiner le projet, pousser nos contacts
avec les industriels et bien étudier le marché,
poursuit Mathieu Bécus. Notre savoir-faire et
notre ancienneté dans la technique sont une force
qui nous permettra d’être très réactifs face aux
différentes applications.” ■ N.B.
Zoom sur les produits
Lactoprim contient des protéines issues du lactosérum. Il est utilisé en nutrition
animale pour améliorer la régulation du système digestif et de la flore intestinale des
volailles et des porcs. Il apporte des résultats équivalents aux antibiotiques, désormais
interdits par la Commission européenne, en termes de gain moyen quotidien des
animaux, et supérieurs à d’autres produits déjà existants sur le marché.
Ubi-Board est un service qui permet à un panneau d’affichage électronique de
communiquer avec un téléphone portable ou une puce RFID(6), via la technologie sans
fil Bluetooth. Quand une personne s’approche suffisamment près du panneau, celui-ci
identifie la langue qu’elle parle et adapte son message. L’information est également
transmise au téléphone portable. Ce système peut s’avérer utile dans les aéroports ou
lors de meetings sportifs, par exemple. ■
Rens.➜Des films présentant Ubi-Board et d’autres applications basées sur la même technologie sont
visibles sur le site de l’Irisa : www.irisa.fr/aces/
6 238/DÉCEMBRE 2006
Édition 2007
Le 9e concours national d’aide à la
création d’entreprises de technologies
innovantes, organisé par le ministère
délégué à l’Enseignement supérieur et
à la Recherche et Oséo Anvar, est lancé !
Les candidats peuvent concourir dans
deux catégories :
● Les projets en “émergence” peuvent
bénéficier d’une subvention de 45 000€
pour financer leur maturation technique,
économique ou juridique.
● Les projets “création-développement”
peuvent recevoir 450 000 € pour
financer leur programme d’innovation.
Dossiers de participation disponibles
sur Internet depuis le 1er décembre sur :
www.recherche.gouv.fr et www.oseo.fr
En Bretagne, les contacts sont :
➜ Nelly Le Roy-Crété, Oséo Bretagne,
tél. 02 99 38 45 45,
bretagne.oseoanvar@oseo.fr
➜ Jean-Marie Haussonne, délégué régional
à la Recherche et à la Technologie,
tél. 02 99 87 43 30,
drrt.bretagne@recherche.gouv.fr
Yannick Boulis
Nathalie Blanc
Mathieu Bécus
Nathalie Blanc
Créateurs, à vos projets !
Deux lauréats rennais
témoignent
(1) Yannick Boulis avait déjà obtenu une récompense en 2003, dans la catégorie
“émergence”. (2) Le lactosérum ou “petit lait” est un coproduit de la fabrication des yaourts
et des fromages. (3) Emergys : incubateur breton d’entreprises : www.emergys.tm.fr
(4) Space : Salon international de l’élevage, qui a lieu tous les ans à Rennes. (5) Irisa : Institut
de recherche en informatique et systèmes aléatoires. L’équipe Aces, informatique diffuse
et systèmes embarqués, dirigée par Michel Banâtre, est responsable du projet. (6) RFID :
Radio Frequency Identification. Voir l’article “La RFID fait son entrée en bibliothèque” dans
le n° 230 de Sciences Ouest - mars 2006.
Contacts ➜Yannick Boulis, tél. 02 99 54 52 86,
yannick.boulis@worldonline.fr
➜Mathieu Bécus, tél. 02 99 84 25 02,
mathieu.becus@irisa.fr
7 238/DÉCEMBRE 2006
➜L’invité du mois
Pour anticiper les prochaines guerres entre insectes
La lutte biologique suit la course
du climat
Le changement climatique bouscule
les équilibres entre populations
d’insectes. Au laboratoire Écobio, à
l’Université de Rennes 1, des recherches
démarrent, avec un grand scientifique
européen, pour anticiper les
prochaines guerres entre insectes... et
inventer la lutte biologique de demain.
Pour éliminer les pucerons, on peut
utiliser des pesticides... ou d’autres
insectes. C’est le principe de la lutte biologique.
Les Aphidius, par exemple, sont des
insectes utilisés pour tuer les pucerons.
Mais dans ce petit monde des “parasitoïdes”
tueurs, l’évolution du climat peut
tout chambouler, très vite. La chenille
processionnaire, venue d’Espagne, est
arrivée aux Pays-Bas, où il fait maintenant
plus chaud... mais ses pires ennemis, les
parasitoïdes, n’ont pas suivi leur “hôte” !
L’équilibre entre les populations d’insectes,
établi dans une coévolution à long terme,
peut se rompre.
Le comportement des parasitoïdes
“On ne sait pas comment vont se comporter les
parasitoïdes, explique Jacques van Alphen,
professeur en écologie aux Pays-Bas,
qui vient d’arriver au laboratoire Écobio(1),
à l’Université de Rennes 1 (lire encadré).
Il ne suffit pas de comparer des populations de
régions aux climats différents. L’environnement
n’est pas le même.” Le chercheur se lance
dans un programme de trois ans(2), avec
Joan van Baaren, maître de conférences à
Écobio. Ils veulent savoir comment les
parasitoïdes modifieront la gestion de leurs
ressources énergétiques - on parle de “traits
d’histoire de vie”. “Aujourd’hui, aucune publication
scientifique ne relie les traits d’histoire de vie
des parasitoïdes aux changements climatiques”,
précise Joan van Baaren.
Le parasitoïde pond dans l’oeuf, ou dans
la larve, de son hôte... qui n’a, en général,
aucune chance de s’en sortir. Le bébé parasitoïde
se nourrit de ses lipides et, dans sa
vie d’adulte, il n’aura besoin que d’un peu
de sucre. C’est pratique ! Mais il doit bien
gérer son budget initial en lipides : soit il
pond un maximum d’oeufs, soit il vole
beaucoup, à la recherche de ses hôtes.
“Si la température augmente, le parasitoïde
digère rapidement ses lipides, détaille Jacques
van Alphen. Il «brûle» plus vite son énergie,
peut faire plus de générations dans une saison...
mais il vit aussi moins longtemps.” Une fécondation
plus élevée compensera-t-elle une
durée de vie courte ? Grande question !
Car si la densité de population des parasitoïdes
change, la lutte biologique est
moins efficace.
Prévoir la pullulation d’insectes
Connaître la distribution des hôtes sur le
terrain est aussi primordial. Avec l’évolution
du climat, si les pucerons résident loin, les
uns des autres, le parasitoïde dépensera
trop d’énergie pour les atteindre... et ne
pourra pas suivre ! “Si l’on comprend comment
le climat va affecter, à la fois, l’hôte et ses parasitoïdes,
pour modéliser leurs comportements et ce
qu’il se passera dans leurs interactions, nous pourrons
aussi prévoir l’éventuelle pullulation d’hôtes”,
complète Joan van Baaren.
Ce programme ne veut pas simplement
mesurer l’effet, aujourd’hui, du climat sur
des animaux. “Nous nous intéressons à l’évolution
des insectes, qui vont s’adapter assez vite”,
résume Jacques van Alphen. En faisant venir
ce professeur à Rennes, l’Europe encourage
le transfert de connaissances. Et développe
en France les recherches sur la lutte biologique...
dans un pays qui est encore un
grand utilisateur de pesticides. ■ N.G.
(1) Le laboratoire Écobio “Écosystèmes, biodiversité, évolution”, UMR 6553 CNRS, Université
de Rennes 1, est dirigé par Pierre Marmonier. Site Web : http://ecobio.univ-rennes1.fr
(2) Le projet s’appelle Parasitoid Lige History Evolution and Climate Change (Comparevol).
Contacts ➜Joan van Baaren, tél. 02 23 23 50 27,
joan.van-baaren@univ-rennes1.fr
http://comparevol-univ-rennes1.fr
➜Jacques J.M. van Alphen,
j.j.m.van.alphen@biology.leidenuniv.nl
www.biology.leidenuniv.nl
Un grand chercheur européen à Rennes
Jacques van Alphen, de l’Université de Leiden, aux Pays-Bas, est lauréat d’une chaire
d’excellence Marie Curie. Chaque année, une quinzaine de professeurs européens,
parmi les meilleurs, sont invités à intégrer une équipe de recherche dans un autre
pays. La Commission européenne finance l’Université de Rennes 1, qui rémunère le
scientifique. “Ce projet est un aboutissement, se réjouit Joan van Baaren, qui a fait venir
le chercheur néerlandais. Jacques van Alphen est très performant ! Il est l’un des meilleurs
chercheurs européens en écologie comportementale. C’est indispensable aujourd’hui de travailler
dans un contexte international.” Pour Jacques van Alphen, “c’est très attractif de venir ici, car
la France est devenue un centre international pour l’étude du comportement des parasitoïdes.” ■
Jacques van Alphen et Joan van Baaren
démarrent des recherches pour anticiper
les luttes biologiques à venir.
Une femelle
de parasitoïde
du genre
Aphidius
en position
de ponte dans
une larve de
puceron.
Nicolas Guillas
Sonia Dourlot, UPRES-EA 3193 Écobiologie des insectes parasitoïdes, Université de Rennes 1
➜Laboratoire
La neige vue du ciel
Les caractéristiques du manteau
neigeux détectées par satellite
Mesurer avec précision, par satellite,
l’épaisseur, la densité ou l’humidité
du manteau neigeux à l’échelle de la
planète : une utopie ? À Rennes, une
équipe de l’IETR(1) relève pourtant ce
challenge.
Le manteau neigeux de l’hémisphère
Nord varie de près de 50 millions de km2
en hiver à 4 millions en été. La caractérisation
précise de ces étendues immenses,
souvent difficiles d’accès et très variables
dans le temps et l’espace, est primordiale
tant d’un point de vue économique qu’écologique.
L’estimation de la teneur en eau du
manteau représente, par exemple, un enjeu
important dans de nombreuses applications
comme la gestion des ressources
électriques ou la prévention de risques
d’inondations et d’avalanches.
En France, les climatologues du Centre
d’étude de la neige (Cen) du Centre national
de recherches météorologiques (CNRM) -
Météo France développent des modèles
numériques, Safran/Crocus, qui simulent
l’accumulation de la neige et la formation
du manteau neigeux. Mais ces derniers
manquent encore de précisions spatiales :
les conditions météorologiques sont supposées
homogènes à l’échelle d’un massif (500
à 1 000km2), les variations d’altitudes se font
tous les 300 m et le modèle ne prend en
compte que six orientations cardinales.
Analyser le manteau en profondeur
À Rennes, les chercheurs de l’équipe
Saphir(2) de l’IETR développent depuis des
années une technique de traitement radar
pour la télédétection spatiale qui lui vaut
une renommée mondiale : la polarimétrie
Sar. Basé sur l’effet Doppler (voir encadré),
le Sar(3) induit une résolution spatiale de
l’ordre du mètre et présente un espoir d’une
analyse en profondeur du manteau neigeux.
