Les recherches fleurissent en agriculture "bio"

Sols, semences et environnement

N° 247 -

Magazine

4239 résultat(s) trouvé(s)

OCTOBRE 2007
R e c h e r c h e e t i n n o v a t i o n e n B r e t a g n e n°247
Actualité : des refuges pour sauver
les papillons en danger
Nanotechnologies : des pistes
pour la médecine et les télécoms
Étranger : un spécialiste de la
géologie marine s’installe à Brest

éditorial
3€/ Sciences Ouest est rédigé et édité par l’Espace des sciences, Centre de culture scientifique technique et industrielle (Association)
■ Espace des sciences, Les Champs Libres, 10, cours des Alliés, 35000 Rennes - nathalie.blanc@espace-sciences.org - www.espace-sciences.org - Tél. 02 23 40 66 66 -
Fax 02 23 40 66 41 ■ Président de l’Espace des sciences : Paul Trehen. Directeur de la publication : Michel Cabaret. Rédactrice en chef : Nathalie Blanc. Rédaction :
Christophe Blanchard, Céline Duguey, Nicolas Guillas, Alice Vettoretti. Comité de lecture : Louis Bertel (télécommunications), Gilbert Blanchard (biotechnologiesenvironnement),
Philippe Blanchet (sciences humaines et sociales), Jean-Claude Bodéré (géographie), Bernard Boudic (information et communication), Daniel Boujard
(génétique-biologie), Michel Branchard (génétique-biologie), Alain Hillion (télécommunications), Jacques Lenfant (informatique), Gérard Maisse (agronomie), Christian
Willaime (physique-chimie-matériaux). Abonnements : Marion Romain, tél. 02 23 40 66 40, marion.romain@espace-sciences.org.
Publicité : AD Media - Alain Diard, tél. 02 99 67 76 67, info@admedia.fr ■ Sciences Ouest est publié grâce au soutien de la Région
Bretagne, des départements du Finistère et d’Ille-et-Vilaine ■ Édition : Espace des sciences. Réalisation : Pierrick Bertôt création
graphique, 35510 Cesson-Sévigné. Impression : TPI, 35830 Betton. Tirage du n°247 : 5 000 ex. Dépôt légal n°650 ISSN 1623-7110
NATHALIE BLANC,
Rédactrice en chef de Sciences Ouest
L’effet papillon
La Bretagne est la première région de
France en ce qui concerne le nombre de
jardins suivis (par rapport au nombre
d’habitants) pour sauvegarder les papillons.
Cela n’a pas échappé à l’association Noé
conservation(1) qui pourrait s’appuyer sur
l’expérience bretonne pour développer ce
projet à l’échelle nationale. La chute du
nombre de ces insectes s’explique par la
diminution du nombre de sites d’accueil
mais aussi par l’utilisation massive
d’insecticides. Alors, l’agriculture biologique,
qui prône la non-utilisation de produits
chimiques, sauvera-t-elle les papillons ?
L’enjeu est bien sûr beaucoup plus large
que cela.
Vous découvrirez dans ce dossier que les
recherches menées en Bretagne concernent
la remise au goût du jour d’anciennes
espèces de légumes, le travail du sol et la
préservation de ses habitants : les
lombriciens, la lutte biologique, l’association
des cultures. Mais elles convergent toutes
vers un même constat : les bénéfices pour
l’environnement.
Deux actualités sur les nanotechnologies
s’affichent également au sommaire de ce
numéro : tandis que des chimistes rennais
travaillent à la mise au point de marqueurs
révolutionnaires biocompatibles, qui
serviront en médecine, notamment à la
détection des tumeurs, d’autres chimistes
se sont associés à des électroniciens pour
inventer des composants évolutifs, qui
s’adapteront aux futursmarchés des
télécoms.
En ajoutant à cela le portrait d’une grande
figure de la géologie marine, l’Américain
Bilal Haq, venu un an à Brest pour travailler
sur le niveau de la mer à la période du
paléozoïque(2)...
Vaste est le champ de la recherche bretonne.
Très bonne lecture. ■
(1) Noé conservation oeuvre pour la biodiversité et propose
des gestes simples pour la protéger, dans son jardin.
(2) - 540 et - 250 millions d’années.
Toutes les archives de Sciences Ouest sur Internet en accès gratuit➜ www.espace-sciences.org
Augel
En bref....................................................................................................................... 4/5
Laboratoire
Nanosciences : la Bretagne change de dimension.......................................... 6/7
Actualité
Des friches pour sauver les papillons........................................................................ 8
Dossier
La “bio”, un retour à la nature ? ..................................................................................9
L’agriculture biologique en questions.......................................................... 10/11
Chou et blé : les nouvelles variétés “bio”.................................................... 12/13
Les vers de terre sortent de l’ombre ...................................................................... 14
Lutte biologique : la stratégie s’affine.................................................................... 15
Un logiciel pour calculer l’impact environnemental............................................ 16
La moutarde sauvera-t-elle la betterave sucrière ?.............................................. 17
Pour en savoir plus .......................................................................................... 16/17
Grand angle
Air du large et ère primaire au menu de Bilal Haq .............................................. 18
L’actualité de l’Espace des sciences ................................................................ 19
Agenda.............................................................................................................. 20/21
Véronique Chable/Inra - PBcg
3 247/OCTOBRE 2007
Nicolas Guillas - DR sommaire
7
14
16
8
eenn bbrreef..f. ...
4 247/OCTOBRE 2007
L’ENSTB travaille sur
la sécurité informatique
■ Motorbac, un logiciel
libre de gestion de la
sécurité des systèmes
d’information, sortira sous sa deuxième
version début novembre. Basé sur le
modèle Orbac, une technologie développée
par les membres du projet Seres
(Sécurité des réseaux et applications
réparties) de l’ENST-Bretagne(1), dirigé par
Frédéric Cuppens, ce logiciel permet de
gérer de façon cohérente les différents
éléments de sécurité d’un système (parefeu,
cryptographie, connexion à distance,
accès aux bases de données…).
Motorbac a été développé en collaboration
avecStéphane Morucci, ingénieur de
France Télécom R&D et créateur de l’entreprise
Swid(2), qui diffuse depuis janvier
2007 la version 1 du logiciel.
Rens.➜Frédéric Cuppens,
tél. 02 99 12 70 31,
frederic.cuppens@enst-bretagne.fr,
www.orbac.org
Maladies rares :
deux nouveaux labels
au CHU de Rennes
■ Deux nouveaux centres de référence
“maladies rares”(3) viennent d’être labellisés
au CHU de Rennes. Ce label reconnaît
l’expertise des équipes hospitalières
sur les surcharges en fer génétiques
rares (Pr Brissot) et le spina bifida
(Dr Manunta), une malformation du tube
neural qui cause de graves perturbations
des systèmes nerveux et urinaire. Un
centre de référence est un interlocuteur
privilégié pour les associations de
malades et les médecins : le dispositif
permet de concentrer les moyens pour
améliorer le diagnostic, la prise en
charge thérapeutique et la coordination
de la recherche sur une maladie. Depuis
la mise en place du plan national maladies
rares en 2004(4), une trentaine de
nouveaux centres sont labellisés chaque
année. À Rennes, les deux nouveaux
centres viennent s’ajouter au centre déjà
agréé “anomalies du développement
embryonnaire d’origine génétique” du
Pr Odent, déjà agréé.
Rens.➜www.chu-rennes.fr
Des échanges franco-russes
■ Marc Gontard, président
de l’Université Rennes 2, et le
professeur Laurent Ottavi, du
département de psychologie, ont reçu
début septembre le titre de docteur
Honoris causa de l’Université d’État de
psychopédagogie de Moscou, desmains
du recteur de l’Université et en présence
du ministre russe de l’Éducation. Depuis
2004, une convention lie les deuxétablissements
: échanges d’étudiants, de chercheurs,
colloques... Dans le cadre du
nouveau projet d’établissement 2008-
2012, l’Université Rennes 2 proposera
un master de psychologie et sciences de
l’éducation en commun avec l’Université
de psychopédagogie de Moscou.
Rens.➜Emma Renaud, vice-présidente
chargée des relations internationales,
emma.renaud@univ-rennes2.fr
Les universités bretonnes
plus accessibles
■ Où qu’ils soient en
Bretagne (par exemple
le week-end dans leur
famille), les 70 000 étudiants ont désormais
accès à leur espace numérique de
travail(5) (ENT), grâce aux “points étude”.
Ils leur permettent d’accéder à leur
dossier personnel (administratif,
supports de cours, espace de stockage
sécurisé), mais aussi à des ouvrages et
revues électroniques... “Ces dispositifs
améliorent les conditions d’études des
étudiants qui travaillent ou qui sont
hospitalisés, et facilitent l’accès à la
formation tout au long de la vie”, note
Carole Nocera-Picand, directrice du
centre d’ingénierie et de ressources
multimédia à l’Université de Rennes 1.
Première région française à proposer ce
type d’accès aux ressources universitaires,
la Bretagne compte 72 “points
étude” sur tout son territoire. Devant le
succès rencontré, 60 nouveaux sites sont
prévus en 2008, et des ENT pour collégiens
et lycéens sont envisagés.
Rens.➜http://unrb.univ-bretagne.fr
La radio numérique
testée à Rennes
■ On connaissait déjà la
télé numérique, la radio le
devient aussi ! Après deux
ans de tests, TDF (Télédiffusion de France)
démarre une phase de démonstration du
standard de diffusion DRM (Digital radio
mondiale) sur son site de Cesson-Sévigné
(35). L’objectif : le présenter aux diffuseurs
(Radio France internationale, RMC,
RTL...). Testé aussi en Guyane et à Paris, ce
standard numérique donne une qualité
d’écoute et une stabilité optimales. Par
exemple, une émission de radio en
Guyane est reçue en Bretagne aussi clairement
que si elle provenait d’un émetteur
FM rennais ! Le standard DRM permet
également de réduire le nombre d’émetteurs
: un seul suffit à diffuser dans tout
un pays, voire un continent.
Rens.➜www.tdf.fr
Pour tout savoir sur les poissons
■ Quelle civilisation a-t-elle été la première à
faire de l’aquaculture ? Comment développer la
pisciculture de manière durable ? Autant de questions auxquelles le site “Reprofish”
essaie de répondre. Il est associé au projet européen du même nom, qui a pour objectif
de faire la synthèse des recherches sur la reproduction des poissons et d’en
communiquer les résultats au grand public et aux aquaculteurs. Le site est rédigé dans
un anglais simple à comprendre ; sa version française est en cours de développement.
www.reprofish.eu - version française : www.inra.fr/reprofish
DR
■Du côté d’Internet
■Les actus de Bretagne Environnement
■ Un nouveau portail Web pour la cartographie dédié à l’environnement
en Bretagne ■Économies d’eau et d’énergie : les habitants de l’Île
de Sein bien équipés ■ Contentieux sur l’eau : la Bretagne bénéficie
d’un nouveau délai ■ Un Agenda 21 régional pour la Bretagne ■ Parc
naturel régional d’Armorique : vers une nouvelle charte 2007-2017
www.bretagne-environnement.org/quoideneuf/en_bref/
■Du côté des entreprises ■Du côté des laboratoires
Des gels d’électrophorèse
plus performants
■ À Lannion, la société Zeta Biotech,
entrée en bourse le 5 juillet, commercialise
depuis quelques mois des gels
d’électrophorèse innovants. Utilisés
pour de nombreuses expériences en
biologie (identification d’OGM, dépistage
de maladies, génotypage...), ces
gels en polyacrylamide sont habituellement
difficiles à conserver. Le procédé
mis au point par
Anthony Guyader,
chimiste, assure une
conservation plus
longue et plus facile
que les gels “prêts à
l’emploi” existants. De plus, ces
nouveaux gels offrent une grande
souplesse d’utilisation : le choix de la
solution pour les réhydrater détermine
l’usage qui en sera fait (analyse de
protéines ou d’ADN). Enfin, ces gels
permettent également de réduire de
moitié les temps d’expérimentation.
Rens.➜Bruno Viola, Zeta Biotech,
tél. 02 96 48 14 88,
www.zetabiotech.com
L’audiovisuel breton
s’expose à Amsterdam
■ Quinze entreprises bretonnes étaient
présentes sur le salon IBC (International
broadcasting convention) à Amsterdam
du 7 au 11 septembre. Ce salon professionnel,
le 2e mondial, réunit les acteurs
de l’innovation en matière de technologies
pour l’audiovisuel. Grâce à l’espace
collectif mis en place par Bretagne Innovation,
les PME bretonnes ont pu bénéficier
d’une vitrine à l’international ;
d’autres ont utilisé leur propre stand pour
présenter leurs produits et savoir-faire à
plus de 46 000 visiteurs. “C’est l’occasion
de rencontrer nos clients, mais aussi de
pressentir les thèmes porteurs de l’innovation
de demain”, explique Alain
Untersee, pour l’entreprise Teamcast.
Rens.➜www.bretagneinnovation.
tm.fr, www.ibc.org
La technopole de
Saint-Malo accueille une
nouvelle entreprise
■ Depuis la fin juillet, l’entreprise
Hommes et process, qui propose des
logiciels et formations pour le travail en
équipe, a installé son volet R&D sur la
technopole Rennes Atalante Saint-Malo.