En effet, à des fréquences de l’ordre du GHz,
la rétrodiffusion radar est sensible aux paramètres
bio et géophysiques du milieu. La
comparaison entre l’onde émise et l’onde
reçue est donc susceptible de contenir une
information sur le milieu diffusant.
Dans toutes les directions
Les radars de nouvelle génération présentent
par ailleurs un autre avantage : ils sont
conçus de manière à transmettre et recevoir
le rayonnement des hyperfréquences en
modes horizontal (H) ou vertical (V), ce qui
permet d’étudier quatre combinaisons
possibles de polarisations en transmission -
réception (HH, VV, HV, VH). Actuellement en
plein essor avec le lancement du satellite
européen Envisat en 2004, du japonais Alos
en janvier 2006, et du canadien Radarsat-2
en mars prochain, la polarimétrie constitue
un potentiel majeur pour la télédétection du
couvert neigeux puisqu’il a été montré que
la “signature polarimétrique” varie aussi en
fonction de l’état de la neige.
C’est donc dans ce cadre que, pour ma
thèse, nous développons des modèles de
diffusion qui simulent l’interaction d’une
onde électromagnétique avec le manteau
neigeux. La tâche n’est pas facile puisque,
au-delà des paramètres classiques (densité,
humidité, épaisseur...), il faut prendre en
compte la taille et même la forme des particules
de glaces constituant la neige dans la
modélisation. Une fois ces interactions
parfaitement maîtrisées, il ne “restera” plus
qu’à décoder l’information contenue dans
les ondes électromagnétiques polarisées
pour estimer les différentes caractéristiques
du manteau neigeux.
La télédétection Sar polarimétrique apparaît
ainsi comme un outil qualitatif prometteur,
qui complètera les informations
données par Safran/Crocus. À long terme,
Météo France et même EDF pourraient
alors disposer d’informations sur la neige
avec une résolution de quelques mètres. ■
Cet article a été écrit par Nicolas Longépé
en deuxième année de thèse à l’IETR(1)
et moniteur au CIES(5)
L’effet Doppler
L’effet Doppler est un phénomène qui se produit lorsqu’une source de vibrations (sons,
ultrasons) ou de rayonnements électromagnétiques (lumière, ondes radar...) de
fréquence donnée est en mouvement par rapport à un observateur et qui se traduit
pour celui-ci par une modification de la fréquence perçue. Ainsi la sirène des pompiers
devient plus grave quand le véhicule s’éloigne, car la fréquence de l’onde sonore perçue
par l’observateur diminue, alors qu’elle devient plus aiguë lors de l’approchement.
Dans le cas des radars Sar “satellitales”, leur porteur évolue à une vitesse proche de
20 000 km/h à près de 800 km d’altitude. ■
8 238/DÉCEMBRE 2006
Signature polarimétrique du Massif des
Grandes Rousses au nord, et des Écrins au sud.
En rouge, le canal VV, en vert, le canal VV-HV
et en bleu le canal HV. Ces données, acquises
le 8 avril 2004, proviennent du capteur Asar
embarqué sur le satellite européen Envisat.
Simuler nécessite
des relevés sur
terrain pour valider
les approches
théoriques. Ici, lors
d’une campagne
expérimentale sur le
glacier d’Argentière
(Haute-Savoie), en
octobre dernier,
pour mesurer la
stratigraphie de la
glace par radar
pénétrant(4).
(1) IETR : Institut d’électronique et de télécommunications de Rennes. (2) Saphir : Sar
Polarimétrie holographie interferométrie radargrammétrie. (3) Sar : Synthetic Aperture
Radar. (4) Radar pénétrant GPR : Ground Penetrating Radar. (5) La diffusion de la culture
scientifique et technique est entrée officiellement au programme de la formation des
futurs maîtres de conférences. Écrire un article dans Sciences Ouest fait partie des projets
proposés aux moniteurs en formation au Centre d’initiation à l’enseignement supérieur
(Cies) du grand Ouest.
Contact➜Nicolas Longépé, tél. 02 23 23 55 47,
nicolas.longepe@univ-rennes1.fr
DR
DR
Nathalie Blanc - Christophe Blanchard - PBcg -DR
9 238/DÉCEMBRE 2006
À travers champs,
le long du littoral
La biodiversité
en question
“Des océans à sec en 2048 ?” On a pu lire ce titre un brin
provocateur, suite à la publication le 3 novembre dernier
dans la revue Science de l’article d’un chercheur canadien
annonçant la disparition de presque toutes les espèces de
poissons et de fruits de mer à consommer en 2048. Info ou intox ?
Les exemples de ce type ne manquent pas, comme le souligne
Yvan Lagadeuc, directeur du Caren(1) : “Il ne se passe pas une
journée sans que l’on parle d’environnement dans les médias.” D’où
l’utilité d’espaces de discussion où scientifiques de toutes les
disciplines, politiques et citoyens peuvent venir s’exprimer.
En Bretagne, la 10e édition des entretiens “Science et éthique
ou le devoir de parole” a eu lieu en octobre dernier à Brest.
Les débats ont porté sur la biodiversité du littoral. À Pleine-
Fougères, au bord de la baie du Mont-Saint-Michel, se tiendront
en mai 2007 les rencontres régionales CNRS Jeunes “Sciences
et citoyens”, sur la biodiversité et le paysage.
Vous trouverez dans ce dossier quelques-uns des sujets qui
ont été ou qui seront débattus. Côté mer, un biologiste expose
les vraies menaces de la biodiversité littorale, alors qu’un outil
de suivi de la pollution des bassins versants est déjà en place
depuis plusieurs années à Brest et que la collaboration entre
l’IGN et le Shom risque de révolutionner le domaine de la
cartographie. Côté terre, vous découvrirez Pleine-Fougères, un
site atelier du CNRS et de l’Inra, où écologues, agronomes,
géographes, archéologues et juristes du Caren croisent leurs
informations sur la biodiversité et le changement d’usages des
terres. Le regard d’une ethnologue termine ce panorama sur un
thème décidément très riche et très complexe, qui ne peut se
résumer à un titre. ■ N.B.
(1) Le Caren, Centre armoricain de recherches en environnement, est une fédération de recherche : Agrocampus, CNRS, Inra, Université de Rennes 1 et Université Rennes 2.
Des rencontres sur la bi
PatrickSaubost est le délégué régional
CNRS Bretagne - Pays de la Loire
depuis octobre 2004. Un an après son
arrivée, il relance une initiative que
son prédécesseur, Alain Marchal, avait
fait naître en 2002 : l’organisation de
rencontres “Sciences et citoyens”
à l’échelle régionale. Un rendez-vous
qui devient aujourd’hui régulier et
itinérant.
Sciences Ouest : Pouvez-vous nous
présenter les rencontres régionales CNRS
Jeunes “Sciences et citoyens” de 2007 ?
Patrick Saubost : Le
but de ces rencontres
est de rendre l’information
scientifique
accessible au plus
grand nombre, mais
aussi de “montrer” les
chercheurs qui travaillent
tout près des habitants,
mais qui sont
souvent méconnus. Nous choisissons donc
des thèmes proches des préoccupations du
grand public et en même temps en rapport
avec les recherches menées localement.
Les prochaines rencontres “Sciences et
citoyens” auront lieu les 11 et 12 mai 2007
à Pleine-Fougères, une ville de la
communauté de communes de la baie
du Mont-Saint-Michel, qui accueille des
scientifiques du Caren, Centre armoricain
de recherche en environnement(1). Les
thèmes de la biodiversité et du paysage se
sont naturellement imposés.
S.O. : Ces rencontres visent aussi
les jeunes ?
P.S. : Oui. Le choix du thème se fait très tôt,
pour permettre aux enseignants de rencontrer
les chercheurs et de travailler ensuite
avec leurs élèves. Deux cents collégiens et
lycéens préparent actuellement des projets,
qu’ils présenteront en mai prochain. Nous
voulons démystifier la science, montrer
qu’elle est source d’emplois, présenter les
métiers de la recherche et dire qu’elle est
l’affaire de tous : du chercheur au technicien.
Le but est aussi que la synergie entre
l’école et la science se poursuive et que les
scientifiques continuent à venir dans les
classes, au-delà des rencontres. Pour cela,
nous sommes en train de mettre en place
des clubs “CNRS jeunes sciences et
citoyens”, qui n’existent pas encore en
Bretagne.
S.O. : Le rendez-vous sera désormais
régulier ?
P.S. : Cela fait partie des missions de service
public du CNRS que d’aller dans des villes
de petites et moyennes tailles, moins
touchées par les manifestations spectaculaires
telles que la Fête de la science, qui,
par ailleurs a son public. Mais on ne doit
pas faire que ça. Je crois beaucoup aux
petites actions. Les rencontres régionales
auront donc lieu tous les ans et tourneront
dans trois villes différentes(2).
Je suis persuadé, par ailleurs, que la
recherche n’a pas encore atteint sa masse
critique dans le grand Ouest. Il y a encore
dix Caren à faire ! Même dans les grandes
villes. À Rennes, les collectivités locales
jouent très bien leur rôle : le Conseil
régional et Rennes Métropole attribuent
des subventions, des allocations d’installation...
On a la boîte à outils, mais il faut
maintenant une volonté pour faire venir
encore plus de chercheurs dans l’Ouest.
À mon échelle, j’essaie d’y contribuer. ■
Propos recueillis par Nathalie Blanc
(1) Le Caren est une fédération de recherche multidisciplinaire (Agrocampus Rennes, CNRS,
Inra, Université de Rennes 1, Université Rennes 2), qui regroupe plus de cent chercheurs.
(2) L’organisation des rencontres a commencé en 2002 à Plozévet (Finistère), à l’occasion
des 40 ans des travaux que le sociologue Edgar Morin avait réalisés dans cette ville.
2005 : Plozévet ; 2007 : Pleine-Fougères (Ille-et-Vilaine) ; 2008 : Les Sables-d’Olonne
(Vendée) ; 2009 : Plozévet.
Rendez-vous à Pleine-Fougères en mai 2007
“La recherche est l’affaire de tous”
Une trentaine de scientifiques du
Centre armoricain de recherche en
environnement - Caren - sont impliqués
dans la préparation des rencontres
“Sciences et citoyens” de mai
prochain. Et dans d’autres actions.
ÀPleine-Fougères, la recherche est
concrète et palpable : elle a lieu dans les
champs. Depuis 1993, les habitants ont l’habitude
de croiser les chercheurs avec leurs
pièges jaunes, leurs bottes et leur ciré. Pour
sa thèse, une doctorante en ethnologie(3) est
en train d’étudier les relations entre chercheurs
et agriculteurs sur la gestion de la
biodiversité. “Il est important de maintenir le
contact avec la population et de poursuivre ce
travail de transfert des connaissances. D’où l’organisation
des rencontres «Sciences et citoyens»,
souligne Yvan Lagadeuc, le directeur du
Caren. C’est la première fois qu’un rendez-vous de
ce type, en direct avec la population, est organisé.
Or, celle-ci est demandeuse. Surtout dans notre
domaine ! Il ne se passe pas une journée sans que
l’on parle d’environnement dans les médias.”
Aujourd’hui les scientifiques sont
conscients qu’ils doivent communiquer
sur leurs travaux, mais ils doivent y être
préparés. Lors de la fondation du Caren,
en 2000, cette dimension a été prise en
compte : une cellule de communication a
été créée pour coordonner les différents
projets. “Avant, des actions étaient menées au
coup par coup par des chercheurs, sans que cela ne
soit vraiment visible ni reconnu, reprend Yvan
Lagadeuc. Aujourd’hui, ces actions entrent en
compte dans l’évaluation des chercheurs et, au
Caren, nous souhaitons les renforcer. Pour cela, nous
sommes en contact avec le rectorat, les communautés
de communes, l’Espace des sciences...” ■ N.B.
(3) Thèse menée par Aurélie Javelle sur la période 2004-2007. Rens. :
aurelie.javelle@univ-rennes1.fr
Contact➜Yvan Lagadeuc,
yvan.lagadeuc@univ-rennes1.fr
www.caren.univ-rennes1.fr
Le Caren développe des actions
de culture scientifique et technique
Les scientifiques sont en direct
avec la population
Dossier
Patrick Saubost
Nathalie Blanc
Yvan Lagadeuc
Yann Rantier
10 238/DÉCEMBRE 2006
odiversité
11
Dix ans après leur création, les entretiens
“Science et éthique ou le devoir
de parole”, qui se sont déroulés les 13
et 14 octobre à Brest, ont une fois de
plus rencontré l’engouement auprès
d’un public éclectique de scientifiques,
d’étudiants, d’élus et d’entrepreneurs
venus en nombre échanger sur le
thème de la biodiversité du littoral. Un
anniversaire réussi donc, dont ne peut
que se réjouir Brigitte Bornemann-
Blanc, la fondatrice de cet événement.
Sciences Ouest : Pour vos dix ans,
vous avez opté pour la thématique de la
biodiversité du littoral : pourquoi ce choix ?
Brigitte Bornemann-Blanc : Ce thème s’inscrivait
dans un cycle de quatre ans durant
lequel nous nous étions penchés sur les
questions entourant l’océan (2003), la pêche
(2004) et le littoral (2005). Nous voulions
mieux saisir ce qui se passait aujourd’hui au
niveau de la biodiversité sur la zone côtière
et quels étaient les outils mis en place par
les experts pour observer les changements.
C’était une thématique riche mais aussi
houleuse, qui se prêtait bien à la variété des
approches. À ce titre, la contribution à ces
débats de spécialistes en sciences humaines
a été l’une des nouveautés fructueuses de
cette édition 2006, qui aura permis de
rappeler que les entretiens demeurent un
formidable lieu de débats et de dialogues
entre les communautés scientifique et civile.
S.O. : En tant qu’organisatrice, quelle
satisfaction tirez-vous de ces journées ?
B.B.B. : Je pense que cette 10e édition
nous a permis de trouver une porte d’entrée
pour associer totalement les jeunes à la
démarche des entretiens. Les étudiants de
l’Institut universitaire européen de la mer -
l’IUEM - se sont impliqués dans cette manifestation
en prenant part à la présentation
des différentes conférences. L’autre satisfaction
de ces journées réside dans le fait que
les entreprises ont désormais saisi tous les
bénéfices qu’elles pouvaient tirer en venant
participer à ces rencontres internationales(1).
S.O. : Les entretiens ont-ils atteint
leur maturité ?
B.B.B. : D’une certaine façon oui, même si
dix ans c’est encore jeune et que nous
entendons bien poursuivre avec nos partenaires
dans la dynamique que nous avons
enclenchée. Rendez-vous donc l’année
prochaine pour les entretiens 2007 qui se
dérouleront à Brest les 18 et 19 octobre.
Nous aborderons alors le thème des énergies
de la mer, des énergies alternatives
et des énergies renouvelables. ■
Propos recueillis par Christophe Blanchard
Les dix ans des entretiens Science et éthique de Brest
Un anniversaire sous le signe de la
biodiversité
Dix ans après leur création, les entretiens
ont fait des émules, puisqu’ils
ont été précédés, cette année, par les
premiers entretiens Science et éthique
junior.
“Notre ambition était de rassembler des
jeunes, des enseignants et des chercheurs
dans un même lieu pour permettre la rencontre
informelle entre des scientifiques, désireux de faire
connaître leurs travaux à des jeunes et des enseignants,
qui souhaitent sensibiliser leurs élèves aux
sciences et à leur impact dans la vie quotidienne”,
explique Brigitte Bornemann-Blanc.
Alliant à la fois science, vie quotidienne,
culture, économie et société, cette journée
de rencontres, parrainée par quatre figures
emblématiques de la recherche et du
monde de la mer(2), a permis à des centaines
d’élèves de la région brestoise de participer
à différents ateliers thématiques et projections-
débats. Ils y ont découvert, en vrac, ce
que contenait une goutte d’eau, ce qui
se cachait derrière l’expression “développement
durable” et ont appris à mieux
connaître la mer et ses risques. “Ces entretiens
Science et éthique junior avaient été précédés
par une journée pilote le 29 septembre à
Concarneau, organisée en partenariat avec l’association
Cap vers la nature, le musée de la Pêche,
le Marinarium, le lycée professionnel hôtelier
Saint-Marc de Trégunc et la conserverie Gonidec,
souligne Brigitte Bornemann-Blanc. Devant
le succès de ces deux manifestations, nous avons
décidé de reconduire l’opération l’année prochaine,
ce qui devrait permettre de donner un élan supplémentaire
à nos journées de recherche.” ■
(2) Parmi lesquelles : Charles Claden, commandant de l’Abeille Bourbon, Pierre Léna, de
l’Académie des sciences, Michel Segonzac de l’Ifremer et Frank Zal, chercheur à la Station
biologique de Roscoff.
Vous pouvez retrouver toute l’information concernant
les entretiens sur les sites ➜www.science-ethique.org
http://canalc2.u-strasbg.fr
Une première: les entretiens junior
Christophe Blanchard
238/DÉCEMBRE 2006
(1) Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo, l’ambassadeur de Madagascar en France et
plusieurs scientifiquesmalgaches avaient ainsi fait le déplacement pour participer à cette
10e édition.
Contact➜Brigitte Bornemann-Blanc,
tél. 02 98 41 46 05, brest@3bconseils.com,
http://3bconseils.com
De gauche à droite :
Marc Le Gall, enseignant au
lycée Vauban et responsable
desWeb-trotteurs des lycées.
Julien Salaün, Webmaster
à 3B Conseils.
Brigitte Bornemann-Blanc,
organisatrice des entretiens
Science et éthique et
directrice de 3B Conseils.
Michel Glémarec, professeur
honoraire d’océanographie
biologique à l’UBO. Aurélie
Cazoulat et Charline Lasterre,
chargées de projets à
3B Conseils. Au premier plan :
deuxWeb-trotteurs.
La biodiversité en mer
12 238/DÉCEMBRE 2006
Dossier
La pollution au fil de l’eau
Écoflux : un outil qui contrôle et informe
La biodiversité du littoral se trouve
parfois menacée. Mais les pollueurs
ne sont pas toujours ceux que l’on
croit. C’est le message du biologiste
brestois Jacques Grall.
Arca tetragona, Atrina fragilis, Gryphus vitreus,
Nucella lapillus..., autant de noms
surannés pour désigner les mollusques,
brachiopodes et autres gastropodes qu’on
aura bientôt plus de
chances de trouver
dans les manuels
naturalistes que sur
les fonds océaniques
bretons, où ils étaient
pourtant légion il y a
peu de temps encore.
Mais qu’on ne vienne
pas raconter de
sornettes à Jacques Grall, quand bien
même celles-ci seraient enrobées de fuel
lourd. Quand on lui dit que le naufrage de
l’Erika aurait causé d’importants ravages sur
la biodiversité littorale, le responsable de
l’observatoire du domaine côtier de l’IUEM
entend rectifier immédiatement le tir, résultats
à la clé : “Contrairement à ce que beaucoup
de gens pensent, cette catastrophe n’a eu aucun
impact notable sur la biodiversité. C’est ce qu’ont
montré nos collectes, réalisées régulièrement
pendant trois ans sur vingt estrans des îles situées
autour du golfe du Morbihan(1).” D’après le
biologiste brestois, en matière de disparition
d’espèces, le danger vient d’ailleurs
plus souvent de la terre que de la mer.
Une pollution moins visible
Spectaculaires et traumatisantes, les
déjections noires, qui s’échappent des
cuves des navires croisant au large de nos
côtes, feraient presque oublier que nous
sommes, nous aussi, des pollueurs en puissance.
Contaminations métalliques issues
de rejets industriels ou pesticides agricoles
sont ainsi directement responsables de
ravages irréparables sur la biodiversité du
littoral. “Cette pollution chronique est beaucoup
moins visible que celle provoquée par les hydrocarbures,
souligne Jacques Grall. Elle touche
pourtant toutes les espèces, et notamment celles qui
sont relativement rares et fragiles. Du coup, dès
qu’il y a une perturbation, les espèces les moins
compétitrices en milieu découvert à basse mer
disparaissent.”
Si les pollutions d’origine tellurique sont
préjudiciables à la biodiversité, la modification
de l’habitat des espèces a, elle
aussi, un impact direct sur la disparition de
certaines d’entre elles. “Les aménagements
portuaires ont contribué à modifier durablement les
habitats, commente Jacques Grall. La pêche a
elle aussi sa part de responsabilité. Les dragages
des fonds marins par les chalutiers ont eu tendance
à modifier la structure verticale du sédiment en
Les vraies menaces de la biodiversité littorale
Un biologiste brestois se jette à l’eau
Mis en place en 1998 par l’Institut
universitaire européen de la mer, le
réseau Écoflux a pour mission de
suivre la qualité de l’eau des treize
bassins versants du Finistère. Une
initiative unique en France, à la dimension
pédagogique clairement affichée.
Nitrates et phosphates,
voici un
cocktail qui cause bien
des remous dans les
rivières bretonnes.
Mais qui est contrôlé
depuis 1998, grâce à un
outil de diagnostic
novateur mis en place
par Paul Tréguer, le
directeur de l’Institut universitaire européen
de la mer (IUEM), en collaboration
avec le Conseil général du Finistère. “Écoflux
nous permet de mieux surveiller la concentration et
le niveau des flux de nitrates, de phosphates et de
silicates qui transitent par les bassins versants du
département”, explique Patrick Pouline, ingénieur
d’études à l’IUEM et coordinateur du
réseau.