La jeune société créée en 2003, dont le
siège est à Rennes, était déjà présente à
Saint-Malo. Son installation sur le site
de la technopole valorise son image et
lui fournit de nombreux avantages de
fonctionnement. Hommes et process est
la deuxième entreprise à s’y installer,
après Geodia, prestataire de services
spécialisé dans le domaine du conseil
en environnement et de l’aménagement
du territoire (développement durable).
Rens.➜Yolande Rividic,
tél. 08 73 71 61 00,
www.hommesetprocess.com
DR
DR
La recherche bretonne
valorisée en Europe
■ Bretagne Valorisation(6) était présent
au dernier salon européen de la
recherche et de l’innovation, qui a
accueilli plus de 24 000 visiteurs à
Paris. L’occasion pour la Bretagne de
présenter les offres de technologies
brevetées de ses universités et écoles.
Lors de l’inauguration, Valérie Pécresse,
ministre de l’Enseignement supérieur et
de la Recherche, a assisté à la présentation
de Spytag, un traceur anticontrefaçons
mis au point par les chercheurs
de l’Insa de Rennes et commercialisé
par la société Microcem (Antibes, 06),
grâce à un partenariat développé par
Bretagne Valorisation. Devant le succès
de l’opération, le stand est déjà réservé
pour la prochaine édition du salon,
prévue du 5 au 7 juin 2008.
Rens.➜Claire Marzin,
tél. 02 23 23 36 28,
claire.marzin@univ-rennes1.fr,
www.bretagne-valorisation.fr
Le Véhipôle s’agrandit
■ Le Véhipôle de Ploufragan (22), qui
rassemble plusieurs centaines d’entreprises
de la maintenance automobile,
s’agrandit. L’architecture des nouveaux
locaux s’inspire du monde de l’automobile
(damiers, bâtiment en forme
de capot...). Ceux-ci abritent désormais
le GNFA (Groupement national pour
la formation automobile), qui reçoit
chaque année 7 000 personnes, et
le CNTIC (Centre des nouvelles technologies
de l’information et de la communication),
qui crée des supports
pédagogiques et informatiques pour
la formation à distance.
Rens.➜Francis Gasnier, GNFA,
tél. 02 28 23 08 55,
gasnierf@gnfa-auto.fr
Le pôle Images et réseaux
déménage
■ Le pôle de compétitivité Images
et réseaux a inauguré ses nouveaux
locaux à Lannion le 7 septembre. Cet
événement a été l’occasion de dresser
le bilan de ses deux années de fonctionnement
et de présenter les résultats
des 78 projets labellisés. Le pôle
regroupe actuellement 150 adhérents
et accroît sa visibilité par sa présence
dans des salons français, européens
ou mondiaux. Il souhaite aujourd’hui
mieux soutenir les PME, notamment en
renforçant son appui au montage de
projets.
Rens.➜www.images-et-reseaux.com
5 247/OCTOBRE 2007
■Les échos de l’Ouest
Une nouvelle réglementation pour la “bio”
■ La nouvelle réglementation européenne en matière de production biologique
a été publiée en juin 2007. Elle concerne également l’importation, le contrôle et
l’étiquetage, et devrait simplifier les démarches des agriculteurs et des
consommateurs. Au niveau de l’étiquetage, l’indication du lieu de production est
obligatoire, de même que le logo biologique de l’UE, qui peut être accompagné
de logos nationaux ou privés. Les denrées alimentaires ne doivent comporter ces
logos que si 95 % ou plus de leurs ingrédients sont biologiques ; dans le cas
contraire ceux-ci sont simplement mentionnés dans la liste des ingrédients.
L’utilisation d’organismes génétiquement modifiés reste interdite, mais la limite
générale de 0,9 % (présence accidentelle d’OGM autorisée) s’applique
désormais aux produits biologiques. Aucune modification n’est apportée à la
liste de substances autorisées dans les cultures biologiques.
Consultez ➜ http://ec.europa.eu/agriculture/qual/organic/def/
index_fr.htm
Rens.➜Euro Info Centre au 02 99 25 41 57 ou eic@bretagne.cci.fr
■Du côté de l’Europe
■À lire Les coups de coeur de la Bibliothèque de Rennes Métropole
(1) ENST-Bretagne : École nationale supérieure des télécommunications de Bretagne. (2) France Télécom R&D et
Swid sont à Cesson-Sévigné (35). (3) Une maladie est considérée comme “rare” si elle touche moins de 1 personne
sur 2 000. (4) Le plan national maladies rares sur le site du ministère de la Santé : http://www.sante.gouv.fr/
htm/dossiers/maladies_rares/sommaire.htm (5) Lire l’article “Universités numériques en région, la Bretagne
donne l’exemple” dans le n° 220 de Sciences Ouest - avril 2005 sur www.espace-sciences.org/magazine.
(6) Bretagne Valorisation regroupe les services de valorisation de quatre universités et deux écoles bretonnes.
DR
DR
DR
Une histoire de tout, ou presque...
■ Plus connu pour ses chroniques de voyage (trois
titres traduits en français également disponibles à la
Bibliothèque), Bill Bryson relate dans cet essai les grandes
découvertes scientifiques. Beaucoup d’anecdotes et
d’humour font de cette histoire des sciences un livre très
accessible et facile à lire. L’auteur a remporté en 2004
le prix Aventis du meilleur ouvrage de vulgarisation
scientifique et en 2005 le prix Descartes pour la communication scientifique,
décerné par l’Union européenne, pour ce livre maintenant traduit en français.
➜ Bill Bryson, Payot, 2007.
Comprendre le changement climatique
■ L’introduction nous précise : “Les auteurs se sont
confrontés au défi d’approcher au plus près la «vérité»
scientifique et de présenter aux lecteurs [...] la complexité
d’un changement climatique qui, en fin de compte, peut
mettre en cause la survie de l’espèce [humaine] sur la
planète.” Chaque chapitre, rédigé par un expert français
ou américain, décrit un aspect particulier du problème
climatique et de son impact sur notre environnement. Un livre de référence, avec
une information actualisée, pour aider le public à comprendre les enjeux et les
défis auxquels “nous” avons à faire face. ➜ Ouvrage collectif sous la direction
de Jean-Louis Fellous et Catherine Gautier, Odile Jacob Sciences, 2007.
Retrouvez ces ouvrages en prêt au troisième étage de la Bibliothèque
de Rennes Métropole, Les Champs Libres - plateau sciences et techniques.
www.bibliotheque-rennesmetropole.fr
Payot
Odile Jacob Sciences

6 247/OCTOBRE 2007
Entre la chimie et l’électronique,
au coeur des composants
Les nanomatériaux redessinent
le futur des télécoms
Les nanosciences vont bousculer
les télécoms, via les nanomatériaux.
Des chimistes et des électroniciens, à
Rennes, Brest et Saint-Brieuc, s’associent
pour inventer des composants
évolutifs, qui s’adapteront aux futurs
marchés des télécoms.
Parmi les secteurs touchés par les nanosciences,
figure l’un des points forts de
la recherche bretonne : les télécoms. Pour
améliorer les composants des outils de
communication, l’électronique s’appuie
aujourd’hui sur la chimie... à l’échelle nanométrique.
Au laboratoire Sciences chimiques
de Rennes(1), l’équipe de Maryline
Guilloux-Viry étudie notamment les matériaux
en “couches minces”, de 10 nm à
1μm. Cette mise en forme de la matière,
sous forme de film, se retrouve aujourd’hui
dans une foule d’applications innovantes,
depuis les vitrages intelligents jusqu’aux
peintures aéronautiques. “Notre objectif est
de maîtriser les matériaux en couches minces,
pour les intégrer dans la microélectronique”,
résume Maryline Guilloux-Viry.
Pour créer un composant électronique,
les chimistes associent d’abord différents
éléments, par exemple le potassium, le
tantale, le niobium et l’oxygène. Ils déposent
ce matériau, de type ferroélectrique,
sur un substrat d’environ 5 mm d’épaisseur.
Par une technique appelée “ablation laser”,
les chimistes obtiennent un matériau d’environ
500 nm d’épaisseur, dont ils contrôlent
la composition et la structure. Les
électroniciens définissent la géométrie du
circuit sur cette couche, où ils gravent des
électrodes : le composant agira, par
exemple, comme une antenne ou un résonateur.
Niché au coeur de tous les systèmes
de télécommunications, chaque composant
a aujourd’hui une fonction précise...
mais demain il sera configurable, pour
suivre les évolutions technologiques. C’est
l’objectif du programme Discotec, financé
par la Région(2), qui vient de démarrer.
“En appliquant une tension électrique sur le
matériau d’un composant, étudié et fabriqué ici,
nous pouvons modifier l’une de ses caractéristiques,
explique Arnaud-Gides Moussavou,
l’un des trois doctorants(3) du projet
Discotec. Sa permittivité, c’est-à-dire la capacité
du matériau à réagir à un champ électrique,
change alors : ses atomes se déplacent,
se réarrangent au sein du matériau. Et le
circuit électronique, gravé sur le matériau, est
modifié par la même occasion !”
Le téléphone nouvelle génération
Le dispositif électronique s’adapte alors
à une nouvelle application télécoms. Au
final, le composant d’un téléphone portable
GSM se transforme, au moyen d’un circuit
de commande extérieur, en composant
d’un téléphone de troisième génération
UMTS ! Garder les mêmes composants des
téléphones, cela évite aussi de changer
l’infrastructure du réseau de télécommunication.
Plus globalement, l’objectif de Discotec
est d’inventer des dispositifs innovants
pour les futurs marchés des télécoms et des
réseaux hauts débits. Son originalité
consiste à associer les chimistes et les électroniciens
de trois laboratoires : l’équipe
Chimie du solide et matériaux de Maryline
Guilloux-Viry, à l’Université de Rennes 1,
l’équipe Ingénierie des dispositifs hyperfréquences
du laboratoire d’électronique
de Brest (Lest(4)) et le groupe Antennes et
hyperfréquences de l’IETR(5), à Rennes.
Cette interdisciplinarité est porteuse :
“Nous allons de la mise en forme du matériau
jusqu’à la réalisation du dispositif”, résume
Arnaud-Gides Moussavou, un électronicien
de formation... qui fait de la chimie ! Les
nanosciences sont à la croisée des
chemins. ■ N.G.
(1) UMR 6226 CNRS-Université de Rennes1-ENSC Rennes - Insa Rennes.
(2) Discotec (Dispositifs hyperfréquences accordables faibles pertes pour
les applications en télécommunications) est un Programme de recherche
d’initiative régionale (Prir). (3) La thèse d’Arnaud-Gides Moussavou est
dirigée par Kouroch Mahdjoubi, à l’IETR, en codirection avec Maryline
Guilloux-Viry. (4) Lest : Laboratoire d’électronique et des systèmes de
télécommunication (Lest) - UMR 6165 CNRS Université de Bretagne
occidentale. Contact : gerard.tanne@univ-brest.fr (5) Institut
d’électronique et de télécommunications de Rennes. UMR 6164 CNRS -
Université de Rennes 1. Contact : kouroch.mahdjoubi@univ-rennes1.fr
Contact➜Maryline Guilloux-Viry,
tél. 02 23 23 56 55,
maryline.guilloux-viry@univ-rennes1.fr
La suite de notre dossier
Sciences Ouest n°244
Nanosciences : la Bretagne
change de dimension
Laboratoire
Le professeurMaryline Guilloux-Viry et le doctorant Arnaud-GidesMoussavou devant l’équipement
de dépôt par ablation laser.
Nicolas Guillas
7 247/OCTOBRE 2007
Sur le marché en expansion des nanoparticules
pour la biologie, des
chimistes rennais ouvrent une nouvelle
voie. Leurs particules fluorescentes
100% biocompatibles serviront en
médecine, notamment à la détection
des tumeurs.
Pour éclairer l’intérieur d’un organisme
vivant, les biologistes y injectent des
marqueurs lumineux. En envoyant deux
photons sur un atome ou une molécule, ils
obtiennent des images 3D très précises des
tissus biologiques, sans les abîmer. C’est le
principe de la microscopie biphotonique.
Les marqueurs sont souvent des molécules
artificielles, appelés fluorophores, qui
mettent en évidence le trafic membranaire
ou les interactions entre molécules.
Depuis quelques années, un nouveau
type de marqueurs est apparu, beaucoup
plus lumineux et autorisant de longues
observations in vivo de plusieurs phénomènes
biologiques à la fois : des nanocristaux
! Le marché de ces nanoparticules,
baptisées “quantum dots”, est florissant.
Mais il y a un hic : elles contiennent des
métaux toxiques.
Depuis 2005, l’équipe photonique moléculaire
du laboratoire “Synthèse et électrosynthèse
organiques” (Seso(1)) s’est lancée
sur une nouvelle voie. Ces chimistes
du “tout organique”, qui étudient les
composés du carbone, sont des spécialistes
des fluorophores.
Sans métaux lourds
“Notre motivation de départ était de mettre
au point des nanoparticules moins toxiques que
les quantum dots”, explique Olivier Mongin,
enseignant-chercheur au Seso. Composées
d’atomes de carbone, d’oxygène, d’hydrogène,
d’azote, de soufre ou de phosphore,
les particules du Seso, baptisées nanodots,
ne contiennent pas de métaux lourds. “En
comparaison avec les nanocristaux «durs», elles
sont «molles», un peu comme une éponge à
côté d’une balle de golf ! Les nanodots ressemblent
à des molécules d’eau et des protéines, car
leurs liaisons peuvent se casser.” Non toxiques
quand elles sont dans l’organisme, elles ne
donnent pas non plus de rejets nocifs.
De plus, ces particules de moins de 5nm
“brillent” autant que les quantum dots.
D’abord testée en bleue, leur luminescence
est désormais modulable : le rouge est intéressant
pour l’imagerie in vivo, car cette
couleur permet de voir plus profond. Autres
aspects positifs, leur brillance ne dépend pas
de la couleur... et leur couleur ne dépend pas
de leur taille. “Des systèmes organiques modulables,
ayant la même performance en luminescence
que les quantum dots, cela n’existait pas,
explique Mireille Blanchard-Desce, la directrice
du Seso. L’idée a consisté à confiner un
grand nombre de fluorophores dans un volume
très petit... sans qu’ils se neutralisent !” Le
secret de fabrication des nanodots réside
dans leur structure “dendritique”, c’est-àdire
en ramifications. Pour les concevoir,
l’équipe rennaise s’est associée avec un
laboratoire toulousain(2), spécialiste des
dendrimères. Ces molécules très ramifiées,
dotées de fonctions aux extrémités de leurs
branches, sont globalement sphériques.
Les droits sur l’utilisation de ces sphères
lumineuses, pour l’imagerie du vivant, sont
protégés par un brevet, publié en juillet. La
situation est en effet très concurrentielle, à
l’échelle mondiale... car les enjeux en
biologie sont très importants.
Détection des tumeurs
Les applications devraient en effet
dépasser l’imagerie in vivo et concerner le
diagnostic médical. Le Seso participe au
projet ANR(3) “Biodendridot”, lancé l’an
dernier et coordonné par Anne-Marie
Caminade, à Toulouse. L’objectif est la
détection précoce des tumeurs. “On peut
envisager de mettre au point des nanodots qui
repèrent la cellule cancéreuse et délivrent une
molécule médicament”, estime Mireille
Blanchard-Desce. Outre le secteur médical,
ces systèmes luminescents pourraient se
retrouver dans différentes applications,
depuis les cellules photovoltaïques jusqu’à
l’affichage des écrans d’ordinateur. ■ N.G.
(1) UMR 6510 CNRS - Université de Rennes 1. (2) Le groupe de recherche
Hétérochimie moléculaire, macromoléculaire et supramoléculaire, dirigé
par Anne-Marie Caminade et Jean-Pierre Majoral, au sein du Laboratoire
de chimie de coordination (LCC). (3) Agence nationale de la recherche.
Des chimistes rennais inventent
des marqueurs lumineux “mous”
Des nanoparticules non toxiques
pour la médecine
Contact➜Mireille Blanchard-Desce,
tél. 02 23 23 62 77,
mireille.blanchard-desce@univ-rennes.fr
Mireille Blanchard-Desce, la doctorante Anne-Claire Robin et OlivierMongin, qui participent au projet nano.
Nicolas Guillas
Les chimistes ont d’abord
inventé des nanoparticules
qui émettent une lumière
bleue... puis différentes
couleurs, au choix.
Seso
➜Actualité
8 247/OCTOBRE 2007
L’idée est née dans les Côtes-d’Armor,
en 2004 : pour sauver les papillons, et
la biodiversité, il faut garder des
mauvaises herbes ! Cette initiative,
couplée avec l’opération nationale de
comptage des papillons, pourrait être
généralisée à toute la France.
Les papillons sont en chute libre. Depuis
les années vingt, 25 % des espèces ont
disparu dans les Côtes-d’Armor. Les naturalistes
de l’association VivArmor nature, qui
recueillent des données de terrain sur la
biodiversité, ont fait ce constat en 2003.
Excepté ce département, la Loire-Atlantique
et la Vendée(1), il n’existe pas de suivi pour
toute la France. Mais si l’on se réfère aux
études menées chez nos voisins, la situation
est préoccupante : depuis 30 ans, 75%
des espèces de papillons sont en déclin en
Angleterre et, depuis 14 ans, les milieux
herbeux européens connaissent une baisse
de 50 % de l’abondance des papillons.
Perte de la biodiversité
“Ces chiffres s’expliquent par l’utilisation
massive d’insecticides et la diminution du nombre
de sites d’accueil favorables aux papillons,
explique Jérémy Allain, de VivArmor nature.
Il y a de moins en moins de zones en friche.
Or chaque espèce de papillon a sa plante pour
se reproduire. La Petite tortue, par exemple, ne
pond que sur les orties.” Est-ce vraiment
grave ? Oui, car les papillons, ces indicateurs
de perte de la biodiversité, pollinisent
les plantes et sont des proies des chauvessouris,
des batraciens et des oiseaux. “Les
invertébrés sont à la base de la chaîne alimentaire,
souligne Emmanuel Parmentier, du
Groupe d’étude des invertébrés armoricains
(Gretia), sur le campus de Beaulieu, à
Rennes. Les passereaux granivores, par
exemple, nourrissent leur poussin d’invertébrés,
plus faciles à digérer que les graines.”
Pour stopper ce déclin, l’opération
“Refuge à papillons” a été lancée en 2004
dans les Côtes-d’Armor. “L’idée m’est venue
une nuit, se rappelle Jérémy Allain. Mais je
me suis dis que ça n’allait jamais marcher.
Aujourd’hui, il y a 170 refuges, qui couvrent plus
de 160 hectares, dans le département.” Le mot
“refuge” est trompeur : il ne s’agit pas d’un
nichoir, mais d’un espace vert... laissé en
friche. Cent-vingt refuges costarmoricains
se situent chez des particuliers, 50 dans
des collectivités, dont la cité pionnière de
Trégueux. Depuis l’été 2006, le Gretia, qui
réunit 150 naturalistes de Bretagne,
Normandie et Pays de la Loire, relaye l’initiative.
Et aujourd’hui 66 refuges, de quelques
mètres carrés à plusieurs dizaines
d’hectares, ont pris racine, en dehors des
Côtes-d’Armor, et représentent 146 hectares
d’herbes sauvages. Trois collectivités d’Illeet-
Vilaine sont en convention avec le Gretia,
souvent en lien avec des écoles, autour de
programmes pédagogiques.
Ne pas traiter, ne pas faucher
Comment créer un refuge ? “Il ne faut pas
traiter et ne pas faucher avant novembre, pour
que les chenilles et les papillons effectuent leur
cycle, explique Emmanuel Parmentier. Il faut
conserver les plantes à fleur, qui font du nectar,
par exemple la marguerite, la valériane, ou le
trèfle.” L’association Noé conservation(2), à
l’origine de l’Observatoire des papillons des
jardins, auquel 6 500 jardins participent,
pourrait s’appuyer sur l’expérience de
VivArmor et du Gretia pour développer ce
projet à l’échelle nationale. “Après avoir
proposé aux jardiniers de compter les papillons
chez eux, pour l’observatoire, les inviter à créer
des refuges serait un aboutissement. Cette
démarche est complémentaire à notre action”,
estime Coralie Beltrame, de Noé conservation.
Et si tous les jardiniers de France laissaient
un coin d’herbe en friche, l’impact
serait net sur la biodiversité : leurs jardins
représentent une surface... d’un million
d’hectares. ■ N.G.
(1) L’Atlas entomologique régional (Nantes) constate l’érosion de la
diversité des papillons dans l’Ouest. Contact : Christian Perrein,
tél. 02 40 73 24 29. (2) L’Observatoire a été lancé en 2006 par Noé
conservation, le Muséum national d’histoire naturelle et la Fondation
Nicolas Hulot. La Bretagne est la première région de France pour le
nombre de jardins suivis, par rapport au nombre d’habitants. Noé
conservation oeuvre pour la biodiversité et propose des gestes simples
pour la protéger, dans son jardin.
L’opération “Refuge à papillons”prend de l’envergure
Des friches pour sauver les papillons
Contacts ➜Jérémy Allain, VivArmor nature,
tél. 02 96 33 10 57, http://assoc.orange.fr/vivarmor
➜Emmanuel Parmentier, Gretia, tél. 02 23 23 51 14,
http://perso.orange.fr/gretia
➜Coralie Beltrame, Noé conservation,
tél. 01 40 79 37 83, www.noeconservation.org
Les papillons des Côtes-d’Armor ■ De 2001 à fin 2007, une vingtaine de naturalistes
ont recensé les 62 espèces de papillons de jour des Côtes-d’Armor. Leurs 7 000 données
seront résumées dans un guide-atlas des papillons de jour des Côtes-d’Armor, à paraître.
Contact➜ vivarmor@wanadoo.fr
Un guide de référence ■ Le guide Papillons d’Europe de Tristan Lafranchis a été publié en
août 2007. Avec ses 1 400 photos et ses clés de déterminations, c’est le nouveau guide des
amoureux des papillons. Contact➜ lafranchis@yahoo.fr
Papillon de jour, papilllon de nuit ■ La France compte 250 espèces de papillons
de jour (108 en Bretagne) et 5 400 espèces de papillons de nuit (environ 1 300 en Bretagne).
“Les nocturnes sont moins connus, car c’est une science naturaliste moins développée”, note
Jérémy Allain. Il y a 165 000 espèces de papillons connues dans le monde.
Emmanuel Parmentier est l’un des spécialistes
bretons des papillons.
Sans orties, la Petite tortue ne peut pas survivre.
Emmanuel Parmentier
Nicolas Guillas
L’agriculture biologique - la “bio” : une nécessité pour
l’environnement et la santé publique, une mode, un art de vivre,
des sujets de recherche ? Après des années d’industrialisation et
quelques déconvenues technologiques, l’Homme retrouve la nature.
“La nature revient en force en tant qu’instance morale et technique. Elle
redevient le modèle ultime que l’on imite”, explique Dominique
Vermersch, professeur en économie et éthique, à Agrocampus-Inra
Rennes. Mais ce retour à la nature n’est pas simple : la “bio” dérange.
Économiquement, culturellement et jusque dans les labos : à la fin
des années 90, travailler sur la “bio” n’est pas reconnu. L’Inra ne
finance des recherches sur l’agriculture biologique que depuis 2001.
Aujourd’hui, les projets poussent sans complexes. Au centre Inra de
Rennes, des chercheurs viennent de mettre au point deux nouvelles
lignées de blé, ou remettent au goût du jour d’anciennes variétés de
chou, le tout adapté au mode de production “bio”. Pour d’autres, qui
travaillent sur le sol, les interactions sol et plantes ou encore la lutte
biologique, l’agriculture biologique n’est pas forcément une fin en soi
mais une condition expérimentale parmi d’autres, qui permet d’ouvrir
de nouvelles voies. Les agriculteurs “bio” sont très attentifs aux
résultats de la recherche. En Bretagne, leurs questions sont prises
en compte, notamment par l’intermédiaire d’Inter Bio Bretagne (IBB)
et font l’objet d’expérimentations menées par exemple avec la
Chambre régionale d’agriculture.
Et les consommateurs accrochent. Reste que la raison pour laquelle
ils avouent acheter “bio” - leur santé -, fait encore l’objet de débats.
De multiples enjeux se croisent dans le champ de l’agriculture
biologique. Sa percée risque plutôt d’être encouragée par la
conjoncture environnementale, économique et énergétique. Manger
“bio”, c’est bon pour l’environnement. C’est déjà ça ! ■ N.B.
La“bio”,
un retour
à la nature ?
Hervé Paitier/Inrap - PBcg 9
247/OCTOBRE 2007
10
Dossier
L’agriculture biologiq
Panorama du “bio” en Bretagne
■ En Bretagne, on trouve des légumes, du lait, de la viande, des céréales et des
oeufs “bio”.
■ La Bretagne est la 1re région productrice de légumes et d’oeufs “bio” et la 2e pour
le porc et le lait, derrière les Pays de la Loire.
■ L’agriculture biologique représente 2% de la surface agricole utile (SAU) en
Bretagne, soit 935 agriculteurs.
■ 400 000 repas “bio” ont été servis en restauration collective en Bretagne en
2003 ; 1,6 million en 2006.
247/OCTOBRE 2007
Gaëlle Mathieu-Koné,
directrice d’Inter Bio Bretagne(1)
“Aujourd’hui, nous
communiquons plus
vers les agriculteurs.”
Dominique Vermersch(2),
professeur en économie et éthique,
à Agrocampus-Inra Rennes
“L’agriculture
biologique peine à
obtenir ses lettres de
noblesse scientifiques !”
Dominique Parent-Massin(3),
professeur de toxicologie
alimentaire à l’UBO
“Ce n’est pas parce
que c’est naturel
que c’est sain !”
Pierre Colin,
directeur de l’École supérieure
de microbiologie et sécurité
alimentaire de Brest (Esmisab)
“Ce n’est pas parce
que c’est bio
que c’est plus sale !”
Qu’est-ce que l’agriculture
biologique ?