Des prélèvements hebdomadaires de
ces éléments sont réalisés et analysés au
sein de laboratoires spécialisés qui collaborent
avec l’IUEM. Effectués par une vingtaine
de bénévoles sur treize rivières(1) du
département, ils constituent une base de
données. “Ces données permettent d’aider
d’autres scientifiques, comme ceux d’Agrocampus
à Rennes ou de l’Ifremer, à mieux comprendre
l’origine de l’apparition d’algues vertes et de
phytoplancton toxique, poursuit-il. Étant donné
la multiplicité des paramètres telluriques ou
anthropiques pouvant faire varier la concentration
des nitrates et des phosphates dans un cours d’eau,
ce suivi doit s’effectuer sur le long terme. Il n’est
en effet pas simple de réaliser des diagnostics
immédiats.”
Citoyens responsables
Outre le caractère scientifique, Écoflux
a aussi une vocation pédagogique. “Nous
travaillons beaucoup avec les lycées agricoles, dont
les élèves réalisent d’ailleurs certains prélèvements.
Mais notre volonté est d’aller à la rencontre du
plus grand nombre de jeunes, précise Patrick
Pouline. Il est en effet essentiel de les sensibiliser à
ces thématiques pour en faire des citoyens responsables.
N’oublions pas que si les agriculteurs sont
souvent montrés du doigt lorsque nous parlons de
la pollution de l’eau, chacun de nous est directement
responsable d’une partie de celle-ci, à travers
nos rejets urbains et industriels.”
Grâce à des interventions régulières dans
les lycées ou dans des colloques scientifiques
grand public, comme ce fut le cas en
Jacques Grall
Christophe Blanchard
Patrick Pouline
Christophe Blanchard
Yves Gladu
13 238/DÉCEMBRE 2006
L’Institut géographique national (IGN)
et le Service hydrographique et océanographique
de la marine (Shom)
s’associent et réunissent une nouvelle
fois leurs compétences en cartographie,
en vue d’un inventaire du littoral.
Les premiers résultats sont attendus
d’ici un an.
Côté terre, prenez les compétences de
l’IGN et associez-les, côté mer, avec
celles du Shom. Vous ne tarderez pas à
obtenir un mélange cartographique détonnant
qui devrait permettre d’aboutir, d’ici
quelque temps, à
l’élaboration de
cartes du littoral
d’une très grande
précision. “Ce
projet est né en
2002, suite à une
recommandation
européenne incitant
les États côtiers à
procéder à un inventaire
de leur littoral, explique Laurent Louvart,
chef de la section Géodésie-géophysique
du Shom. Or, la première étape est de connaître
le relief sur lequel s’appuierait cet inventaire. D’où
la vocation du projet Litto3D.”
Appuyés par le Conseil national de l’information
géographique (CNIG) et le
Comité interministériel de la mer, le Shom
et l’IGN se sont donc vu confier la mission
délicate de mutualiser pour la première fois
leurs compétences afin de mettre au point
une cartographie fine des zones littorales :
“Ce travail est important, car il existe encore de
nombreux endroits du littoral qui ne sont pas décrits
sur les cartes marines. C’est le cas, par exemple, de
certaines zones économiques comme les pêcheries ou
des zones ostréicoles, autour desquelles la navigation
demeure dangereuse à cause des tables, des pieux et
autres enclos non répertoriés.”
Un trait de côte unique
Cette collaboration entre le Shom et
l’IGN est aussi l’occasion de mettre en
lumière des divergences dans la manière de
travailler des deux structures. “Quand nous
avons procédé à l’inventaire de nos données respectives,
nous nous sommes aperçus que nos traits de
côtes n’étaient pas les mêmes, poursuit Laurent
Louvart. L’IGN restitue les limites du plan d’eau
au moment de la prise de vue aérienne, sans
prendre en compte le fait que la mer peut parfois
monter plus haut, alors qu’au Shom, nous nous
basons sur les plus hautes mers astronomiques.”
Un continuum “terre-mer”
Le Shom et l’IGN auront gommé ces
approximations d’ici avril 2007, date à
laquelle les deux structures souhaitent
proposer gratuitement au public une carte
unique du trait de côte. “Cette carte sera le
résultat de la visualisation conjointe de la marée et
du relief, précise-t-il encore. À plus long terme,
l’objectif du projet Litto3D reste la mise en place
d’un modèle “terre-mer” en trois dimensions, qui
permettrait de décrire l’ensemble de l’espace
littoral. On pourra ainsi avoir la limite des plus
basses mers pour savoir jusqu’où aller sans se
mouiller les pieds ! Grâce à un tel outil, nous
serons aussi en mesure de simuler des schémas
d’inondations ou de raz de marée avec beaucoup
plus de précisions.” ■ C.B.
Contact➜litto3d@shom.fr, www.shom.fr/litto3d.fr
Litto3D
Catherine Le Roux
et Laurent Louvart
Christophe Blanchard
Du nouveau dans
la cartographie du littoral
Le projet Litto3D réunit
les données de
la terre et de la mer
octobre dernier durant les entretiens
Science et éthique junior(2), nul doute
que le réseau finistérien continuera à
faire des émules parmi les établissements
scolaires du département. ■ C.B.
(1) Il s’agit des rivières : le Dourduff, le Dossen, la Penzé, le Guillec, le Quillimadec,
la Flèche, l’Elorn, la Douffine, l’Aulne, le Kerharo, le Lapic, le Ris, le Saint-Laurent.
(2) Les entretiens Science et éthique junior se sont déroulés le 12 octobre 2006 au
Quartz à Brest. Lire l’article page 11.
Contact➜Tél. 02 98 49 86 13,
patrick.pouline@univ-brest.fr
homogénéisant l’habitat de certaines espèces
et favorisant ainsi leur déclin(2).” ■ C.B.
(1) Ces travaux ont été réalisés par l’IUEM, l’association Bretagne Vivante et le
bureau d’études TMB Télédétection et biologie marine. (2) Dans le golfe de
Gascogne, certainsmollusques comme l’Atrina fragilis, qui occupaient, il y a peu
de temps encore, des centaines d’hectares, ont ainsi largement reculé, entraînant
dans leur sillage la disparition d’un cortège d’autres espèces qui dépendaient
d’eux pour survivre.
Contact➜jacques.grall@univ-brest.fr
Le maërl est un fond sous-marin typiquement
breton, qui abrite une biodiversité exceptionnelle
où se reproduisent un grand nombre d’espèces
de poissons et de mollusques. À terre, le maërl
est utilisé dans le traitement des eaux usées,
l’amendement calcaire, l’alimentation animale
ou encore dans la parapharmacie. Même si elle
a tendance à décroître lentement depuis une
dizaine d’années, l’extraction du maërl atteint
300 0000 tonnes par an en Bretagne !
Christophe Blanchard
Réalisé dans le cadre
du projet Litto3D,
ce modèle altimétrique
donne une idée de ce
que pourront être les
futures cartes du littoral.
La biodiversité sur terre
Dossier
Une zone du nord-est de l’Ille-et-
Vilaine est depuis plus de dix ans le
théâtre des recherches des scientifiques
du Caren(1), qui suivent l’évolution
de la biodiversité continentale.
Un site original, aujourd’hui labellisé
au niveau européen.
Cela fait maintenant
douze ans que
la zone de Pleine-
Fougères(2) est sillonnée
par les chercheurs du
Caren et de laboratoires
partenaires. Françoise
Burel, de l’UMR Écobio
précise : “À notre arrivée
en 1993, nous avons analysé la distribution des
plantes, des oiseaux, des petits mammifères et de
certains invertébrés en fonction de la diversité
paysagère”. Depuis, la récolte des informations
n’a jamais cessé et la gestion des
bases de données mobilise cinq personnes
du Caren. Les chercheurs suivent ainsi la
dynamique du paysage, de la biodiversité et
de l’agriculture. “Il est rare de pouvoir disposer
d’un suivi aussi complet d’une zone, surtout quand
elle accueille une activité humaine, précise
Françoise Burel. Nous avions choisi ce site car il
est relativement grand - plus de 9 000 hectares -,
possède partout le même système de production -
des vaches laitières -, tout en offrant des différences
dans les paysages.” Dans le Nord, il y a moins
de haies, les parcelles sont plus étendues et
les exploitations plus grandes avec une
intensification agricole plus importante.
Aujourd’hui, les écologues ne sont plus
tout seuls à Pleine-Fougères. L’équipe de
recherche est désormais composée de
géographes, d’agronomes, d’archéologues,
de sociologues et de juristes. Labellisé
“Zone atelier” du CNRS, le site vient aussi
d’être labellisé dans le réseau d’excellence
européen Alternet(3). L’objectif est d’y organiser
un suivi sur le long terme des relations
entre la biodiversité et les changements
d’utilisation des terres, notamment par
l’agriculture. Mais Pleine-Fougères accueille
aussi des projets à court terme sur des
questions de recherche plus précises
comme le suivi du rôle de la structure du
paysage sur la dénitrification. “Notre connaissance
de la biodiversité du site nous permet d’évaluer
les changements liés à de nouvelles politiques,
reprend Françoise Burel. Par exemple, des
bandes enherbées sont mises en place le long des
cours d’eau dans le cadre de la nouvelle Politique
agricole commune et nous évaluons leurs effets sur
la biodiversité, en relation avec les agriculteurs.”
La question de l’utilisation des données
scientifiques, qui sont à la base des décisions
politiques, intéresse de près Françoise
Burel. “Nos résultats ne sont pas forcément accessibles
aux personnes censées les utiliser : les services
de l’État ou les agriculteurs. Avec des écologues,
mais aussi des économistes et des philosophes, je
vais donc m’intéresser à l’utilisation des résultats de
la recherche par les décideurs publics.” Déposé à
l’ANR(4), le projet a été accepté et débute le
1er février 2007. ■ N.B.
(1) Caren : Centre armoricain de recherches en environnement. (2) www.caren.univrennes1.
fr/pleine-fougeres/ (3) Il est coordonné par Jacques Baudry, de l’unité de
recherche Inra-Sad-paysage. www.alter-net.info (4) ANR : Agence nationale de la recherche.