Gaëlle Mathieu-Koné : C’est un mode de production respectueux
de l’environnement, qui n’a pas recours à des produits chimiques
et préconise l’utilisation de produits naturels. Plus globalement,
c’est une approche préventive de l’ensemble de l’écosystème,
comme le maintien de la biodiversité, l’amélioration de la richesse
du sol, de la qualité de l’eau et de l’air... Et c’est aussi un mode de
production qui véhicule des valeurs éthiques, humaines, sociales.
Dominique Vermersch : Il s’agit d’appliquer la vision organique
propre au vivant à la sphère technique agricole. Les Anglo-Saxons
utilisent le terme plus adéquat d’organic farming, afin de signifier la
prise en compte judicieuse des liens de dépendance réciproque
entre les plantes, les animaux et leurs milieux.
Le côté éthique souvent exprimé par l’agriculture biologique
s’inspire de cette dimension de solidarité inscrite dans la nature
elle-même. ■
Pourquoi le nombre d’agriculteurs
“bio” n’augmente-t-il pas ?
Gaëlle Mathieu-Koné : Après avoir augmenté de 1998 à 2003, le
nombre d’agriculteurs “bio” s’est stabilisé ; deux raisons peuvent
expliquer ce phénomène : le tarissement des aides incitatives à la
conversion et des crises conjoncturelles dans les filières lait et
céréales, induisant d’importantes baisses de prix pour les
producteurs “bio”. Ceux qui partent à la retraite ne sont plus
remplacés et la demande a tendance à dépasser l’offre. Nous
(NDLR : IBB) avons pris l’initiative de demander un complément au
baromètre agricole sorti en début d’année et réalisé par le cabinet
d’études TLB pour en savoir plus sur l’état d’esprit des agriculteurs
“bio” et de ceux qui travaillent en filière conventionnelle. Les
résultats montrent que ces derniers manquent d’informations sur
la filière “bio”. Nous avons donc décidé de nous tourner plus vers
eux et d’aller à leur rencontre, comme par exemple lors du Space(4),
pour leur démontrer qu’on peut gagner sa vie, mais aussi de la
sérénité et une meilleure qualité de vie à travailler en “bio”.
Dominique Vermersch : D’abord pour des enjeux économiques :
l’agriculture biologique est relativement peu subventionnée et
encourager la “bio” veut dire un nouveau partage de la valeur
ajoutée et des emplois, au détriment des fournisseurs agroindustriels.
Or il n’est jamais aisé de mettre en balance les
DR DR DR DR
11 247/OCTOBRE 2007
ue en questions
Les produits “bio” sont-ils
meilleurs pour la santé ?
Gaëlle Mathieu-Koné : La corrélation entre le développement de
certains cancers et l’inhalation de pesticides ou la consommation
de produits contaminés ne fait plus de doute.
Il existe aussi des travaux qui montrent que les légumes “bio”
contiennent moins d’eau et donc plus de nutriments. Dans un
argumentaire en faveur des produits “bio”, un institut de recherche
suisse (le Fibl) se base sur des résultats scientifiques pour affirmer
que le lait “bio” contient plus d’acides gras oméga 3 et que les
fruits et les légumes contiennent plus de substances bénéfiques
pour la santé : antioxydants, phosphore, fibres alimentaires... En
France, nous sommes en contact avec le professeur Joyeux,
cancérologue à Montpellier, qui a travaillé sur le poulet, les oeufs
et certains fruits et légumes. Mais globalement, ces recherches
sont peu financées et nous manquons encore de données
chiffrées significatives sur la question.
Dominique Parent-Massin : L’agriculture biologique est bénéfique
pour l’environnement, mais en ce qui concerne la santé et
notamment les bénéfices nutritionnels, les conclusions sont moins
tranchées. Pour les aspects chimiques, je me bats contre l’idée
reçue qui est de dire que ce qui est naturel est sain : c’est faux ! Un
produit “bio”, exempt de pesticides ou d’additifs chimiques, n’est
pas forcément sans risque. Par exemple, en l’absence de pesticides,
certains champignons produisent des toxines naturelles mais
dangereuses pour la santé. Heureusement, depuis décembre 2006,
il existe une réglementation européenne qui limite leur taux.
L’agriculture biologique doit être soumise aux mêmes
réglementations que l’agriculture conventionnelle. Elle doit
prouver ce qu’elle avance.
Pierre Colin : C’est le cas en ce qui concerne les risques
microbiologiques : les règles d’hygiène sont exactement les
mêmes quel que soit le système de production : en sortie, le
produit doit être conforme aux différentes réglementations,
nationales et européennes, hygiéniques et sanitaires en vigueur.
Et si dans l’absolu, une poule élevée en agriculture biologique a
peut-être plus de risques qu’une poule élevée hors sol d’être en
contact avec une salmonelle, car elle est dehors et non vaccinée,
c’est au producteur de faire en sorte de maîtriser ce risque. Mais ce
n’est pas parce que c’est “bio” que c’est plus sale ! ■
Propos recueillis par Nathalie Blanc
La communication sur la “bio” est principalement dirigée vers les
consommateurs, par exemple dans les salons “bio”, qui fleurissent depuis
quelques années. Ici, le stand IBB à la foire Bio Zone, les 8 et 9 septembre
derniers, à Mûr-de-Bretagne.
emplois avec les dommages environnementaux et sanitaires
encore difficilement mesurables car diffus dans le temps. La “bio”
pose aussi des problèmes d’ordre culturel car elle remet en cause
des principes, et des habitudes ancrées depuis plus de cinquante
ans par la modernité agricole : il n’est pas évident d’opérer un
retour à la nature, alors que le progrès technique a permis de
répondre à de fortes exigences de rendement et de productivité.
Notons également que si la “bio” prône plus de travail local, celuici
reste plus coûteux que le transport des marchandises. Mais la
donne est en train de changer : l’augmentation du prix de l’énergie
incitera à une relocalisation des productions. Enfin, l’agriculture
biologique nécessite des connaissances techniques pointues et
elle peine encore aujourd’hui à obtenir ses lettres de noblesse
scientifiques ! En France, les instituts publics de recherche n’ont
insufflé des programmes de recherche sur la “bio” que depuis
quelques années seulement(5). Mais une fois cette caution
scientifique acquise, l’évolution sera inéluctable et chacun des
acteurs économiques a intérêt à l’anticiper. ■
Qu’est-ce qui pousse les
consommateurs vers la “bio” ?
Gaëlle Mathieu-Koné : Les Français consomment “bio” en premier
pour leur santé, en second pour l’environnement(6). C’est l’inverse
en Allemagne. En France, le marché des produits alimentaires
“bio” augmente de 10 % par an depuis 1999(7). Cela veut dire qu’il
ne s’agit pas seulement d’un effet de mode, mais bien d’habitudes
qui s’installent. Les campagnes de communication, qui, jusqu’à
présent, étaient surtout dirigées vers les consommateurs,
notamment à IBB, ont pu aider ce développement.
Dominique Vermersch : Même si leur nombre augmente
régulièrement, les consommateurs “bio” français représentent
moins de 10 % des consommateurs. Leurs achats sont surtout
motivés par les bienfaits escomptés sur la santé et par le goût. Une
conscience écologique commence à se développer, mais je pense
que la démarche dite citoyenne n’est pas encore ce qui déclenche
l’achat. ■
Existe-t-il un contexte
de développement de la “bio”
particulier à la Bretagne ?
Dominique Vermersch : Après guerre, la Bretagne s’est
désenclavée d’un point de vue industriel grâce notamment à une
forte intensification des productions agricoles et alimentaires
aujourd’hui largement exportées. D’où la construction d’une
identité bretonne prônant l’initiative et la persévérance dans
l’adversité. Non sans frictions et incompréhensions, l’agriculture
biologique prend le contre-pied de l’agriculture intensive en
s’appuyant également sur des revendications identitaires visant
notamment la préservation de l’environnement naturel et le
maintien de solidarités économiques locales. De nouveaux
consensus sont à trouver ! ■
DR
(1) Lire “Pour en savoir plus”, p.17. (2) Auteur de L’éthique en friche, éditions Quae, 2007. (3) Dominique Parent-Massin et Pierre Colin ont participé au rapport de l’Afssa : Évaluation nutritionnelle et
sanitaire des aliments issus de l’agriculture biologique, publié en 2003. (4) Space : le Salon des productions animales a lieu tous les ans à Rennes. Le dernier s’est déroulé du 11 au 14 septembre derniers.
(5) C’est en 2001 que l’Inra a pour la première fois alloué des crédits à la recherche sur l’agriculture biologique. (6) Source : sondage CSA-Agence Bio. (7) Source Agence Bio.
Dossier
12 247/OCTOBRE 2007
L’Inra sélectionne des semences adaptées à la culture biol
Du blé au chou :de nouvelles variétés “bio”
En laboratoire et dans les champs, les
chercheurs travaillent à la mise au
point de nouvelles variétés de légumes
ou de céréales adaptées à l’agriculture
biologique. Une aventure en plusieurs
étapes, jusqu’à la réglementation qui
autorise la commercialisation des
semences.
Culture intensive oblige, les variétés utilisées
aujourd’hui en agriculture dite
“conventionnelle” ont le plus souvent été
sélectionnées pour leur seule productivité.
Mais en agriculture biologique, les besoins
ne sont pas les mêmes : les plantes doivent
aussi être résistantes aux maladies, aux
ravageurs, et compétitives face aux
“mauvaises herbes” des champs. Depuis
quelques années, les chercheurs se
penchent sur la question.
Du blé “bio” pour du pain “bio”
Au centre Inra
de Rennes, Bernard
Rolland et l’équipe
“Création de blés
tendres rustiques de
qualité pour une agriculture
durable”(1) viennent
de sélectionner
deux nouvelles lignées de blé qui présentent
les qualités requises en agricultures
biologique et intégrée(2). “Depuis les années
80, les pépinières de l’Inra sont conduites sur
un mode économe en intrants(3), ce qui nous a
permis de disposer d’une bonne base de
départ”, explique-t-il. Ensuite, il croise des
variétés pour sélectionner les caractères
recherchés : des résistances et une productivité
satisfaisantes, mais aussi une teneur
et une composition en protéines stables et
adaptées à la panification ; car en agriculture
biologique, le blé tendre est essentiellement
utilisé pour faire du pain. “Nous
travaillons en collaboration avec le centre Inra
de Nantes, où un boulanger compare les différentes
farines obtenues, dans des conditions
définies”, précise Bernard Rolland. Mais les
standards de panification conventionnels
(farine fine, pétrissage rapide, temps de
repos court...) ne sont pas adaptés aux
farines biologiques qui ont une mouture
plus grosse et nécessitent un temps de
repos plus long. Actuellement, il est donc
question de créer de nouveaux standards
de panification(4).
Douze ans pour une nouvelle variété
Pour obtenir une nouvelle lignée de blé,
il faut sept ans de culture à l’Inra, en agriculture
intégrée, puis environ cinq ans en
culture biologique chez un agriculteur.
“Depuis 2001, nous travaillons avec des
paysans «bio» de Pacé, près de Rennes, car à
l’Inra nous n’avons pas de terrain dédié à l’agriculture
biologique et cela nous demanderait
beaucoup de moyens et de temps pour changer,
note Bernard Rolland. De plus, les agriculteurs
avec qui nous travaillons nous apportent
énormément, car ils ont le savoir-faire nécessaire
en agriculture biologique.”
La sélection, avec les producteurs
Toujours à l’Inra de Rennes, Véronique
Chable, de l’unité de recherche “Sad(5)-
paysage”, se place dans une démarche plus
globale. “Changer d’agriculture nécessite
de changer les méthodes
de création variétale,
explique-t-elle. Avec la
sélection participative, le
producteur se réapproprie
les semences : il sélectionne
lui-même les variétés
adaptées à son terrain et
son mode de culture.”
Pour ses recherches,
Véronique Chable laisse volontairement de
côté les 20 000 variétés de semences déjà
commercialisées en Europe ; elle préfère
L’agriculture biologique fait redécouvrir des variétés oubliées, comme le brocoli du Cap (en couleur naturelle à gauche)
et le chou Macerata (à droite) qui mettent de la couleur dans nos assiettes !
Véronique Chable.
Alice Vettoretti
Bernard Rolland.
Alice Vettoretti
Véronique Chable/Inra
Pais/IBB
fouiller dans les collections de laboratoires
ou d’amateurs, qui contiennent cent fois plus
de variétés, à la recherche de la perle rare, ou
plutôt de plantes délaissées par l’industrie
semencière, mais qui peuvent se révéler intéressantes
en agriculture biologique.
Des brocolis violets
Dans un premier temps, un grand
nombre de variétés sont mises en culture
sur la plate-forme agrobiologique d’Inter
Bio Bretagne à Suscinio, dans le Finistère
(lire l’encadré ci-contre). “Au début, c’est une
découverte : on ne sait pas exactement quel
aspect aura la plante qui pousse, et encore
moins comment elle se reproduira”, note
Véronique Chable. Les plus belles plantes
sont choisies, au sein des variétés les mieux
adaptées, pour réaliser des boutures et
continuer la sélection chez les producteurs.
Avec eux, Véronique Chable cherche ensuite
à améliorer les techniques de culture ou à
mettre au point des associations de plantes
qui améliorent les résistances aux parasites.
Ses premières expériences ont conduit à la
commercialisation du brocoli du Cap, un
chou violet originaire d’Italie.
Les retards de la réglementation
Aujourd’hui, elle s’intéresse à une vingtaine
d’autres espèces (tomate, panais,
carotte, laitue, haricot, épinard, orge, tournesol,
sarrasin, maïs...) et travaille avec des
producteurs et leurs organisations associatives
dans diverses régions de France.
Mais, selon la réglementation actuelle, le
chemin est encore long pour arriver jusqu’à
nos assiettes : pour être commercialisée,
une variété doit être inscrite au catalogue
officiel (français ou européen). Elle doit pour
cela être soumise à des tests qui permettent
de vérifier qu’elle est bien une nouvelle
variété distincte de celles déjà enregistrées,
que toutes les plantes issues des semences
sont identiques, et qu’elle est stable, c’est-àdire
identique d’une année sur l’autre. Mais
ces tests ne sont pas toujours adaptés aux
variétés “bio” qui sont souvent sélectionnées
sur d’autres critères ! Par exemple, c’est la
variabilité qui est recherchée plutôt que la
stabilité : il faut que les plantes puissent
s’adapter en cas de sécheresse, de maladie,
ou de toute autre variation du milieu. Aussi,
Véronique Chable participe activement à un
projet européen(6) qui vise à créer une réglementation
propre aux variétés issues de la
sélection participative. La “bio” gagne du
terrain ! ■ A.V.
Contacts➜Véronique Chable, tél. 02 23 48 70 49,
veronique.chable@rennes.inra.fr
➜Bernard Rolland, tél. 02 23 48 51 35,
bernard.rolland@rennes.inra.fr
13 247/OCTOBRE 2007
logique
(1) De l’UMR Agrocampus Rennes-Inra APBV : Amélioration des plantes et biotechnologies végétales. (2) L’agriculture intégrée consiste à utiliser au mieux
les processus naturels de régulation, pour minimiser l’utilisation de produits chimiques, sans toutefois les supprimer complètement. (3) Le terme
“intrants” désigne les différents produits apportés aux cultures, comme les engrais, les produits phytosanitaires, les régulateurs de croissance... (4) Ces
réflexions seront au coeur du forum Pain Bio qui se déroulera à Paris début novembre (http://www.itab.asso.fr/pain%20bio.htm). (5) Le département
Sciences pour l’action et le développement (Sad) de l’Inra de Rennes mène des recherches pluridisciplinaires pour comprendre les transformations de
l’agriculture en interaction avec son environnement (socio-économique, naturel...). (6) Le projet européen “Farm Seed Opportunities” implique des centres
de recherches et organisations paysannes anglais, espagnols, français, hollandais, italiens et suisses. www.farmseed.net.
Au centre Inra de Rennes, les champs
d’expérimentation permettent de tester
et comparer les lignées de blé créées.
Pais/IBB
S. Graton/Inra
Une plate-forme
d’expérimentation
pour répondre
aux questions
des agriculteurs
“Comment éviter que les pucerons
envahissent les concombres ?” ; “Quelle
variété de betteraves donnera les meilleurs
résultats ?” Ces questions, les agriculteurs
peuvent les poser à la Plate-forme
agrobiologique d’Inter Bio Bretagne à
Suscinio (Pais), dans le Finistère. Celle-ci
permet de réaliser des expérimentations sur
les légumes biologiques, sur six hectares de
terrain. Elle sert aussi à l’évaluation des
ressources génétiques pour mettre en place
une filière de semences biologiques. Les
travaux sont coordonnés par la Commission
interprofessionnelle de recherche en
agriculture biologique (Cirab), composée de
chercheurs et de professionnels adhérents
d’Inter Bio Bretagne. Par l’intermédiaire de
leur organisation ou de la Frab (Fédération
régionale des agrobiologistes de Bretagne),
plus de 200 producteurs bretons bénéficient
des travaux de la Pais, par exemple grâce
aux conseils techniques et ateliers de
démonstration proposés pour la sélection
variétale. ■
Contact➜ Mathieu Conseil,
animateur scientifique et technique,
tél. 02 98 72 03 22,
mathieu.conseil@educagri.fr
DR
Dossier
14 247/OCTOBRE 2007
De nouveaux modes de labour expérimentés
Les vers de terre sortent de l’ombre
La suppression du labour en agriculture
biologique est actuellement à l’étude
dans le Morbihan. Au bout de la chaîne,
les résultats sont attendus par les agriculteurs.
Labour traditionnel ou travail superficiel ?
Quatre méthodes de travail du sol sont
à l’étude depuis 2003 à la station expérimentale
de Kerguéhennec, sur l’une des
parcelles dédiées depuis plus de dix ans à
l’agriculture biologique. “L’objectif, explique
Jean-Luc Giteau, responsable des essais au
sein des Chambres d’agriculture de
Bretagne, c’est d’évaluer l’effet de la suppression
du labour sur les propriétés du sol et le
développement des cultures dans ce système de
production.” Une suppression qui pourrait
être compensée par l’activité de travailleurs
souterrains : les vers de terre, dont les galeries
favorisent l’aération du sol et la circulation
de l’eau.
Les lombrics, bienfaiteurs du sol
Spécialiste des lombriciens,
Daniel Cluzeau,
enseignant-chercheur à
l’Université de Rennes 1,
participe aux travaux
de Kerguéhennec et
apporte son expertise.
“Les lombrics permettent
aussi de capter et surtout de
transférer dans le sol l’azote
et le carbone contenus dans les matières organiques
tels que les végétaux décomposés et les
effluents d’élevage”, ajoute-t-il. Ainsi l’azote
ne part pas sous forme de nitrate dans
l’eau. Et “l’interaction entre les activités biologiques
-celle des vers de terre et des microbes
entre autres- et l’apport de matière organique
favorisent la production d’humus, qui structure
la couche supérieure du sol et le stabilise,
précise encore le chercheur. Cela permet de
réduire les phénomènes d’érosion dus à un
écoulement d’eau trop important.”
Ces remarques sont valables quel que
soit le système de production. Mais l’activité
des lombriciens sera d’autant plus
marquée en agriculture biologique que
celle-ci utilise plus de composts naturels,
réalisés à la ferme, pour fertiliser ses sols et
sachant qu’“on peut trouver six à dix espèces de
lombriciens dans un sol cultivé en agriculture
biologique, contre une seule dans un système
utilisant des produits phytosanitaires. De même
en ce qui concerne le nombre d’individus : on
passe de douze par m2 en conventionnel à 180
en «bio»”, affirme Daniel Cluzeau. Pourtant,
la mise en pratique de la suppression totale
du labour en agriculture biologique est
encore à l’étude. Car elle implique une
recrudescence des ravageurs et des
mauvaises herbes, contre lesquels il est
plus difficile de lutter sans pesticides.
Des références pour les agriculteurs
Si des travaux parallèles ont débuté en
agriculture conventionnelle, “il ne s’agit plus
d’opposer ces systèmes de production, affirme
Jean-Luc Giteau, mais vraiment d’améliorer
les techniques dans chacun des cas, pour
accompagner les producteurs.” Ainsi, une
synthèse des résultats obtenus en “bio”
depuis le début des recherches est attendue
pour 2008 et devrait fournir des références à
tous les exploitants. C’est d’ailleurs pour
répondre à leur demande que la Chambre
d’agriculture du Morbihan avait mis en
place les expérimentations en pleins
champs de Kerguéhennec. Une autre preuve
de l’évolution du statut de l’agriculture
biologique. ■ C.D./N.B.
Contacts➜Daniel Cluzeau, tél. 02 23 23 63 99,
daniel.cluzeau@univ-rennes1.fr
➜Jean-Luc Giteau, tél. 02 96 79 21 63,
jean-luc.giteau@cotes-d-armor.chambagri.fr
Daniel Cluzeau.
Céline Duguey
Les racines (filaments blancs) utilisent des
galeries creusées par les lombriciens et profitent
des éléments minéralisés sur les parois par
les microorganismes.
Le labour est remis en question, au bénéfice de travaux plus superficiels sans retournement de la terre.
DR
15 247/OCTOBRE 2007
Contre les ravageurs, la lutte biologique
offre une alternative aux
pesticides. À l’Université de Rennes 1,
une équipe de scientifiques cherche à
affiner la technique. Certaines pistes
pourraient bien être suivies par les
agriculteurs “bio”.
Un laboratoire rennais possède un
curieux élevage : des milliers de
mouches du chou, ces ravageurs qui s’attaquent
aux cultures de crucifères : chou,
navet, rutabaga, radis. Dans les pièces
voisines, ce sont leurs ennemis naturels,
appelés aussi parasitoïdes ou auxiliaires,
qui sont élevés, dans le but de mieux
comprendre les mécanismes de la lutte
biologique. Anne-Marie Cortesero(1) s’y intéresse
depuis 1997 ; elle encadre aujourd’hui
une thèse financée par la Région Bretagne
dont l’objectif est de favoriser, chez la
plante, la production de substances
odorantes qui attirent les parasitoïdes. Une
nouveauté par rapport à la démarche
actuelle qui consiste à ajouter des parasitoïdes
dans les cultures.
Sortir des serres
Déjà utilisée sous serre avec succès, cette
méthode de lutte par augmentation est
plus difficile à mettre en oeuvre en plein
champ, car les parasitoïdes peuvent facilement
s’échapper et également parce qu’un
apport trop important d’individus risque de
perturber l’écosystème environnant.
La méthode actuellement développée
par l’équipe d’Anne-Marie Cortesero
permettrait de sortir des serres : c’est la
lutte biologique par conservation. “L’idée est
d’attirer les parasitoïdes dans le champ, si
possible plus tôt dans la saison, explique-t-elle,
car ils arrivent souvent après les premières
vagues de mouches du chou.” Et pour cela, les
chercheurs ont flairé une piste. En étudiant
les défenses naturelles de la plante, ils ont
remarqué qu’en cas d’agression, celle-ci
émet des substances odorantes qui attirent
les parasitoïdes. “On cherche maintenant à
stimuler la production de ces odeurs.”
Le pouvoir des fleurs
Une autre solution étudiée pour attirer
les parasitoïdes : leur fournir les ressources
alimentaires nécessaires, à proximité du
champ. “Pour ceux qui, en plus des ravageurs,
se nourrissent de nectar, la lutte biologique peut
se résumer à planter les fleurs adéquates dans les
haies ou en bordure des champs”, note Anne-
Marie Cortesero. Cette méthode semble
plus intéressante pour les agriculteurs “bio”,
qui cherchent à modifier le moins possible
leur environnement. Ainsi, avec le développement
de l’agriculture biologique, et fin
2007, l’interdiction totale des principaux
pesticides utilisés contre la mouche du
chou (notamment à cause de leur trop forte
toxicité), les parasitoïdes semblent avoir de
beaux jours devant eux. ■ A.V.
(1) Anne-Marie Cortesero est responsable de l’équipe “Écobiologie des
insectes parasitoïdes” à l’Université de Rennes 1.
Contact➜Anne-Marie Cortesero, tél. 02 23 23 61 59,
anne-marie.cortesero@univ-rennes1.fr
Dans son laboratoire, Anne-Marie Cortesero
élève des mouches du chou, dont les larves sont
friandes de racines de crucifères. Ici, elles
se gavent de navets.
Le coléoptère Aleochara, l’un des ennemis naturels de la mouche du chou en train de croquer un oeuf de ce ravageur.
Sonia Dourlot/Université de Rennes1 Alice Vettoretti
Lutte biologique : la stratégie s’affine
Attirer les insectes utiles... par des odeurs
Dossier
Des chercheurs de l’Inra et la Chambre
régionale d’agriculture se sont associés
pour développer un logiciel capable
d’évaluer l’impact environnemental d’une
exploitation. Les premiers tests réalisés
en Ille-et-Vilaine confirment l’intérêt de la
“bio”.
“Sur une majorité de critères - hormis les
émissions de gaz à effet de serre et la
surface exploitée - l’agriculture biologique
obtient de meilleurs résultats que les modes de
production conventionnels.” Ces conclusions
ont été obtenues grâce à un nouvel outil
informatique qui permet d’évaluer l’impact
environnemental d’une exploitation en fonction
de six critères comprenant l’utilisation
des ressources naturelles : énergie fossile
et surface agricole, et les émissions : gaz à
effet de serre, nitrates, phosphore, métaux
lourds..., dans l’air, l’eau et le sol. Développé
par des chercheurs de l’Inra en collaboration
avec la Chambre régionale d’agriculture(1), le
logiciel Eden a été testé sur soixante exploitations
laitières depuis l’automne 2006, dont
quatorze en biologique. Françoise Roger,
l’une des responsables du projet compte
bien tirer profit de ces résultats. “Nous allons
pouvoir les utiliser pour défendre la fiabilité de
l’agriculture biologique sur le plan environnemental.
Nous commençons à en parler aux
équipes de conseillers qui suivent les agriculteurs
et des articles sont en préparation, notamment
pour le journal agricole.”
Un diagnostic rapide
Les arguments solides issus de cette
étude pourraient convaincre les agriculteurs
conventionnels d’adopter quelques
méthodes “bio”, et certains veulent déjà
faire évaluer leur exploitation.