Contact➜Françoise Burel, tél. 02 23 23 61 45,
francoise.burel@univ-rennes1.fr
Pleine-Fougères, un site pilote
Une étude grandeur nature
de la biodiversité
D’une dizaine de mètres de large et
disposées en bord de champs ou le long
des cours d’eau, les bandes enherbées
sont ensemencées d’herbes et de fleurs
diverses. Elles doivent permettre à
des populations d’animaux, comme
les perdrix, qui nichent au sol, de
recoloniser des zones où les pesticides
les ont parfois fait fuir. Sous terre, elles
doivent servir de zone de captage des
nitrates, évitant ainsi la fuite trop rapide
de ceux-ci vers les cours d’eau ou les
nappes souterraines. ■
L’intérêt des bandes enherbées
Françoise Burel
Nathalie Blanc
DR
DR
14 238/DÉCEMBRE 2006
Que font des géographes et des
archéologues sur un site tel que
Pleine-Fougères, investi par des biologistes
depuis plus de dix ans ? Ils
rendent compte du changement des
paysages au fil du temps. Mais ne
travaillent pas à la même échelle de
temps, ni avec les mêmes outils.
“ÀPleine-Fougères, nous recherchons des
indicateurs fiables et facilement utilisables
pour rendre compte des changements d’usage
des terres”, explique Laurence Hubert-Moy,
enseignant-chercheur
au laboratoire Costel(1).
Les photos aériennes,
dont les premiers
clichés datent des
années 50, permettent
aux géographes d’extraire
et de comparer
des informations sur
une longue période :
taille des parcelles, surfaces occupées par
les cultures... Sur des échelles de temps
plus courtes, les chercheurs exploitent les
images satellites. Le satellite peut en effet
fournir plusieurs clichés par an, permet de
couvrir de grandes surfaces et offre surtout
la possibilité de recueillir des données qui
renseignent sur l’état des surfaces terrestres.
“Nous évaluons en ce moment des capteurs
capables de détecter automatiquement la présence
de bandes enherbées(2), mais aussi de les caractériser.
Les données de télédétection permettent
d’accéder à des paramètres biophysiques tels que le
taux de couverture du sol par la végétation sur les
parcelles agricoles ou la biomasse. Nous travaillons
aussi, à partir de ces mêmes données, sur la délimitation
et la caractérisation des zones humides.”
Les bocages du Moyen Âge
“Coincés entre les géologues et les
géographes”, les archéologues cherchent
à raconter l’histoire du paysage dans le
temps, depuis que l’Homme le façonne. Les
traces d’habitat ou d’établissements agricoles
datant de l’âge du fer ou de l’époque
gallo-romaine sont très souvent révélées par
prospections aériennes à basse altitude :
des fossés dessinant des formes de parcellaires
peuvent apparaître très clairement.
“Il suffit qu’une structure en creux ou qu’un mur
soient enterrés pour que, à la surface, la culture
prenne des allures différentes, qu’une même plante
soit fleurie ou non,” précise Guirec Querré,
directeur de l’UMR Civilisations atlantiques
et archéosciences(3). Lors des fouilles, les
vestiges doivent être décryptés, car
plusieurs époques peuvent se superposer.
C’est ainsi que l’on sait aujourd’hui que le
bocage est une création beaucoup plus
“récente” qu’on ne croit, qui date seulement
de la fin du Moyen Âge ! L’occupation
ancienne des sols peut aussi avoir un
impact sur le paysage actuel, c’est ce qu’ont
démontré les archéologues, après un travail
mené en collaboration avec les agronomes
de l’unité Sad-paysage de l’Inra(4), notamment
sur un site près de La Guerche. “La
présence d’une forge peut, par exemple, avoir
marqué chimiquement le sol. L’apport de calcaire,
phosphates, nitrates peut être à l’origine d’une flore
particulière, précise Dominique Marguerie,
chercheur dans l’UMR. Nous allons faire ce
genre de recherche sur Pleine-Fougères.”
Des données sur dix ans
Si géographes et archéologues travaillent
sur d’autres sites, où ils mènent leurs
propres travaux de recherche, ils sont
unanimes sur l’avantage à tirer de leur
présence à Pleine-Fougères et leur collaboration
avec les biologistes et les agronomes.
“L’intérêt ici est de travailler sur un même site
avec des chercheurs de plusieurs disciplines, et
dans la durée, précise Laurence Hubert-Moy.
On ne trouve pas ces conditions quand on travaille
sur d’autres types de sites dans le cadre de projets
plus ponctuels.” “Sur le site de Pleine-Fougères,
les biologistes nous apportent la connaissance
des processus dans l’histoire écologique récente,
complète Dominique Marguerie. Cela nous
aide à étayer notre interprétation archéogéographique.
Car toutes disciplines confondues, la
question que l’on cherche toujours à élucider est :
quelle est la part du climat et celle de l’Homme
dans l’évolution des paysages ?” ■ N.B.
(1) Laboratoire Costel UMR CNRS 6554 LETG, Université Rennes 2, Caren, www.uhb.fr/
sc_sociales/Costel/ (2) Voir encadré ci-contre. (3) L’UMR 6566 CNRS, Université de
Rennes 1, Université Rennes 2, Caren, ministère de la Culture. (4) L’unité de recherche Sadpaysage
de l’Inra fait partie du Caren.
Contacts ➜Laurence Hubert-Moy,
tél. 02 99 14 18 48, laurence.hubert@uhb.fr,
➜Guirec Querré, tél. 02 23 23 59 16,
guirec.querre@univ-rennes1.fr
Géographes et archéologues ont investi le même site
La lecture du paysage est
un travail interdisciplinaire
DigitalGlobe, distribution Eurimage
C. Bizien-Jaglin, CeRAA, UMR 6566
Image satellite prise par un capteur de
très haute résolution spatiale permettant
d’identifier les sols nus (en vert) et les
sols recouverts de végétation (en rouge).
Laurence Hubert-Moy
Nathalie Blanc
Nathalie Blanc
Vue aérienne d’un
enclos protohistorique
et d’un parcellaire
associé sur la commune
de Pleine-Fougères.
15 238/DÉCEMBRE 2006
Deux autres regards su
Dossier
Percer les arcanes du droit de l’environnement
Une juriste rennaise veut comprendre
le langage de l’environnement
D’un côté le droit, de l’autre l’environnement
: deux mondes complexes,
avec des codes et un langage particuliers.
Et pourtant le droit de l’environnement
a été créé. Chercheur
CNRS, spécialisée en droit européen
et de l’environnement, Nathalie
Hervé-Fournereau a pris le pari de
comprendre et d’apprécier le lien !
Le droit de l’environnement s’est édifié à
partir de 1972. Mais depuis, on ne peut
pas dire que ce dernier ait été vraiment
respecté, voire tout simplement appliqué.
“Depuis les années 90, une augmentation des
arrêts pour non-respect du droit communautaire
de l’environnement a même été clairement enregistrée”,
note Nathalie Hervé-Fournereau, de
l’Institut de l’ouest droit et Europe (Iode)(1),
à l’Université de Rennes 1. Il faut avouer
que les règles ne sont pas toujours faciles à
comprendre, surtout quand aux questions
d’environnement, on superpose le droit
européen, le droit national et le droit international.
Partage des compétences
Un des rôles de Nathalie Hervé-
Fournereau est justement d’analyser le
processus d’intégration des exigences en
matière de protection de l’environnement
dans les politiques et actions de l’Union
européenne : par exemple, la Politique agricole
commune ou la Politique commune
des pêches. “Dans le domaine de l’environnement,
la Communauté européenne bénéficie
d’une compétence partagée avec les États
membres. Conformément au principe de subsidiarité,
elle n’intervient que si, et dans la mesure
où, les objectifs de l’action envisagée ne peuvent pas
être réalisés de manière suffisante par les États
membres et peuvent donc, en raison des dimensions
ou des effets de l’action envisagée, être mieux
réalisés au niveau communautaire. Je travaille
aussi beaucoup sur le concept de gouvernance, en
particulier sur l’articulation des compétences et la
contribution des différents acteurs, tels les juges,
les entreprises, les scientifiques lors de l’application
des réglementations.” En effet, il n’est pas
toujours facile pour un juge de trancher sur
l’identification de la cause d’une pollution,
ni de quantifier le préjudice, de se
prononcer sur l’état de conservation favorable
des habitats naturels et des espèces
de faune et flore d’intérêt communautaire,
ou encore sur le “bon état écologique” ou le
“bon état chimique” de l’eau.
À l’Iode, une passerelle a été tendue entre
le droit et l’environnement : un axe de
recherche spécialisé en environnement et
développement durable a été créé en 2004.
Depuis, la jeune équipe ne cesse de
s’agrandir et compte aujourd’hui huit
personnes. Nathalie Hervé-Fournereau en a
pris la responsabilité et elle est bien décidée
à servir de médiatrice. Elle a tissé des liens
avec les scientifiques : deux étudiants en
droit ont effectué leur stage dans un des
laboratoires du Caren(2) et les juristes de
l’Iode ont participé à un cycle de conférences
sur le droit de l’environnement. Un
ouvrage est également en cours : “Le thème
de chacune des conférences sera à chaque fois
décliné par un juriste et par un scientifique, afin
de croiser les regards”.
Amener les juristes sur le terrain
L’équipe est aussi impliquée dans la
préparation d’un colloque sur les approches
volontaires et le droit de l’environnement en
mars 2007. Mais son dernier “coup” est
d’avoir répondu à deux appels d’offres, aux
côtés des agronomes et des écologues, dont
l’un sur le site atelier de Pleine-Fougères
(voir articles des pages 14-15). “Un site comme
Pleine-Fougères est au carrefour de la politique
agricole, de la politique d’aménagement du
territoire et de la politique de l’environnement,
soit trois branches juridiques ! Qui s’harmonisent
ou s’entrechoquent... Mon but est donc de dépasser
la théorie et d’aller sur le terrain pour identifier
les problèmes et réaliser une cartographie de
l’application du droit. En fait, j’aimerais traduire
juridiquement les questionnements scientifiques
pour amener mes collègues sur le terrain !” Un
véritable défi pour cette juriste qui avoue
que l’idée d’interdisciplinarité est encore
délicate à promouvoir et concrétiser dans
une discipline comme le droit. ■ N.B.
(1) L’Iode est le résultat de la fusion du Cedre (Centre de recherches européennes de
Rennes) et du Crjo (centre de droit privé), deux laboratoires de la faculté de droit de
Rennes. (2) Caren : Centre armoricain de recherches en environnement.
Contact➜Nathalie Hervé-Fournereau,
tél. 02 23 23 76 79,
nathalie.herve-fournereau@univ-rennes1.fr
www.iode.univ-rennes1.fr/
Nathalie Blanc
16 238/DÉCEMBRE 2006
La Bretagne élabore une charte
des espaces côtiers
■ La Région Bretagne vient de lancer la réalisation d’une charte des espaces
côtiers bretons, à laquelle elle veut associer tous les acteurs du littoral.