L’idée nouvelle est de prendre en compte
toutes les étapes d’une production - laitière
lors des tests - , de l’énergie dépensée pour
alimenter et traire les troupeaux, à l’utilisation
de fertilisants, qu’ils soient chimiques
ou naturels. Une innovation nécessaire car
l’étude des paramètres pris séparément
donne des résultats incomplets. D’autant
plus en agriculture biologique où les
exploitants jouent constamment sur les
équilibres naturels. Par exemple, “le compostage,
très utilisé en agriculture “bio”, émet de
l’ammoniac, un gaz polluant. Mais cet effet
négatif est compensé par la non-utilisation d’engrais
de synthèse, explique Christian Walter,
professeur en sciences du sol à
Agrocampus Rennes. L’agriculture biologique
est un système qu’il faut raisonner de façon
globale”, ajoute-t-il. Mais réaliser une
évaluation environnementale “à la main”
peut prendre des années. Aujourd’hui, une
demi-journée sur le terrain suffit pour
relever des données (quantité d’engrais,
surface de production...). Le logiciel génère
ensuite les indicateurs. “Cela révèle les points
faibles d’une exploitation
et permet de donner des
conseils aux agriculteurs,
ajoute Hayo van der
Werf, qui a participé à
sa conception. Par
exemple, aux fermes
biologiques qui produisent
beaucoup de compost, on
peut simplement suggérer de le bâcher pour
limiter la propagation d’ammoniac dans l’air.”
Même s’il faudra attendre plusieurs
années avant de pouvoir constater sur le
terrain les répercussions de cette étude, nul
doute qu’elle devrait avoir sa place dans le
développement d’une agriculture “bio” déjà
bien implantée dans la région. ■ C.D.
(1) L’Inra et la Chambre régionale d’agriculture de Bretagne se sont
associés dans le cadre du groupement d’intérêt scientifique
Agrotransfert.
Contacts➜Hayo van derWerf,
hayo.vanderwerf@rennes.inra.fr
➜Françoise Roger,
francoise.roger@ille-et-vilaine.chambagri.fr
Un logiciel pour calculer l’impact environnemental
Quatorze exploitations “bio” testées
DES ACTEURS
■Inter Bio Bretagne. Née en 1995, Inter Bio Bretagne (IBB) est une
association qui regroupe tous les opérateurs de la filière agrobiologique
bretonne : agriculteurs, chefs d’entreprise agroalimentaire,
distributeurs, consommateurs, conseillers techniques, chercheurs et formateurs.
En Bretagne, IBB coordonne près de 60 actions d’expérimentation et de
recherche en élevage, légumes et grandes cultures pour répondre aux besoins
des producteurs biologiques. Les résultats de ces expérimentations font l’objet
de publications. Rens.➜ www.interbiobretagne.asso.fr
■ Le Grab. Basé à Avignon, le Groupement de recherche en agriculture
biologique (Grab) est le seul centre de recherche dédié à l’agriculture
biologique en France. Rens.➜ http://grab.agriculturebio.org
SORTIR
■ Viv’Expo et Ille & Bio. Habitat écologique, santé,
alimentation, environnement, développement durable,
loisirs verts..., de nombreuses animations (conférences,
ateliers) et démonstrations (pôle professionnel) sont au
programme de ces deux rendez-vous “bio”.
Ille & Bio à Guichen, les 13 et 14 octobre.
Rens.➜ www.illeetbio.org
Viv’Expo à Rennes, du 30 novembre
au 2 décembre (parc des expositions).
Rens.➜ www.vivexpo.com/index.html
Pour en savoir plus
Hayo van derWerf.
Céline Duguey
En agriculture biologique les exploitants jouent constamment sur les équilibres naturels.
DR
DR
16 247/OCTOBRE 2007
Les limites des pesticides chimiques
poussent parfois l’agriculture conventionnelle
à entreprendre des recherches sur
des méthodes plus naturelles où la “bio”
est une condition d’expérimentation
parmi d’autres.
Moutarde contre champignon... Un
combat suivi de près par les producteurs
de betteraves à sucre. D’un côté le
rhizoctone, champignon qui momifie ses
victimes et fait des ravages chez les betteraves.
De l’autre, la moutarde, une plante
aux vertus assainissantes. C’est-à-dire
qu’elle produit des molécules toxiques
pour le rhizoctone, et pour d’autres champignons
comme le piétin échaudage, qui
attaque le blé. Autre avantage de cette
plante, elle peut s’intégrer dans le cycle de
production de la betterave sucrière. Cette
dernière est souvent cultivée en alternance
avec du blé, laissant les champs à nu de
juillet à mars, bien plus de temps qu’il n’en
faut à la moutarde,
semée en août et
récoltée en octobre.
Reste à décrypter son
mode d’action. “Deux
hypothèses sont à l’étude,
explique Natacha
Motisi, en thèse à l’Inra
de Rennes(1), pour l’instant,
on sait qu’il est
possible de produire des molécules toxiques en
broyant des résidus de moutarde. Cela brise les
cellules de la plante et met en contact une
enzyme avec une molécule appelée précurseur.
En présence d’eau, l’action de la première sur la
seconde produit les molécules toxiques, par un
phénomène d’hydrolyse.” D’où un premier
protocole à l’essai : broyer la plante
lorsqu’elle est en fleur, enfouir le broyat
dans les dix premiers centimètres du sol, et
arroser. “On cherche également à savoir si la
plante émet pendant sa croissance des molécules
toxiques par les racines”, ajoute la jeune
chercheuse. Des hypothèses testées sur des
parcelles d’expérimentation grandeur
nature, à Dijon. Les résultats sont encore
incertains : “L’année dernière, la moutarde
avait eu un effet non négligeable. Mais cette
année, le temps humide a été très apprécié par
les champignons et j’ai l’impression que les
résultats seront moins probants”, ajoute-t-elle.
Tous les chemins mènent à la “bio”
Pourtant les conclusions de l’étude sont
attendues avec impatience par l’Institut
technique de la betterave, qui a proposé ce
sujet de recherche à l’Inra.
Car aujourd’hui, il n’existe aucun traitement
pour lutter contre le rhizoctone. Le
recours à une méthode sans produit
chimique relève plus de la nécessité que de
la volonté de rallier l’agriculture biologique.
D’ailleurs des recherches sont également en
cours pour développer des produits phytosanitaires
efficients pour protéger les betteraves.
Selon Bruno Mille, ingénieur d’étude
dans le même laboratoire, “le respect de l’environnement,
une agriculture durable, mais
aussi la durabilité des pesticides eux-mêmes, car
leur utilisation systématique les rend moins efficaces,
sont d’autres raisons qui poussent l’agriculture
conventionnelle à faire des recherches
proches des techniques utilisées en «bio».” Luimême
travaille depuis trois ans à réduire
l’emploi de fongicides sur le blé.
L’agriculture biologique représente pour lui
un cas extrême de non-utilisation de pesticides,
des conditions d’expérimentation
parmi d’autres. Ainsi, Bruno Mille teste différents
choix de culture adaptés à chaque
objectif de production, intensif ou raisonné :
“Rotation, choix de la variété, labour ou nonlabour,
semis précoces ou tardifs, réduction de la
fréquence d’utilisation de produits fertilisants...
On peut alors composer différents itinéraires
techniques - différentes combinaisons de choix -
et trouver celui qui permet de limiter la dépendance
aux fongicides.” Agriculture biologique
et agriculture conventionnelle, bataille ou
échange de bons procédés ? ■ C.D.
(1) UMR Bio3P : Biologie des organismes et des populations appliquée à
la protection des plantes.
Contacts➜Natacha Motisi, tél. 02 23 48 57 11,
natacha.motisi@rennes.inra.fr,
➜Bruno Mille, tél. 02 23 48 51 81,
bruno.mille@rennes.inra.fr
Des pistes pour l’agriculture biologique
La moutarde sauvera-t-elle
la betterave sucrière?
Une plante de moutarde.
À LIRE La bibliographie de la Bibliothèque
de Rennes Métropole
■ Une agriculture pour le XXIe siècle : manifeste
pour une agronomie biologique. Un ingénieur agronome
se penche sur les fondements historiques de l’agriculture
biologique et sur les idées qui la font vivre aujourd’hui.➜Matthieu
Calame. Paris : Éditions Charles Léopold Mayer, 2007.
■ Passions bio : des produits, des hommes, des
savoir-faire. Une journaliste spécialisée dans le domaine de
l’agriculture écologique dresse le portrait de vingt producteurs
biologiques. On y découvre les vertus des sols préservés et les
principes du maraîchage, de l’élevage, de l’apiculture, de la
panification ou de la viticulture... biologiques ! ➜ Pascale Solana.
Paris : Aubanel, 2006.
■ Biofil : la revue agricole de la filière bio. Chaque
numéro de cette revue bimestrielle comprend un dossier spécial
et deux rubriques, “élevage” et “culture”, qui apportent des
réponses techniques et pratiques propres à la filière “bio”
(prophylaxie, réglementation...).
■ Agriculture biologique : enjeux économiques et
éthiques. Ce projet d’ingénieur élaboré par les étudiants
d’Agrocampus (option économie rurale et politiques publiques)
en février 2007, sera prochainement téléchargeable à l’adresse
www.agrocampus-rennes.fr/scripts/fr/Cequipe/erg/perso/
DominiqueVermersch.php#haut
Pour tirer profit desmolécules toxiques produites
par la moutarde, le premier tracteur arrache et
broie la plante, le second l’enfouit sous quelques
centimètres de terre.
Natacha Motisi.
Céline Duguey
DR
DR
Aubanel Éditions Charles Léopold Mayer
DR
Le mois prochain : L’énergie
17 247/OCTOBRE 2007
➜Grand angle
18 247/OCTOBRE 2007
Les affleurements des côtes armoricaines
séduisent le géologue américain
Air du large et ère primaire
au menu de Bilal Haq
Depuis avril dernier, l’Ifremer de Brest
accueille dans ses murs, Bilal Haq,
l’une des grandes figures mondiales de
la géologie marine(1). Un séjour d’une
année que le chercheur américain
souhaite mettre à profit pour explorer
une période méconnue de l’histoire de
notre planète : le paléozoïque(2).
Sciences Ouest : Pourquoi
avoir choisi de séjourner un
an à Brest ?
Bilal Haq : J’ai souhaité venir
à l’Ifremer, car cet organisme
océanographique fait partie
des trois grands organismes
de ce type en Europe de
l’Ouest, avec Bremerhaven
en Allemagne et Southampton en Angleterre.
Comme l’occasion se présentait, j’ai
pris une année sabbatique pour venir
travailler avec mes collègues français. Par
ailleurs, le fait d’être à Brest me permet de
rencontrer d’autres chercheurs bretons, des
géologues brestois et rennais notamment,
dont les connaissances me sont très utiles
pour mes propres recherches.
S.O. : Justement, quels sont les objectifs
de vos travaux actuels ?
B.H. : Je m’intéresse, en ce moment, de très
près à une ère géologique de notre planète,
comprise entre - 540 et - 250 millions d’années,
que l’on nomme paléozoïque ou ère
primaire. Cette période correspond au
premier ensemble stratigraphique des
temps fossilifères. Actuellement, j’achève
une grande synthèse des courbes des
niveaux marins de cette période qui permet
de suivre l’évolution du niveau des océans
et d’identifier les grands évènements climatiques
qui ont eu lieu alors. Ce type d’étude
intéresse au plus haut point les compagnies
de pétrole et de gaz qui utilisent ces courbes
pour rechercher des réservoirs pétroliers.
S.O. : Avez-vous trouvé des éléments
intéressants sur les plages bretonnes ?
B.H. : Mon séjour en Bretagne va me
permettre de compléter l’ensemble des
observations que j’effectue depuis trois ans
sur cette période. J’ai déjà réalisé quelques
sorties sur le terrain du côté de la presqu’île
de Crozon où l’on trouve de très beaux
affleurements datant justement du paléozoïque.
En fait, pour pouvoir
réaliser une étude exhaustive
d’une ère géologique
aussi étendue que le
paléozoïque, il faut
effectuer des prélèvements
dans le monde
entier car à l’époque,
l’allure générale du
globe était tout autre
qu’aujourd’hui. À la fin de
la période par exemple, la Terre
n’était composée que d’un seul supercontinent
appelé Pangée. Les écosystèmes
marins et terrestres étaient eux aussi
très différents. Quant au niveau de la mer,
il a connu des variations allant jusqu’à
200 mètres à cause des glaciations permanentes
durant la période.
S.O. : Quelles impressions conserverezvous
de votre séjour dans la région ?
B.H. : Outre la qualité de ses infrastructures
de recherche, la Bretagne est une très belle
région et j’ai de la chance car je loge au
Trez-Hir, tout près de la plage ! En fait, je
connaissais déjà la France, notamment
Paris, où j’ai effectué des recherches par le
passé. Mais, j’avoue que le calme qui règne
ici est beaucoup plus propice au travail. Il
n’est d’ailleurs pas exclu que j’y revienne
peut-être durant ma retraite, pour poursuivre
mes prochains travaux qui porteront
sur le mésozoïque, une période un peu
moins lointaine que la précédente. ■
Propos recueillis par Christophe Blanchard
(1) Bilal Haq est directeur des programmes géosciences marines de la
National Science Foundation (NSF), l’équivalent américain du CNRS.