L’objectif : mobiliser des secteurs souvent traités de façon séparée
(environnement, tourisme, économie, transport) pour favoriser une gestion
durable du littoral. Pour y participer, une enquête est accessible en ligne sur
le site Internet du Conseil régional et des forums sont organisés : le 13 janvier
à Lorient et le 20 janvier à Brest. Rens.➜ www.region-bretagne.fr
Le plus grand inventaire de la biodiversité
a commencé
■ 160 scientifiques du monde entier se succèdent depuis le mois d’août
dernier sur Santo, une île de l’archipel du Vanuatu, pour réaliser le plus grand
inventaire de la biodiversité jamais réalisé. La mission “Santo 2006” est le
fruit du partenariat entre le Muséum d’histoire naturelle, l’IRD(1) et l’ONG(2) Pro
Natura. Les travaux des chercheurs portent sur quatre écosystèmes : la mer, les
forêts, la montagne et les rivières. Toutes les informations scientifiques et
pédagogiques sont accessibles en ligne. Rens.➜ www.santo2006.org
Pour en savoir plus
g
r la biodiversité
Souvent montrés du doigt comme
étant les principaux destructeurs de la
biodiversité marine, les pêcheurs
sont, d’après l’ethnologue Aliette
Geistdoerfer(1), les boucs émissaires
idéals de certains économistes et
hommes politiques. Pourtant, ils sont
eux-mêmes les principales victimes
d’un système qui détruit peu à peu
l’univers social dans lequel ils
évoluent.
Sciences Ouest : Les pêcheurs sont-ils
une menace pour la biodiversité marine ?
Aliette Geistdoerfer :
C’est effectivement
l’avis d’une nouvelle
génération de biologistes
qui relaient
ainsi l’opinion de
plusieurs économistes
et hommes politiques
concernant les questions
de surproduction,
par exemple. En général, les pêcheurs
ne nient pas qu’ils effectuent des prélèvements
trop importants sur certaines
espèces, mais ils participent aussi à de
nombreuses discussions pour tenter de
trouver des solutions. Pourtant, certains
décideurs persistent à les faire passer pour
des prédateurs, alors qu’ils sont des
producteurs, des travailleurs. C’est une
façon de simplifier le problème complexe
de la pêche.
S.O. : Quelles sont les répercussions
exactes de cette stigmatisation
des pêcheurs ?
A.G. : Les conséquences peuvent être catastrophiques
! Quand on applique certaines
politiques soi-disant pour la défense d’une
biodiversité durable, on entraîne malheureusement
une disparition de certaines
communautés de pêcheurs, sans se soucier
de leur lendemain économique mais aussi
social : un pêcheur ne se reconvertit pas
aisément à terre. On applique des plans
sociaux parfaitement “utopiques”.
S.O. : Pouvez-vous nous donner
un exemple précis ?
A.G. : Ce fut le cas en Vendée lorsque l’on
supprima la pêche du thon à l’île d’Yeu, au
nom de la défense d’une espèce non
menacée ! Mais c’est également le cas, de
façon encore plus spectaculaire, à Saint-
Pierre-et-Miquelon et à Terre-Neuve.
Depuis 1994, un moratoire sur la
morue et d’autres espèces a été
mis en place par le Canada sur
toute la zone économique exclusive(
2) canadienne. Cela a conduit
à la crise économique mais aussi
sociale dans cet archipel, qui ne
survit plus aujourd’hui qu’avec les
subventions directes et indirectes
de la métropole. En quelques
années, au mépris général, on
a assisté à la liquidation d’une
société qui, pendant des siècles,
avait fondé son travail, sa vie, sa
culture sur la pêche à la morue.
À Saint-Pierre-et-Miquelon, la
population perd peu à peu ses
marqueurs identitaires et son
“mal de vivre” préoccupe les
médecins et les assistantes
sociales de l’île, qui tentent d’ailleurs
d’alerter les autorités.
S.O. : Au final, la communauté
des pêcheurs serait-elle également
une espèce à protéger ?
A.G. : Aujourd’hui, sous le couvert
de préserver des espèces biologiques,
supprimer des activités de pêche
apparaît comme la seule solution. Au
Canada la mesure ne fait pas ses preuves !
On veut oublier que les pêcheurs font partie
d’un système très complexe comprenant à
la fois des aspects politiques, économiques,
biologiques, techniques, sociaux et culturels
intimement liés. Or, lors des discussions
menées avec les pêcheurs, et dans
les mesures prises pour défendre les
espèces marines, on ne prend en compte
que les aspects biologiques de la question,
en éludant les déterminants économiques
qu’ils subissent pourtant. Pêcher coûte en
effet très cher aux professionnels de la mer
qui ne maîtrisent pas l’aspect commercial
que leur activé génère. Pour préserver une
culture maritime vivante, il conviendrait
donc de reconstituer l’ensemble du
système en n’éludant ni en ne surévaluant
aucun de ses paramètres. ■
Propos recueillis par Christophe Blanchard
(1) Directrice de recherche au CNRS et responsable de la formation CNRS/Muséum
national d’histoire naturelle “Techniques et culture anthropologique maritime”, Aliette
Geistdoerfer est également enseignante à Lorient dans le cadre du master 2 “Histoire des
sociétés littorales” de l’UBS. (2) Tout pays ayant une façade maritime peut revendiquer une
Zone économique exclusive (ZEE), large de 200 miles. Un aperçu de la répartition de ces
espaces maritimes est consultable sur le site : www.maritimeboundaries.com
Contact➜alietteg@mnhn.fr
La biodiversité marine vue par une ethnologue
“Les pêcheurs font partie du système”
Aliette Geistdoerfer
Christophe Blanchard
17 238/DÉCEMBRE 2006
Un ouvrage sur le développement durable
au quotidien
■ Dans cet ouvrage richement illustré, le Cemagref propose un voyage à travers 25 années
de recherche sur le développement durable. On y découvre comment la recherche
s’est remise en question (interdisciplinarité, changement d’échelle, anticipation des
scénarios...) pour répondre aux enjeux actuels de la société : risques naturels, déchets, paysage,
innovations technologiques. ➜ Récits de recherche partenariale pour l’ingénierie de
l’agriculture et de l’environnement, 124 p., 19€. Pour commanderle livre : tél. 01 40 96 62 85.
(1) IRD : Institut pour la recherche et le développement. (2) ONG : Organisation non gouvernementale.
Cemagref
Le mois prochain : La pollution lumineuse
Aliette Geistdoerfer
➜Comment ça marche ?
18 238/DÉCEMBRE 2006
La biodiversité
Du gène à l’écosystème
Bocages, plages, falaises, oiseaux,
insectes, plantes..., la biodiversité est
un ensemble de systèmes écologiques
et biologiques très organisés, en
évolution permanente. C’est une
richesse utilisée par l’Homme, qui
n’en finit pas de l’observer, la classer,
l’évaluer.
La connaissance du monde vivant intéresse
l’humanité et plus particulièrement
les scientifiques depuis des siècles.
Cependant, le terme “biodiversité” n’est
utilisé dans le langage courant que depuis
une quinzaine d’années(1) ! Aujourd’hui
selon les experts scientifiques, on peut
même distinguer trois approches écologique,
biologique et génétique.
● Les écologistes s’intéressent à la diversité
des écosystèmes terrestres et de leurs
interactions. Dans chaque écosystème, les
organismes vivants font partie d’un tout,
ils interagissent les uns avec les autres,
mais aussi avec l’air, l’eau et le sol qui les
entourent ;
● Les biologistes étudient la diversité des
espèces et des organismes, la façon dont ils
fonctionnent et s’organisent dans leur environnement
;
● Les généticiens travaillent à l’échelle de
l’ADN. Ils étudient la diversité des gènes et
des processus génétiques tels que les
mutations et les échanges de gènes.
1,75 million d’espèces répertoriées
En ce qui concerne l’approche biologique,
la biodiversité repose sur une
science appelée systématique, qui range toute
espèce vivante dans un système dont les
critères de référence ont été définis précisément
(végétaux, animaux, vertébrés, invertébrés...).
Ainsi, on estime à 1,75 million le
nombre d’espèces répertoriées sur un
nombre véritable d’espèces vivantes estimées
de 3,6 à plus de 100 millions ! Mais
leur nombre diminue. L’équilibre est fragile
car chaque être, chaque chaînon, chaque
organisme y contribue à son échelle. Le
maintenir est crucial : si l’un disparaît,
l’existence des autres devient incertaine.
Le rôle des bio-indicateurs
Or, les Hommes puisent dans les
ressources biologiques végétales,
animales, microbiennes pour s’alimenter,
se soigner, produire l’énergie, des matériaux
de construction, des textiles... De
même, la biodiversité a une dimension
sociale, culturelle et esthétique qui s’inscrit
dans l’histoire de nos rapports au paysage,
au cadre de vie, à la nature.
Cependant, la biodiversité ne peut être
évaluée par une unique mesure objective
mais par des mesures relatives à des utilisations
ou applications ciblées. Les scientifiques
utilisent des bio-indicateurs : espèces
ou groupes d’origine végétale ou animale,
qui renseignent sur certaines caractéristiques
physico-chimiques ou biologiques de
l’environnement ou sur l’incidence de
certaines pratiques. Les effets sont observables
au niveau de l’individu et se traduisent
par des altérations morphologiques,
comportementales, tissulaires ou physiologiques.
Par exemple, le bio-indicateur le
plus approprié pour évaluer l’impact toxicologique
en milieu marin d’une peinture
antisalissures de coques contenant un
dérivé de l’étain, sera... les femelles gastéropodes
de type Nucelle lapillus ! Bien connues
en rade de Brest, celles-ci développent en
effet des organes sexuels mâles en présence
de dérivé de l’étain même à faibles doses.
La conservation de la biodiversité est
devenue de nos jours un motif de préoccupation
mondiale. Au niveau européen, le
réseau Natura 2000(2) comporte les directives
Oiseaux et Habitats, qui visent à
stopper la perte de biodiversité d’ici 2010.
En Bretagne, 72 sites naturels ont été désignés
pour faire partie de ce réseau. ■
Nathalie Thieriet, Centre de vulgarisation
de la connaissance, Université Paris-Sud 11,
www.cvc.u-psud.fr
(1) Le concept a été défini au sommet de Rio en 1992. (2) http://natura2000.ecologie.gouv.fr/
(3) Retrouver certains de ces animaux sur le site de Bretagne Environnement : www.bretagneenvironnement.
org/rubrique/la-faune
Quelques exemples de bio-indicateurs bretons
Voici quelques espèces répertoriées et étudiées par des spécialistes en Bretagne,
pour rendre compte de l’état de l’environnement(3).
● Loutres, saumons, anguilles, moules perlières, araignée Argyronète en eau douce,
● la libellule Sympétrum noire dans les tourbières,
● le papillon damier de la Succise et la Pie-grièche dans les marais,
● l’escargot de Quimper dans le bocage ou les chênaies humides,
● varech, divers crustacés et gastéropodes, et aussi la Grande Nébrie des Sables en
bord de mer. ■
Photos Bernard Chaubet
Carabe à reflet doré
Escargot de Quimper
Grande Nébrie des Sables
Papillon damier de la Succise
Espace des sciences
De Séville à Rennes !