(2) Le paléozoïque est subdivisé en 6 périodes : le cambrien, l’ordovicien,
le silurien, le dévonien, le carbonifère et le permien.
Contact➜bhaq@nsf.gov
Bilal Haq.
Christophe Blanchard
Position des continents à 250 Ma à la fin du permien.
Exemple d'érosion due à l'action actuelle des vagues sur la presqu'île de Crozon. Retrouvé sur une zone
sédimentaire ancienne, ce genre d’érosion indique la position du rivage et donc du niveau marin de l’époque.
Bilal Haq
Modifié de Haq, 2006.
Espace des sciences
19 247/OCTOBRE 2007 www.espace-sciences.org
Le 16 octobre/Biodiversité,un nouveau regard
sur la diversité du vivant
La biodiversité, c’est quoi ? Bernard Chevassus, directeur
de recherches à l’Inra(1) et ancien président du Muséum
national d’histoire naturelle, nous explique ses divers
aspects. ■
Le 23 octobre/Les génomes
bactériens et l’origine de la vie
Antoine Danchin, directeur du
département Génomes et
génétique de l’Institut Pasteur,
nous emmène au coeur de la
cellule, pour comprendre le
“programme” qui la fait fonctionner : notre génome. ■
Le 30 octobre/Plongée dans les abysses
Poulpes à oreilles, créatures bioluminescentes...
Claire Nouvian, journaliste scientifique
et réalisatrice, a rassemblé des photos
inédites de ces organismes surprenants qui
vivent dans les abysses. Séance de dédicace
de son livre Abysses (Fayard, 2006) après la
conférence. ■
Le 6 novembre/Biodiversité et changements globaux
en Antarctique
Les régions polaires et subpolaires de l’hémisphère Sud
abritent une faune et une flore particulières, fragilisées par
le réchauffement climatique et le développement d’un
tourisme de masse. Une conférence d’Yves Frénot, directeur
adjoint de l’Ipev(2). ■
Rens.➜ Aux Champs Libres, salle Hubert-Curien, à 20h 30. Entrée libre.
Le 11 octobre/Musique et sciences :
les musiques assistées par ordinateur
En partenariat avec la Bibliothèque de
Rennes Métropole, pôle Sciences et
techniques. ■
Le 8 novembre/Sciences et
dépendances
Avec le docteur Claude Veideilhié, du département
Conduites addictives du centre hospitalier Guillaume
Régnier, à Rennes. ■
Rens.➜ Au Café des Champs Libres, à 18 h 30. Entrée libre.
Dans le cadre de la Fête de la science
Le 10 octobre/Les Supernovae -
Robert Mochkovitch. Le 12 octobre/La
“Machine” Terre : des faits géologiques
aux processus mis en jeu - Jean-Pierre
Brun. Le 14 octobre/Le développement
durable en question - Michel Clech.
Rens.➜ Amphithéâtre Yves-Laurent (IUT Gaco), à 20 h. Entrée libre.
Nathalie Blanc
Exposition
Illusions : c’est votre cerveau
le coupable!
“Notre perception du mouvement domine sur celle d’un objet fixe : les
illusionnistes utilisent cette propriété pour détourner notre regard. Mais
elle a aussi permis aux premiers hommes de mieux voir leurs prédateurs,
donc de survivre”, souligne Jacques Guichard, directeur du Palais de
la découverte, où a été conçue l’exposition “Illusions, ça trompe
énormément”. Souvent utilisées comme jeux, les illusions sont
bien plus que cela. Elles nous permettent de prendre conscience du
fonctionnement de notre cerveau et de la capacité de celui-ci à
mettre en conflit nos perceptions sensorielles : la vision, l’ouïe,
l’équilibre... Rendez-vous dans la maison penchée pour une
démonstration ! ■
Rens.➜ Retrouvez toutes les informations pratiques sur les animations et toute
l’actualité de l’Espace des sciences sur notre site Web : www.espace-sciences.org
Du 2 au 12 octobre/Festival des sciences
Deux semaines d’animations, expositions et
conférences dans toute la métropole rennaise. ■
Rens.➜ Retrouvez tout le programme sur notre site Web :
www.espace-sciences.org/expositions
Actualité
Du 8 au 14 octobre/Fête de la science
La Fête de la science, c’est reparti ! Rendez-vous dans les villages
des sciences, dans toute la Bretagne.
Lannion 12-13-14 (nouvelle date) octobre, Place Günsburg.
Brest 12-13-14 octobre, place de la Liberté.
Morlaix 11-12-13-14 octobre, place des Otages.
Rennes 12-13-14 octobre, place Hoche.
Lorient 12-13 octobre, parc Youri-Gagarine - rue Jean-Zay. ■
Rens.➜ Site national, www.fetedelascience.fr
À Rennes, www.espace-sciences.org/animations
Conférences
(1) Inra : Institut national de la recherche agronomique. (2) Ipev : Institut polaire français Paul-Émile-Victor.
DR
DR
Fayard
Au Pays de Morlaix
European Southerm Observatory
Café des sciences
Jardin moderne
aaggeennddaa
20 247/OCTOBRE 2007
■Colloques
18 et 19 octobre/
Les énergies de la mer
■ Brest - Quels sont les défis à relever
pour exploiter les phénomènes naturels
des mers et des océans ? Quelle place
pour les énergies renouvelables de la
mer ? Ces questions seront au coeur
des entretiens Sciences et éthique. Les
16 et 17 octobre, les entretiens Science
et éthique junior permettront aux plus
jeunes de participer à des animations,
des ateliers autour du changement
climatique, des problèmes énergétiques...
Rens.➜Brigitte Bornemann-Blanc,
tél. 02 98 41 46 05,
brest@3bconseils.com,
www.science-ethique.org
25 octobre/Motorola en France
et dans le monde
■ Rennes - L’Espace des
technologies innovantes
(campus de Beaulieu) accueille cette
matinale pour faire découvrir les activités
du centre rennais de recherche et
développement de Motorola. À 8 h 30.
Rens.➜Rennes Atalante,
tél. 02 99 12 73 73,
technopole@rennes-atalante.fr,
www.rennes-atalante.fr
25 octobre/Nautisme et
développement durable
■ Lorient - Le développement
durable
dans le domaine du nautisme, c’est
le sujet de la seconde édition de ces
journées scientifiques et techniques.
L’usage, l’entretien et la gestion de la fin
de vie des navires de plaisance seront
abordés. Ils seront complétés par une
troisième session au mois de novembre
centrée sur l’énergie.
Rens.➜Tél. 02 97 88 23 23,
contact@eurolarge.fr, www.eurolarge.fr
Du 25 au 27 octobre/
Le salon des professionnels
de la mer
■ Lorient - La 7e édition
d’Itech’Mer va réunir les
professionnels de la
mer, les industriels de la pêche, les équipementiers
et les professionnels de la
maintenance. Plus de 140 exposants et
des visiteurs issus d’une trentaine de
pays sont attendus. Plusieurs conventions
professionnelles sur la sécurité et
la santé au travail des marins pêcheurs,
la nutrition et la santé, ainsi qu’un
colloque écolabellisation sont annoncés.
Rens.➜Itech’Mer, tél. 02 97 83 21 68,
contact@itechmer-lorient.com
Du 26 au 28 octobre/
Les rendez-vous
de l’éconavigation
■ Douarnenez - Dans une logique de
développement durable, l’éconavigation
vise à proposer des alternatives
écologiques concernant les bateaux,
l’aménagement et l’accueil portuaire.
Gratuite, cette première rencontre organisée
par l’association De Navigatio
invite tous les usagers de la mer, plaisanciers
amateurs comme professionnels,
à venir réfléchir à des solutions
pour préserver l’environnement maritime.
Rens.➜Hervé La Prairie,
tél. 09 52 65 29 29,
Julian Stone, tél. 06 76 47 07 47,
contact@denavigatio.com
Du 6 au 8 novembre/
Sécurité des systèmes
d’information
■ Rennes - Ce colloque,
organisé par le Centre
électronique de l’armement
(Celar), propose
cette année un tour d’horizon de la
cryptographie : nouveaux usages et
nouveaux défis.
Rens.➜Élisabeth Dorion,
tél. 02 99 42 91 44,
elisabeth.dorion@dga.defense.gouv.fr,
www.rennes.supelec.fr/CESAR/
7 et 8 novembre/
Champignons
microscopiques
■ Brest et Landerneau - Au programme
des rencontres du savoir-faire, une
journée de réflexion sur “bois et champignons
microscopiques” à Brest,
une autre sur
“la filière agroalimentaire
et
les champignons
microscopiques”
à Landerneau.
Une conférence
grand public sur
le thème “habitat-santé et champignon
microscopique” est proposée le
mercredi soir à l’UBO (Brest).
Rens.➜Adet, tél. 02 98 30 33 22,
adet@adet.fr
Du 18 au 23 novembre/
Les doctoriales
■ Vannes - Temps de rencontre
entre les jeunes doctorants et les
acteurs du monde socio-économique,
les doctoriales permettent également
de présenter
les recherches
menées en Bretagne.
Originalité
2007 : dix doctorants
québécois
seront présents,
donnant pour la
première fois une
couleur internationale à ce colloque.
Rens.➜Nathalie Bourgougnon,
tél. 33 2 97 01 71 55,
nathalie.Bourgougnon@univ-ubs.fr
Du 20 et 22 novembre/
Protection de la
biodiversité marine
■ Boulogne-sur-Mer - Quelle politique
et quelles actions en France ? Pour
répondre à cet enjeu, le Comité français
de l’union mondiale pour la nature
(UICN) organise le premier colloque
national sur les airesmarines protégées.
Le congrès proposera un état des lieux
complet de la situation et des recommandations
pour la mise en oeuvre
d’une stratégie nationale sur les aires
marines protégées.
Rens.➜Catherine de Noter,
tél. 03 21 30 99 99,
catherine.denoter@uicn.fr
21 et 22 novembre/Salon
de la filière automobile
de l’Ouest
■ Rennes - L’édition
2007 du Sifao (Salon
de la filière automobile
de l’Ouest) souhaite démontrer
les atouts de l’Ouest dans le secteur
automobile. Elle se tiendra à l’Insa de
Rennes.
Rens.➜Bernadette Magny,
info@sifao.com, www.sifao.com
22 novembre/Les objets
communicants
■ Lanvéoc (29) - Pour la 6e édition de
ces rencontres autour des technologies
de la mobilité, le Technopôle Brest Iroise
a choisi d’orienter les discussions sur
les objets communicants à destination
du grand public, des industriels et des
militaires. Les professionnels pourront
se rencontrer lors de conférences et
d’ateliers.
Rens.➜Jean-Luc Fleureau,
tél. 06 63 00 86 98,
www.tech-brest-iroise.fr
Du 23 au 26 novembre/
Colloque sur les requins
■ Brest - Tous les passionnés
sont conviés à ce 11e congrès
annuel de l’European Elasmobranch
Association qui aura pour
thème général : biodiversité, pêche,
protection et conservation des poissons
cartilagineux (requins, raies, chimères).
Rens.➜Armelle Jung,
armelle.jung@asso-apecs.org,
www.asso-apecs.org
ADRIA ■ 20 et 21 novembre, Nantes/Les fondamentauxen
biochimie alimentaire■27 et 28 novembre, Rennes/Outils
statistiques pour la maîtrise des procédés en IAA Rens.➜ Séverine
Pierre, tél. 02 98 10 18 61, severine.pierre@adria.tm.fr, www.adria.tm.fr
■ 14 novembre, Vannes/Mise en oeuvre des
extraits végétaux pour la formulation Rens.➜ Ghislaine Bouesnard,
tél. 02 97 47 97 32, sales@archimex.com, www.archimex.com
CEDRE ■ 12 au 14 novembre, Brest/Formation à la
lutte contre les pollutions chimiques Rens.➜ Centre de
documentation de recherche et d’expérimentations,
tél. 02 98 33 10 10, www.cedre.fr
IRPA ■ 13 et 14 novembre, Carhaix (29)/Préserver ou
recréer les corridors écologiques ■ 27 et 28 novembre,
Loudéac (22)/Les fonctions du bocage aujourd’hui
Rens.➜ Institut régional du patrimoine, tél. 02 99 79 39 31, www.irpabretagne.
org
■Formations
Beluga Skysails Vorschiff
DR
DR
21 247/OCTOBRE 2007
■Conférences ■Expositions
Jusqu’à fin 2007/Grand-père,
raconte-moi la pêche
■ Le Guilvinec (29) -
La nouvelle exposition
proposée par l’espace
découverte de la pêche
en mer, Haliotika,
retrace 50 ans d’aventure
humaine et l’évolution
du métier de
pêcheur à travers des
documents, des objets et des vidéos.
Rens.➜Philippe Gredat,
tél. 02 98 58 28 38,
www.leguilvinec.com
Jusqu’à fin 2007/
Libellules, entre ciel et eau
■ Nantes - Cette exposition nous
présente la libellule comme un animal
inoffensif et extraordinaire.
Le péristyle s’affiche
■ Alice Guilbaud expose des photographies
grand format qui vous invitent à
une promenade pittoresque et inattendue
le long de la Sèvre nantaise.
Rens.➜Muséum d’histoire naturelle
de Nantes, tél. 02 40 99 26 20,
www.museum.nantes.fr
Jusqu’à fin 2007/Soleil,
mythes et réalités
■ P l e u m e u r -
Bodou - Il a inspiré
les poètes, attisé
la curiosité des
savants, réglé la vie en communauté.
Vénéré par les Anciens, il fait
aujourd’hui courir les vacanciers et rêver
les chercheurs qui voient en lui une
source inépuisable d’énergie. Le Soleil
brille de tous ses feux pendant toute
l’année 2007 à la Cité des télécoms.
Rens.➜www.cite-telecoms.com
Jusqu’en mars 2008/Voyages
aux pôles
■ Brest - Découvrir
les paysages et
la faune de l’Arctique
et de l’Antarctique, entrer à l’intérieur
d’une cabane des premiers
explorateurs du Groenland, assister à
une scène de plongée sous la
banquise… C’est un véritable voyage
aux pôles que propose Océanopolis
avec cette nouvelle exposition proposée
dans le cadre de l’année polaire. Treize
conférences, un festival du film d’aventure
et des activités ludiques sont
programmés jusqu’à la fin de l’année.
Rens.➜www.oceanopolis.com
La vallée des papeteries
■ Belle-Isle-en-Terre - Deux artistes ont
suivi pendant trois ans la rénovation de
la vallée des papeteries et exposent
leurs oeuvres sur le site désormais
ouvert au public. De leurs observations
sont nés un Carnet de chantier dans
lequel Gildas Chasseboeuf présente ses
croquis et un projet photographique
“entre passé et présent” réalisé par
Isabelle Vaillant.
Rens.➜Office du tourisme de Belle-
Isle-en-Terre, tél. 02 96 43 01 71.
Journée 2007 de l’association Ada-France
■ L’association Ada-France invite les acteurs de la communauté des systèmes
embarqués temps réel critique, du monde académique et du monde industriel à venir
présenter leurs expériences dans ce domaine lors d’une journée organisée à l’ENSTBretagne
(Brest) le 6 décembre. Sont sollicitées des présentations décrivant des
expérimentations d’outils, de modèles et/ou de méthodes utilisées ou susceptibles
d’être utilisées pour la réalisation de systèmes embarqués temps réel critique.
Les domaines applicatifs ciblés par cette journée sont, entre autres, l’avionique,
l’automobile, les télécommunications, la robotique...
Les propositions devront être adressées avant le 20 octobre à Frank Singhoff.
Rens.➜Frank Singhoff, singhoff@univ-brest.fr, www.ada-france.org
Pôle Images et réseaux
■ Le pôle de compétitivité breton “Image et réseaux” lance un appel à propositions
aux PME-PMI adhérentes qui souhaitent monter, en tant que chef de file, un projet
associant au moins trois partenaires dont un établissement de recherche. Les projets
devront répondre aux règles de labellisation du pôle et satisfaire à ses orientations
stratégiques. Ceux incluant la création ou l’utilisation de contenus seront
particulièrement appréciés. L’appel est ouvert jusqu’au 31 décembre.
Rens.➜Pierre Trémenbert, tél. 02 29 00 15 03,
pierre.tremenbert@enst-bretagne.fr, www.images-et-reseaux.com
■Appels à projets
Jusqu’au 23 octobre/
Les rendez-vous du
développement durable
■ Cette manifestation organisée par le
Conseil général des Côtes-d’Armor invite
les citoyens à se former et s’informer sur
le développement durable. À cette occasion,
les cinémas de Loudéac, Rostrenen,
Quintin, Plestin-les-Grèves et Callac organisent
la projection de films documentaires,
parmi lesquels : Une Vérité qui
dérange et Notre pain quotidien.
Rens.➜www.cotesdarmor.fr
Du 23 au 25 octobre/
Armorhistel fête ses 15 ans
■ Rennes - Pour son anniversaire,
l’association armoricaine de recherche
historique sur les télécommunications
organise les journées du patrimoine et
des technologies de l’information et
de la communication. L’école Supélec
accueille à cette occasion une exposition
sur les télécommunications en Bretagne,
de 12 h à 14 h et de 16 h à 19 h.
Rens.➜armorhistel@wanadoo.fr,
tél. 02 99 55 71 10.
27 octobre/Safari des bords
de mer
■ Départ à 13 h place de
Robien à Saint-Brieuc, à 14 h
parking port des Hôpitaux à Erquy.
Rens.➜VivArmor, tél. 02 96 33 10 57,
vivarmor@wanadoo.fr,
http://assoc.orange.fr/vivarmor/
Jusqu’au 31 octobre/Désir
de sable
■ Saint-Jacques-de-la-
Lande - Dans le cadre du
festival Lire en fête, la
médiathèque Lucien-Herr
appelle à un voyage dans
le désert à travers des activités
diverses. Une exposition consacrée
à Théodore Monod sera présentée
et une soirée musicale et gourmande
est organisée le 19 octobre avec la
projection d’un film sur la résistance des
Touaregs. Mais aussi des ateliers d’écriture,
présentation de livres...
Rens.➜Médiathèque Lucien-Herr,
tél. 02 99 31 18 08,
equipe@mediatheque-lucien-herr.fr,
www.mediatheque-lucien-herr.fr
■Sorties
23 octobre/Concevoir aujourd’hui un navire de course au large
■ Lorient - Vincent Lauriot-Prevost, architecte naval et cogérant d’une agence
spécialisée dans la conception de multicoques, vous révélera les secrets qui
permettent à ces oiseaux des mers d’aller toujours plus vite.
Rens.➜CCSTI de Lorient “Maison de la mer”, tél. 02 97 84 87 37,
www.ccstilorient.org
23 octobre/Attention les yeux
■ Rennes - Cataracte, dégénérescence maculaire liée à l’âge, glaucome seront
abordés par le professeur Charlin et les docteurs Guyomard et Heusse. Dans le cadre
des mardis santé du CHU. À 18 h amphithéâtre Bretagne de l’espace congrès de
l’hôpital Ponchaillou.
Rens.➜www.chu.rennes.fr
6 novembre/Lesmanchots et les secrets des pôles
■ Brest - Une conférence donnée par Gérard Jugie, directeur
de l’Institut polaire français Paul-Émile-Victor (Ipev).
Rens.➜Océanopolis, tél. 02 98 34 40 40,
oceanopolis@oceanopolis.com, www.oceanopolis.com
6 novembre/Biodiversité des libellules des Antilles
■ Nantes - Odonates, c’est l’autre nom donné aux libellules. Pour accompagner
l’exposition qui présente la vie de ces insectes, le Muséum d’histoire naturelle de
Nantes a invité François Meurgey, entomologiste à venir parler des espèces qui
peuplent les Antilles. À 20 h 30 dans l’amphithéâtre du muséum. Entrée libre.
Rens.➜Muséum d’histoire naturelle de Nantes, tél. 02 40 99 26 20,
www.museum.nantes.fr
Pour paraître dans le prochain
➜Tél. 02 23 40 66 66 ➜Fax 02 23 40 66 41
nathalie.blanc@espace-sciences.org
DR
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Océanopolis
Océanopolis
Organic farming - is it an
environmental necessity? A
benefit for public health? A fad? A lifestyle?
An area of research? After years of
industrialisation and a few technological
setbacks, Man has rediscovered Nature.
“Nature is back in the spotlight as a moral and
technical issue. It is becoming a model for us to
imitate,” explains Dominique Vermersch,
Professor of Economics and Ethics at
Agrocampus-Inra Rennes. This return to
nature, however, is not simple. “Organic
farming” upsets people. Economically,
culturally and even in research laboratories,
working on “organic production” was not
recognised in the late 1990s. Inra, for
example, has only been funding research
into organic agriculture since 2001.
Today, the projects are growing like wildfire.
At the Inra Centre in Rennes, researchers
have recently developed two new strains of
wheat. They have adapted old varieties of
vegetables such as cabbages so that they
appeal to today’s consumers. All this has
been done with organic farming methods in
mind. Other researchers working on soil,
the interactions between soil and plants
or organic pest management, do not
necessarily see organic farming as an end in
itself but as one experimental condition
among others, one that opens whole new
pathways. Organic farmers pay a great deal
of attention to the results of research. In
Brittany, their questions are taken on board,
especially through Inter Bio Bretagne (IBB),
leading to experiments often carried out
with the Regional Chamber of Agriculture.
As to consumers, they are enthusiastic,
even if the reason for which they claim to
buy “organic products” (because they’re
better for their health) is still open to
discussion. There are many issues involved
in the organic farming sector but its success
may well be encouraged by questions
relating to the environment, the economy
and the need to conserve energy. Eating
“organically” is good for the environment -
and that’s definitely a step in the right
direction! ■
(1) The molecular photonics team from the Synthesis and Organic
Electrosynthesis (SESO) laboratory.
22 247/OCTOBRE 2007

These abstracts in English are sent to foreign universities that have links with Brittany and to the Scientific Advisers in
French Embassies, in an effort to widen the availability of scientific and technical information and promote the research
carried out in Brittany. If you would like to receive these abstracts on a regular basis, with a copy of the corresponding issue
of Sciences Ouest, please contact Nathalie Blanc, Editor, fax +33 2 23 40 66 41, E-mail: nathalie.blanc@espace-sciences.org
Brittany Regional Council
is providing financial backing
for this service.
Research and innovation in Brittany
Abstracts for the international issue
OCTOBER 2007 ■ N°247
FEATURE P.9/17 “Organic farming”, back to nature?
SPOTLIGHT ON THE NEWS P.6/7
Nanosciences: Changing
dimensions in Brittany
Nanosciences are becoming involved in
many sectors and they are the subject of
global competition, especially in medicine.
A team from the SESO laboratory (Synthesis
and organic electrosynthesis(1)) in the
University of Rennes 1 has registered a
patent on new-generation luminous
markers for use in medical imaging. Over
the past few years, nanometric markers have
been studied as a possible means of
lighting the interior of a living organism.
Some are already available on the market
but they contain toxic metals whereas
Seso’s nanocrystals provide as much light
without the disadvantage of heavy metals.
Moreover, their brilliance does not depend
on their colour or size. This innovation,
which has been developed jointly with a
laboratory in Toulouse, is expected to enjoy
a wider field of application in the future
because the team is involved in a project for
the early detection of tumours, with the
ANR, the Association for Neurofibromatosis
and Von Recklinghausen’s disease.
Nanoscientific discovery may even be useful
in sectors such as photovoltaic cells or the
displays on computer monitors. In fact,
electronics remains one of the main sectors
for the use of nanosciences. In Brittany, it is
the telecom sector that benefits, thanks to
the work of researchers in Rennes, Brest and
Saint-Brieuc. Within the joint Discotec
research programme, they are studying thin
layer materials with thicknesses of 10 nm
to 1um. The aim is to build configurable
components that will keep up with
technological developments. “By applying an
electric current to the material of a component
researched and produced here, we can change one
of its characteristics,” explains Arnaud-Gides
Moussavou, one of the three Ph.D students
working on the Discotec project. “Its atoms
move and the circuit engraved on the material is
modified!” This has been made possible
thanks to the multidisciplinary approach of
the project which involves chemists and
electronics engineers, extending its scope
from “the formatting of the material to the
building of the device.” All this in order to
invent the telephones of the future! ■
SPOTLIGHT ON THE NEWS P.8
Biodiversity: fallow land to save
butterflies
Faced with the disappearance of butterflies
in Côtes d’Armor (a drop of 25% since the
1920s), the Vivarmor Nature Association has
launched a “Butterfly Rescue Shelter”
operation. Butterflies are indicators of
biodiversity, existing at the bottom of the
food chain, and they have fallen victim to
the massive use of pesticides and the
disappearance of the fallow land that
preserved the biodiversity they need for
reproduction. The 170 shelters in Côtes
d’Armor are areas of land left uncultivated,
covering more than 160 hectares. The
scheme is gaining strength thanks to the
work of the group studying invertebrates in
Brittany which includes 150 naturalists from
Western France. A further 66 shelters have
been set up outside Côtes d’Armor.
Furthermore, an association called Noé
Conservation would like to expand the
initiative on a national level. This is a
necessity because the problem extends
beyond the borders of Brittany. Over the past
14 years, Europe’s grasslands have seen a
50% fall in the number of butterflies. ■
23 247/OCTOBRE 2007
■ Tarif normal : 2 ANS 54€ (au lieu de
66€*) soit 4 numéros gratuits / 1 AN
30€ (au lieu de 33€*) soit 1 numéro
gratuit ■ Tarif étudiant (joindre un
justificatif) : 2 ANS 27€ (au lieu de
66€*) soit 13 numéros gratuits / 1 AN
15€ (au lieu de 33€*) soit 6 numéros
gratuits ■ Tarif étranger ou abonnement
de soutien : 2 ANS 76€/ 1 AN 50€
L’info
scientifique
et technique
du grand Ouest
souhaite un abonnement de :
1 AN (11 NOS Sciences Ouest)
2 ANS (22 NOS Sciences Ouest)
Tarif normal
Tarif étudiant (joindre un justificatif)
Tarif étranger ou abonnement
de soutien
Bulletin d’abonnement et chèque à l’ordre de l’Espace
des sciences, à retourner à : Espace des sciences,
Les Champs Libres, 10, cours des Alliés, 35000 Rennes.
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