Le “Livre Monde”anime le hall
des Champs Libres
Une sculpture animée a pris place dans le hall des Champs Libres
le 7 novembre dernier. Imaginé et réalisé par Jack Vanarsky, le
“Livre Monde” raconte l’histoire de la connaissance, au travers
de l’évolution de l’écriture. De l’écriture cunéiforme, à la bande
dessinée, en passant par les hiéroglyphes et les enluminures du
Moyen Âge, l’artiste a également mis en scène les supports de ces
écrits : pierre, parchemin, papier, écran. “La connaissance ne s’arrête
pas, explique-t-il. C’est pourquoi les pages vont et viennent, sans tourner
véritablement. J’ai matérialisé le futur par des pages qui ne bougent pas, pour
illustrer le fait que l’histoire n’est pas encore passée.”
Réalisé pour le pavillon de la France à l’occasion de l’Exposition
universelle de Séville en 1992, le “Livre Monde” est une donation du
groupe Aréva à l’Espace des sciences. Ses pages s’animent dans le
hall des Champs Libres, au carrefour de la bibliothèque, du musée
et des expositions scientifiques. ■
Expo itinérante
De l’herbe au lait
Une nouvelle exposition à louer vient enrichir
la collection de l’Espace des sciences. “De
l’herbe au lait” a pour but de mieux faire
connaître le travail de l’éleveur de vaches
laitières : nutrition des animaux, traite, impact
de l’élevage laitier sur les paysages ruraux,
ainsi que le produit brut : de quoi est composé
le lait, qu’est-ce qu’un lait de bonne qualité ? ■
Rens.➜ Patrick Le Bozec, tél. 02 23 40 66 46,
patrick.lebozec@espace-sciences.org
Exposition
Espace des sciences
www.espace-sciences.org
19 238/DÉCEMBRE 2006
Conférences
6,5 milliards d’habitants sur Terre... et
l’eau en partage ! Avec cette nouvelle
exposition l’Espace des sciences vous
invite au cours d’une promenade à la
découverte de cette ressource. Dès
votre arrivée, entrez dans un décor
fleuri, passez sous les nuages et
écoutez les chants des hommes qui
racontent l’eau selon leur civilisation.
Au coeur de l’exposition, contournez
la mappemonde géante et abritez-vous sous les
parapluies qui vous montrent les solutions envisagées
pour l’avenir afin de partager ce liquide inégalement
réparti. Enfin, asseyez-vous un instant dans l’espace
consacré aux jeunes enfants dont le décor évoque une
petite mare. Le parcours est agrémenté de multiples
manipulations interactives, dont un voyage unique avec
une goutte de pluie ! ■
Rens.➜ Retrouvez toutes les informations pratiques sur les
animations et toute l’actualité de l’Espace des sciences sur notre
site Web.
L’eau pour tous
Kako
Actualité
Les mardis de l’Espace des sciences
■ Le 19 décembre/Les observatoires sous-marins : un nouvel
outil pour la connaissance des océans. Par Jérôme Blandin, chef
de projets d’observatoires et Roland Person, coordinateur des
projets d’observatoires à l’Ifremer.
■ Le 16 janvier/L’océan, gardien de l’équilibre climatique : le
début du déséquilibre ? Par Catherine Jeandel, du laboratoire
d’étude en géophysique et océanographie spatiales(1).
Rens.➜ Aux Champs Libres, salle Hubert-Curien, à 20 h 30. Entrée libre.
(1) Laboratoire CNRS, Université Toulouse III, Cnes, IRD.
www.point-cardinal.fr - Marc Lizano
Nicolas Guillas
NOUVEAU
NOUVEAU
Espace des sciences
aaggeennddaa
20 238/DÉCEMBRE 2006
(1) Itert : Institut de transplantation et de recherche en transplantation. (2) INH : Institut national d’horticulture.
■Colloque
1er février/Impact du phosphore dans
l’environnement
■ Rennes - Organisée par l’Association française pour l’étude des sols (Afes) et le
conseil scientifique de l’environnement de Bretagne, cette journée abordera l’étude
des mécanismes de transfert des sols en eaux et la gestion du phosphore à l’échelle
du bassin versant. Elle se tiendra dans le cadre du Carrefour des gestions locales de
l’eau, Parc des expositions à Rennes - St-Jacques.
Rens.➜Josette Launay, tél. 02 23 48 56 32,
contact.phosphore@agrocampus-rennes.fr
Adria
■ 17 et 18 janvier, Quimper/Manipulations de base en
analyses microbiologiques ■ 18 janvier, Paris/Réglementation
et étiquetage nutritionnel ■ 25 janvier, Paris/Responsabilités
juridiques des IAA et de leurs dirigeants ■ 30 janvier, Nantes/
Conception et réalisation hygiénique des ateliers en IAA : les bons
choix
Rens.➜Séverine Pierre, tél. 02 98 10 18 49, www.adria.tm.fr
■Formations
■Appel à projet
20 décembre/À quelles
souffrances sommes-nous
sujets ?
■ Brest - Conférence donnée par Roland
Chemama, dans le cadre d’un cycle sur
les souffrances psychiques, organisé
par le Centre de recherche en psychologie.
À 19 h, amphi Guilcher de la
faculté Victor-Segalen.
Rens.➜Bureau coordination
recherche, tél. 02 98 01 81 87,
recherche.lettres@univ-brest.fr
21 décembre/Nouveaux
services liés à la
convergence des Tic
■ Rennes - Quelles technologies
? Quels usages ?
Quels marchés pour les
services liés à la convergence
de Tic ? Tel sera le thème de cette
Matinale de Rennes Atalante. De 8 h 15
à 10 h 15. À la faculté des métiers, sur le
Campus de Ker Lann.
Rens.➜Rennes Atalante,
tél. 02 99 12 73 73,
www.rennes-atalante.fr
9 janvier/Greffes humaines,
greffes végétales : des
applications différentes ?
■ Nantes - Conférence donnée dans le
cadre des mardis Museum par Sophie
Brouard, chargée de
recherche à l’Itert(1)
(Inserm Nantes),
Magali Giral, praticienne
hospitalière
en néphrologie au
CHU de Nantes, et
Jean-Claude Mauget, professeur d’arboriculture
fruitière, directeur scientifique
de l’INH(2), à Angers. À 20 h 30 dans
l’amphithéâtre du muséum de Nantes.
Entrée libre.
Rens.➜Muséum d’histoire naturelle
de Nantes, tél. 02 40 99 26 20,
www.museum.nantes.fr
10 janvier/Biodiversité et
nodules dans les grands
fonds du Pacifique
■ Brest - Proposée
par l’Ifremer, cette
conférence sera animée par la biologiste
Joëlle Galéron. À 15 h 30, dans le bâtiment
Bougainville de l’Ifremer, pointe
du Diable, à Brest.
Rens.➜Service communication,
tél. 02 98 22 40 07.
17 janvier/Travailler dans
les tabacs au XIXe siècle
■ Nantes - Proposée dans le cadre d’un
cycle sur la vie ouvrière en basse Loire
au XIXe siècle, cette conférence sera
donnée par Jean-Noël Retière, sociohistorien
du département de sociologie
de l’université de Nantes. À 19 h, au
Cnam, 25, bd Guy-Mollet.
Rens.➜Cnam Pays de la Loire,
tél. 02 40 16 10 50, culturesavoirs@
cnam-paysdelaloire.fr
23 janvier/Chirurgie
esthétique : pourquoi
l’engouement actuel ?
■ Rennes - Cette conférence sera
donnée par le professeur Wattier et le
docteur Aillet, dans le cadre des mardis
santé du CHU. À 18 h, amphithéâtre
Bretagne, centre des congrès, hôpital
Pontchaillou.
Rens.➜www.chu-rennes.fr
■Conférences
■Sortie
14 janvier/Journée du bois
■ Rennes - L’Écomusée du Pays de Rennes accueille, pour une
journée, professionnels et passionnés de bois. Ceux-ci commenteront les qualités
et les usages des différentes essences, au travers de certaines de leurs réalisations.
Rens.➜Écomusée du Pays de Rennes, tél. 02 99 51 38 15,
www.ecomusee-rennes-metropole.fr
DR
Transplantation
■ Le congrès Nantes - Actualités -Transplantation (Nat) est une réunion annuelle
de deux jours destinée aux spécialistes dans le domaine de l’immunologie
fondamentale appliquée à l’allo et à la xénotransplantation. L’édition 2007 de Nat
sera consacrée aux “Marqueurs précoces de la survie du greffon” et les concepts
les plus avancés seront directement présentés par des orateurs de réputation
internationale. Ce congrès se déroulera les 14 et 15 juin 2007 à la Cité des congrès
de Nantes. Les participants sont invités à soumettre des communications ou des
posters avant le 1er avril 2007.
Rens.➜Valérie Châtellier, tél. 02 40 08 74 10, www.nat.nantes.inserm.fr/
Pour paraître dans le prochain
➜Tél. 02 23 40 66 66 - Fax 02 23 40 66 41
nathalie.blanc@espace-sciences.org
21 238/DÉCEMBRE 2006
■Expositions
Jusqu’au 7 janvier/
Les oiseaux d’Amérique
■ Nantes - “Alain Thomas,
parcours de rêve” Les
oiseaux d’Amérique. Les
oiseaux peints par Alain
Thomas entre 1993 et
aujourd’hui constituent le
prétexte à cette exposition dans laquelle
les visiteurs pourront découvrir les
oiseaux naturalisés du muséum.
Rens.➜Muséum d’histoire naturelle
de Nantes, tél. 02 40 99 26 20,
www.museum.nantes.fr
Jusqu’au 17 janvier/
Art et science : informatique
et numérique au musée
■ Laval - Faire la différence
entre un original
et une copie, découvrir
des informations
inédites sur une
oeuvre, voici de quoi
sont capables les technologies
informatiques
et numériques quand elles sont mises
au service de l’art. Cette exposition est
proposée par le CCSTI de Laval, en
partenariat avec le Centre de recherche
et de restauration desmusées de France
(C2RMF), le technopôle de Laval et le
Centre lavallois de ressources technologiques
(Clarte).
Rens.➜Musée des sciences de Laval,
tél. 02 43 49 47 81.
Jusqu’au 31 janvier/L’arbre,
la haie, les hommes
■ Rennes - Des chênes
émondés (ou “ragosses”)
aux haies, en passant par les
différentes essences traditionnelles du
bassin de Rennes, leurs qualités et leurs
usages, cette exposition retrace l’histoire
du bocage haut breton. Objets et
pratiques anciennes associées y sont
également présentés.
Rens.➜Écomusée du Pays de Rennes,
tél. 02 99 51 38 15, www.ecomuseerennes-
metropole.fr
Jusqu’en mars/Fabuleux
monstresmarins
■ Brest - Océanopolis
fait revivre le
chant des sirènes à
travers une exposition
mélangeant le
mythe et la science
répartie en trois
thèmes sur trois
sites différents “le
bestiaire fabuleux”
sous le chapiteau,
“les baleines gigantesques” dans le
forum, “les sirènes” dans le pavillon
tempéré au niveau 1.
Rens.➜Océanopolis,
tél. 02 98 34 40 40,
www.oceanopolis.com
Jusqu’en avril/
La radiodiffusion
■ Rennes - La nouvelle exposition
temporaire de l’Espace Ferrié, musée
des transmissions, a pour thème la
radiodiffusion. Souvent traitée pour la
partie réception,
la radiodiffusion
est ici abordée
sous l’angle plus
original de l’émission,
notamment
au travers des travaux du général Ferrié.
C’est en effet lui qui a sauvé la Tour Eiffel
de la destruction en lui trouvant un
usage nouveau pour l’époque : celui de
site d’émissions radiophoniques.
Rens.➜Espace Ferrié,
tél. 02 99 84 32 43,
www.espaceferrie.fr
Jusqu’au 30 juin/En quête
de nos ancêtres
■ Vannes - Pour partir à la recherche
des t races du
passé et découvrir
nos lointains ancêtres
et leurs modes
de vie. Cette exposition
retrace l’évolution
de l’Homme,
depuis l’australopithèque jusqu’à
l’Homo sapiens. Présentée à l’Espace
enfance de la Caisse d’allocations familiales
du Morbihan, pour les enfants de
6 à 12 ans.
Rens.➜Caf du Morbihan,
Espace enfance,
espace.enfance-caf@wanadoo.fr,
www.espace-enfancecaf56.com
Jusqu’à fin 2007/Grand-père
raconte-moi la pêche
■ Le Guilvinec (29) - La
nouvelle exposition
proposée par l’espace
découverte de la pêche
en mer, Haliotika,
retrace 50 ans d’aventure
humaine et d’évolution
du métier de
pêcheur (techniques,
commerce, avenir). Une évolution
retracée à travers des documents, des
objets et des vidéos.
Rens.➜Philippe Gredat,
tél. 02 98 58 28 38,
www.leguilvinec.com
*prix de vente au numéro
■ Tarif normal : 2 ANS 54€ (au lieu de 66€*) soit 4 numéros gratuits /
1 AN 30€ (au lieu de 33€*) soit 1 numéro gratuit ■ Tarif étudiant (joindre un
justificatif) : 2 ANS 27€(au lieu de 66€*) soit 13 numéros gratuits / 1 AN 15€
(au lieu de 33€*) soit 6 numéros gratuits ■Tarif étranger ou abonnement de
soutien : 2 ANS 76€/ 1 AN 50€
 Nom
 Prénom
 Adresse
 Code postal  Ville
 Tél.  Fax
désire recevoir une facture
souhaite un abonnement de : 1AN (11 NOS) 2ANS (22 NOS)
Tarif normal Tarif étudiant (joindre un justificatif)
Tarif étranger ou abonnement de soutien
BULLETIN D’ABONNEMENT
✂ SO 238
L’info scientifique
et technique
du grand Ouest
Bulletin d’abonnement et chèque à l’ordre de l’Espace des sciences, à retourner à :
Espace des sciences, Les Champs Libres, 10, cours des Alliés, 35000 Rennes.
DR
DR
DR
DR
DR
DR
“Oceans that have dried up
by 2048?” This controversial
headline followed the
publication on 3rd November
in the “Science” journal of
an article by a Canadian
researcher who forecast the almost total
disappearance of all species of edible fish
and seafood by 2048. Is this real information
or media hype?
There are plenty of similar examples, says Yvan
Lagadeuc, Director of Caren(6): “Scarcely a day
goes by without somebody talking about the
environment in the media.” Quite apart from
eye-catching headlines, there are also areas
of discussion between politicians, scientists
from a whole range of disciplines and the
general public.
In Brittany, the 10th “Science and Ethics, or the
Duty to Speak” conference was held in Brest in
October. The discussion centred on coastal
biodiversity. Pleine-Fougères on the shores of
Mont-Saint-Michel Bay will host the regional
Young CNRS “Science and Citizens” meeting in
May 2007 on biodiversity and landscape.
This feature contains some of the subjects that
have been, or will be, topics for discussion. As
far as the sea is concerned, the conference will
look at the cartography of the coastal zone for
inventory purposes, the exposure of real threats
to coastal biodiversity and measurements of
the pollution in catchment areas that is the
cause of this. On land, you will learn about
Pleine-Fougères, one of the CNRS and INRA
work sites where ecologists, agronomists,
geographers, archaeologists and lawyers from
Caren cross-check their data on biodiversity and
changes in land use. The view of an ethnologist
completes this summary of a subject that is
decidedly rich and complex, with a range of
aspects that cannot be summed up in a single
headline. ■
(6) Caren: Centre armoricain de recherches en environnement (Brittany’s environmental research
centre) is a research federation involving: Agrocampus, CNRS, Inra, University of Rennes 1 and
University of Rennes 2.
22 238/DÉCEMBRE 2006

These abstracts in English are sent to foreign universities that have links with Brittany and to the Scientific Advisers in
French Embassies, in an effort to widen the availability of scientific and technical information and promote the research
carried out in Brittany. If you would like to receive these abstracts on a regular basis, with a copy of the corresponding issue
of Sciences Ouest, please contact Nathalie Blanc, Editor, fax +33 2 23 40 66 41, E-mail: nathalie.blanc@espace-sciences.org
Brittany Regional Council
is providing financial backing
for this service.
Research and innovation in Brittany
Abstracts for the international issue
December 2006 ■ N°238
FEATURE P.9/17
Biodiversity
SPOTLIGHT ON - COMPANIES P.6
Company start-ups, ready, set, go!
Two winners from Rennes at the Oséo
Anvar awards tell of their experiences
Among the hundred or more prize winners at the
competition for innovative technology company
start-ups, coordinated by Oséo Anvar in 2006,
twelve were from Brittany. Sciences Ouest has been
given a glimpse behind the scenes in two of
them.
For Yannick Boulis, the young founder of the
Allugium Nutrition company and prize winner in
the “Start-up & Development” category last
June(1), the “road to Damascus” moment came
when the European Union announced that it
was banning the use of antibiotics in animal
feeds from 1st January 2006. In fact, since the
company first began working from Brittany’s
Emergys business incubator in 2002, its project
has made constant progress, going one step
further every year - taking it from laboratory
testing in 2003 to full-scale industrial testing in
2005. Today, the production plant outputs 8 to
10 tonnes of Lactoprim per month, a product
that improves the digestive system and
intestinal flora of poultry and pork.
Mathieu Bécus, a prize winner in the
“Emergence” category, has been making use of
diffuse computing, based on a technology
developed by Irisa(2), since 1998.
One of the services developed is Ubi-Board. It
enables an electronic display to communicate
with a mobile phone or an RFID chip, using
Bluetooth wireless technology. When somebody
is sufficiently close to the display, it identifies the
language he or she is speaking and adapts its
message. The information is also transmitted to
a mobile phone. The system can be useful in
airports or at athletics meetings, for example.
The idea of setting up a marketing company
came into being at the end of 2005. However, the
project will remain internal to Irisa until the end
of 2007, to leave more time to study the market
in detail. ■
SPOTLIGHT ON - THIS MONTH’S GUEST P.7
In Rennes, changes in parasitoids
are closely monitored
When biological control follows
climate change
To get rid of aphids, you can use pesticides or
other insects. This is the principle behind
biological control. Aphidius, for example, is an
insect used to kill aphids. However, in the small
world of killer parasitoids, climate change can
upset the balance between insect populations.
In the Ecobio laboratory at the University of
Rennes 1, a three-year research programme(3)
has been set up with a leading European
scientist to prepare for the next insect wars - and
invent the biological control of the future. “We
don’t know how the parasitoids are going to behave.
It is not sufficient to compare populations from
regions with different climates because the
environment is not the same”, explains Jacques
van Alphen, Professor of Ecology in the
Netherlands.
The programme does not simply aim to measure
the effect of climate on animals today; it also
looks at changes in insects which will adapt fairly
quickly to a change in the climate. By bringing
the Professor to Rennes, Europe is encouraging
the transfer of knowledge, and developing
research into biological control in France, a
country that is still a major user of pesticides. ■
SPOTLIGHT ON A LABORATORY P.8
A Bird’s Eye View of Snow
The characteristics of snow cover
as detected by satellite
In Rennes, the researchers in IETR’s Saphir(4)
team have spent years developing a radar
processing technique for remote detection from
space known as Sar polarimetry and the team is
now world-famous. Applied to the remote
sensing of snow, Sar(5) produces spatial
resolution of the order of one metre and it is
hoped that it will one day be possible to analyse
snow cover in great detail. At frequencies of the
order of 1 GHz, radar backscatter is sensitive to
the biological and geophysical parameters of the
environment.
The precise definition of these vast snow fields,
which are difficult to reach and vary greatly in
area over time, is essential from an economic
and ecological point of view. Estimating the
water content of snow cover, for example, is an
important issue for many applications such as
the management of electricity resources or the
prevention of flooding and avalanche risks.
Sar polarimetric remote sensing seems to be a
promising qualitative tool which will complete
the information already supplied by
Safran/Crocus, digital models developed by
climatologists at the Centre d’étude de la neige
(Cen, snow study centre) in the Centre national
de recherches météorologiques (CNRM, national
meteorological research centre) - Météo France.
This article was written by Nicolas Longépé, a
second-year Ph.D student at IETR and monitor
at CIES.
The circulation of scientific and technical
knowledge is now an official part of the training
curriculum for future university lecturers. Writing
an article in Sciences Ouest is among the projects
proposed to monitors being trained at Western
France’s Centre d’initiation à l’enseignement
supérieur (CIES, Training centre for higher
education staff). ■
(1) Yannick Boulis was already a prize winner in 2003, in the “Emergence” category. (2) Irisa:
Institut de recherche en informatique et systèmes aléatoires (computer and random system
research) The Aces team specialising in diffuse computing and embedded systems is directed
byMichel Banâtre and is heading up this project. (3) The project called Parasitoid links changes
in history and climate change (Comparevol). (4) Saphir: Sar Polarimetry, Holography,
Interferometry and Radargrammetry. (5) Sar: Synthetic Aperture Radar.
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Pour tout renseignement, contactez le service diffusion au 02 23 40 66 46
et retrouvez l’ensemble des activités de l’Espace des sciences sur www.espace-sciences.org
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à l’Espace des sciences
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SCIENCES DE LA TERRE ET DE L’UNIVERS
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